Aptérygotes
Insectes primitifs ne possédant pas d’ailes et dont le développement se déroule sans métamorphoses.
Introduction
Les Aptérygotes forment la moins nombreuse et la plus discrète des deux sous-classes d’Insectes : à peine 2 000 espèces actuellement décrites, presque toutes de taille inférieure à 1 cm. Mais on les trouve dans tous les milieux et sur tous les continents.
Le groupe est loin d’être homogène, et on y distingue quatre ordres : Thysanoures, Diploures, Protoures et Collemboles.
Thysanoures
Ils sont sans doute les plus familiers, au moins par une forme, le « Petit Poisson d’argent » (Lepisma saccharina), au corps agile couvert de minuscules écailles brillantes, qui fréquente les lieux humides des habitations et se nourrit de substances organiques diverses (farine, papier, etc.). Cependant, la plupart des Thysanoures vivent dans le sol, les feuilles mortes et les mousses. Leur corps, allongé, porte, à l’avant, des pièces buccales broyeuses bien visibles ; ils doivent leur nom (thusanos, frange, et oura, queue) au fait que leur abdomen porte, sur la plupart de ses onze segments, des appendices styliformes et qu’il se termine par trois longs filaments (deux cerques et un filament médian).
Diploures
Ils ressemblent extérieurement aux Thysanoures, auxquels on les a longtemps réunis, par leur corps allongé, leurs antennes fines, leur abdomen à onze segments portant des styles et par le fait qu’on les trouve dans des biotopes semblables ; mais leurs pièces buccales sont enfoncées dans un vestibule, et leur abdomen se termine par deux cerques seulement, allongés chez Campodea, en pince chez Japyx ; d’autre part, ils sont dépigmentés et aveugles.
Protoures
Ils vivent dans les endroits humides ; la lenteur de leurs mouvements et leur petitesse (jamais plus de 2 mm de long) expliquent leur découverte tardive, en 1907 ; bien qu’ils semblent très répandus, ils sont encore peu connus. Leur organisation manifeste une régression certaine : trachées réduites ou nulles, tubes de Malpighi rudimentaires, pas d’yeux ni d’antennes (les pattes antérieures, tactiles, les remplacent). À l’éclosion, l’abdomen n’a que neuf segments ; il en acquiert trois autres au cours des premières mues ; ce caractère, exceptionnel chez des Insectes, rapproche les Protoures des Myriapodes. Les trois premiers anneaux de l’abdomen portent, ventralement, de petits appendices. Les Protoures paraissent se nourrir de liquides ; en tout cas, leurs pièces buccales sont allongées, comme chez les Insectes suceurs.

Collemboles
Ils ne sont guère plus grands que les Protoures et se rencontrent partout où l’humidité est suffisante, en particulier dans le sol, où ils jouent un rôle dans la formation de l’humus. Ils se rassemblent parfois en très grand nombre. Beaucoup sont capables de sauter, en détendant brutalement vers l’arrière leur furca, appendice abdominal replié sous le corps au repos et maintenu par le rétinacle ; le tube ventral, situé sous le premier segment et recouvert d’un enduit collant, sert d’organe adhésif. L’abdomen n’a que six segments, distincts chez Podura, en partie fusionnés chez Sminthurus. Les pièces buccales sont broyeuses. Certains organes ont subi une régression : antennes à quatre articles, pattes parfois à une seule griffe, pas d’yeux composés, ni de trachées, ni de tubes malpighiens.
On regroupe actuellement les Protoures, les Collemboles et les Diploures, dont les pièces buccales sont cachées dans la tête, en un super-ordre, les Entotrophes, qui s’oppose aux Ectotrophes, avec l’unique ordre des Thysanoures, aux pièces buccales visibles extérieurement.

Écologie
Si la grande majorité des Aptérygotes vit dans la terre, l’humus, les feuilles mortes, les mousses et les herbes basses, certains occupent des biotopes plus particuliers. Dans nos maisons, Thermobia domestica recherche des endroits plus chauds que Lepisma saccharina, forme voisine déjà citée. Deux Collemboles sont nuisibles aux cultures : Sminthurus viridis commet des dégâts sur la luzerne et la canne à sucre ; Hypogastra se développe sur le champignon de couche. Podura aquatica, Isotoma palustris, Collemboles également, flottent sur les eaux calmes, en groupes nombreux, tandis qu’Isotoma saltans pullule parfois sur les glaciers, qu’il recouvre par place de taches noires. Dans la zone de balancement des marées vivent diverses formes, comme Petrobius maritimus, Thysanoure brunâtre, et Anurida marina, Collembole de couleur bleutée. Certains Aptérygotes sont commensaux des Fourmis : Lepisma formicaria, Cyphodeirus albinos ; d’autres se trouvent dans les termitières. On connaît aussi des espèces cavernicoles.
L’extension géographique et écologique des Aptérygotes ne le cède en rien à leur ancienneté géologique ; en effet, le premier Insecte actuellement connu est un Collembole, Rhyniella præcursor, des vieux grès rouges du Dévonien moyen.
M. D.
L. Chopard, Atlas des Aptérygotes et Orthoptéroïdes de France (Boubée, 1947).
aptitude
Terme employé notamment en psychologie et en pédagogie pour désigner une caractéristique observable chez tous les individus, à des degrés différents. En fait, le terme peut être pris en trois sens distincts. Des confusions entre ces sens entraînent des discussions ou même des polémiques sur la nature des aptitudes, sur leur rôle en pédagogie et en orientation, sur l’intérêt des tests* mentaux, etc.
Niveau descriptif
Pour décrire des individus et leurs conduites, il est tout d’abord nécessaire de choisir les points de vue auxquels on entend se placer. Le problème est, formellement, le même que celui qui se pose pour la description d’un objet physique. Il convient de savoir quelles « dimensions » de l’individu et de ses conduites on entend décrire avec des mots ou avec des nombres.
La philosophie a essayé d’offrir un cadre descriptif de ce genre, dérivé de la théorie des « facultés », « pouvoirs » spéciaux que l’âme pourrait utiliser, mettre en œuvre sans rien perdre de son unité : si l’intellect ou le vouloir, par exemple, sont de telles facultés, des hommes différents manifestent des degrés très inégaux d’intelligence et de volonté. Les cadres descriptifs issus de la théorie des facultés n’ont pas pu être conservés par la psychologie moderne (spécialement par la branche de cette psychologie qui est concernée par les différences individuelles, la « psychologie différentielle »), et cela pour deux raisons au moins.