Moltke (Helmuth, comte von) (suite)
Dès le début de la campagne de 1914, il s’avère incapable d’adapter la manœuvre aux circonstances et, faisant trop confiance au plan initialement prévu, renonce pratiquement au commandement journalier de ses armées. Le 20 août il renforce encore le front de Lorraine de quatre divisions qui auraient pu rejoindre son aile marchante et le 31, croyant la victoire acquise et inquiet de l’avance russe en Prusse-Orientale, il dirige deux corps de Belgique sur le front est. Ces semaines du mois d’août révèlent son irrésolution, et la bataille de la Marne consacre son effondrement. Dès le 12 septembre, sur ordre de l’empereur, le quartier-maître général von Stein prend en fait le commandement. Deux jours plus tard, le général Erich von Falkenhayn, ministre prussien de la Guerre, de treize ans plus jeune que le généralissime, est mis à la tête des armées allemandes. Mais le nom de Moltke a un tel écho en Allemagne que cette nomination reste secrète : durant de longues semaines, Moltke demeure, en qualité de témoin muet, au quartier général allemand, et ce n’est que le 3 novembre que Falkenhayn est nommé chef d’état-major de l’armée en campagne. Moltke est alors envoyé à Berlin comme représentant de la direction suprême. Avec l’appui du Kronprinz et de l’impératrice, il militera dans le parti dit « oriental » en faveur d’une paix séparée avec la Russie.
Il meurt au Reichstag, où il vient de prononcer l’éloge funèbre du vieux maréchal Colmar von der Goltz (1843-1916), dit Goltz pacha, qui commandait une armée turque sur le front de Palestine.
P. D.
➙ Guerre mondiale (Première) / Marne (bataille de la).