Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Moghols (Grands) (suite)

• De 1682 à 1707. Le Deccan devint la grande affaire impériale. Deux raisons complémentaires y conduisirent Awrangzīb : réduire les Marathes et soumettre les sultanats de Bijāpur et de Golconde, chī‘ites, alors que l’empereur était sunnite. Certes, Śambūjī, fils de Śivājī Bhonsle, fut vaincu et exécuté en 1689. Auparavant, Bijāpur et Golconde avaient été annexés respectivement en 1686 et en 1687. Mais ces succès étaient bien illusoires. Militairement battus, les Marathes n’en poursuivirent pas moins une redoutable guérilla, et surtout l’empereur « s’englua » jusqu’à sa mort au Deccan, accumulant les succès, mais n’arrivant jamais à une victoire décisive.

J. K.

➙ Inde.

 J. Sarkar, The History of Arang Zeb (Calcutta, 1916-1925 ; 5 vol.) ; Fall of the Mughal Empire (Calcutta, 1932-1950 ; 4 vol.). / W. H. Moreland, From Akbar to Aurangzeb, a Study in Indian Economic History (Londres, 1923). / L. Binyon, Akbar (Londres, 1932). / I. Hasan, The Central Structures of the Mughal Empire (Oxford, 1936). / Paramātma-Saran, The Provincial Government of the Mughals, 1526-1658 (Allahabad, 1941). / I. Habib, The Agrarian System of Mughal India, 1556-1707 (Bombay et New York, 1963). / G. Hambly, Cities of Mughal India : Delti, Agra and Fatehpur Sikri (New York, 1968 ; trad. fr. Cités de l’Inde moghole, A. Michel, 1970).

Moholy-Nagy (László)

Peintre et sculpteur hongrois (Bácsborsód, près de Kiskunhalas, 1895 - Chicago 1946).


Né dans une campagne aux structures encore féodales, Moholy-Nagy entreprend des études de droit à Budapest. Mobilisé de 1915 à 1919, il est blessé en 1916 et découvre le dessin à l’hôpital, événement décisif de sa vie. Ses premiers dessins, surtout des paysages, sont très influencés par l’esprit cubiste. Démobilisé, Moholy-Nagy se rend à Berlin en 1920. Peintre et écrivain, il collabore aux revues Ma, De Stijl* et aux Cahiers d’art. Très attiré par les conquêtes de la technique moderne, il essaye de traduire, à l’aide de collages en particulier, la découverte de nouveaux espaces possibles pour l’art. En 1921, il crée des décors de théâtre pour un drame du poète Walter Hasenclever (1890-1940). Il est appelé par Walter Gropius*, en 1923, pour enseigner au Bauhaus*. Il y dirige plusieurs cours, le cours préliminaire (Vorkurs) et l’atelier du métal jusqu’en 1928. Durant cette époque, il exécute des peintures géométriques sur des supports divers, aluminium ou autres métaux. Simultanément, il développe une activité de recherches sur la lumière à l’aide de photographies, de films, de photomontages et de photogrammes. Il publie en 1925, en collaboration avec Farkas Molnár et Oskar Schlemmer (v. Bauhaus), Die Bühne am Bauhaus (le Théâtre au Bauhaus) et, sous sa signature seule, Malerei, Fotografie, Film. Dans la même série des publications du Bauhaus paraîtra en 1929 Von Material zu Architektur (De la matière à l’architecture).

En 1928, Moholy-Nagy quitte le Bauhaus pour s’installer de nouveau à Berlin. Là, il poursuit ses recherches en y introduisant la couleur. Par ailleurs, il s’occupe de publicité, de dessin appliqué et réalise des travaux typographiques ainsi que des décors pour le théâtre d’Erwin Piscator et l’Opéra d’État (Hoffmann, Shakespeare).

De 1932 à 1936, il participe aux expositions du groupe « Abstraction-Création » à Paris. La montée du nazisme le fait émigrer à Amsterdam, puis à Londres. En 1937, il part pour les États-Unis. Il s’installe à Chicago, où il est, la même année, cofondateur du New Bauhaus de Chicago, qui devient en 1939 l’Institute of Design. Son temps est partagé entre la rédaction des conférences, l’administration, la pédagogie et ses créations artistiques. Par la complémentarité de ses recherches, son art arrive alors à un plein épanouissement. Après un premier appareil étudié à partir de 1922, le Lichtrequisit (v. cinétique [art]), dont les structures métalliques sont réfléchies sur les murs voisins, Moholy-Nagy invente un système rotatif de projections en couleurs changeantes. Ceci annonce les Space Modulators (Modulateurs d’espace), tableaux-objets dont les éléments sont éclairés et interchangeables. Moholy-Nagy réalise enfin des sculptures en Plexiglas aux formes dynamiques, où les jeux de lumières gardent une grande importance.

Un grave problème moral affecte ses dernières années : il voit dans la Seconde Guerre mondiale un nouvel et cruel échec pour la civilisation. La maladie emporte ce précurseur du cinétisme en 1946.

L’attention de Moholy-Nagy se porta constamment sur deux aspects de l’art : la mise en évidence des relations multiples entre forme, mouvement et lumière, et la redéfinition des rapports de l’art et de la société. Son action s’inscrit ainsi très nettement dans le courant des idées du Bauhaus, où l’on voulait intégrer « l’art moderne dans la cité ».

Il dut revenir à la « peinture de chevalet » après l’avoir abandonnée et combattue dans des manifestes tels que celui de 1922, Système de force dynamo-constructif. Il en donna les raisons suivantes : la non-coopération des producteurs industriels, leur tendance à rabaisser la nouvelle optique à des effets superficiels, visant à abaisser encore le niveau des distractions populaires. Il fut ainsi contraint à un repli sur le terrain plus étroit de l’art, comme il l’exprime dans une lettre : « Il ne reste [à l’artiste] d’autre parti que d’expérimenter infatigablement avec ses moyens primitifs et de maintenir vivante sa vision intérieure d’un paysage urbain transformé par la couleur, la lumière et le mouvement [...]. »

L’activité multiple de l’artiste s’est étendue au cinéma et à la photographie comme aux arts plastiques. On discerne sa personnalité aussi bien dans ses très beaux courts métrages muets, réalisés à Marseille par exemple, que dans ses Modulateurs d’espace et de lumière. Soucieux de créer des images satisfaisantes esthétiquement, reposantes ou gaies, statiques ou mobiles, Moholy-Nagy essaya d’intégrer dans ses créations la technique de la peinture, le graphisme du dessin, le volume de la sculpture, le mouvement du film, la transparence de la lumière pour créer un art total qui concilierait sentiment et raison, liberté et nécessité.

E. M.

➙ Bauhaus / Cinétique (art).

 S. Moholy Nagy, Moholy-Nagy. Experiment in Totality (New York, 1950 ; nouv. éd., 1971). / L. Soucek, László Moholy-Nagy (Bratislava, 1965).
CATALOGUE D’EXPOSITION : Moholy-Nagy, Stedelijk van Abbe Museum (Eindhoven, 1967).