Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mississippi (le) (suite)

On s’efforce de rendre au Mississippi une certaine importance économique. Son bassin est raccordé aux Grands Lacs et à l’Intracoastal Waterway (canal côtier) : la profondeur du chenal est maintenue à environ 3 m jusqu’à Minneapolis et Pittsburgh. Le trafic sur l’ensemble du bassin dépasse aujourd’hui 325 Mt. Les trois quarts concernent des transports à l’intérieur du bassin, surtout sut l’Ohio (charbon, coke, minerai, fonte, acier, produits pétroliers) ; le reste se répartit entre les importations (15 Mt), les exportations (25 Mt) et le cabotage (35 Mt).

Le Missouri

Principal affluent du Mississippi, d’une longueur de 4 315 km, c’est-à-dire supérieure à celle du fleuve principal, le Missouri est formé par la réunion de rivières qui prennent leur source dans les Rocheuses à plus de 4 000 m d’altitude. Sa pente moyenne, 1 m par km, s’abaisse rapidement dès l’entrée en plaine.

À la sortie des Rocheuses, le régime est du type nival de montagne, avec maximum en juin et basses eaux en hiver. Dans le cours moyen et inférieur, la montée commence en avril (régime nival de plaine), le maximum se plaçant en juin (apport nival d’amont et, malgré la chaleur estivale, renfort de pluies abondantes).

Au début de la colonisation du nord des Grandes Plaines, la navigation à vapeur remontait en été jusqu’à Great Falls, au pied même des Rocheuses. Aujourd’hui, la navigation, peu importante, n’atteint guère que Sioux City, le chenal ayant moins de 2,75 m de profondeur en amont de cette ville.

Depuis 1949, on aménage le Missouri, moins pour les besoins de la navigation que pour ceux de l’irrigation en amont et de la maîtrise des crues en aval (plan Pick-Sloan). On a déjà construit une série de barrages (Fort Peck, Garrison, Oahe, Fort Randall, Gavins Point) qui retiennent des lacs allongés noyant la vallée sur près de 250 km parfois (réservoir Oahe).

P. B.

Mississippi

État du sud des États-Unis, riverain du fleuve du même nom ; 123 584 km2 ; 2 217 000 hab. Capit. Jackson.


Le Mississippi est tout entier compris dans la plaine côtière du golfe du Mexique. La structure sédimentaire, inclinée du nord-est au sud-ouest, donne un relief de cuestas et de plaines monoclinales, dont la plus remarquable prolonge le Black Belt d’Alabama. Ces plaines et cuestas sont tranchées à l’ouest par la vallée alluviale du Mississippi, qu’elles dominent par un coteau vigoureux (Bluff Hills) ; entre le fleuve et le Yazoo, qui coule au pied de ce coteau, s’étend le Yazoo Basin, dans lequel la plaine fluviale atteint 70 km de largeur.

Le climat, subtropical, se caractérise par des hivers doux (moyenne de 9 °C et minimum moyen de 3 °C à Jackson en janvier), des étés très humides et très chauds (moyenne de 28 °C et maximum de 34 °C en juillet) et des précipitations abondantes (1 300 mm à Jackson) en toute saison, avec un maximum d’hiver. À l’état naturel, la végétation est constituée de forêts de pins et de chênes, sauf dans certaines plaines comme le Black Belt, où domine la prairie à Bluestem (Andropogon), et la vallée du Mississippi, à associations ripariennes et à forêts de gommiers, de tupélos et de cyprès. Les sols formés sous prairie et sur les alluvions fluviales sont profonds et fertiles, tandis que les latosols podzoliques rouges et jaunes, de faible valeur agronomique, s’épuisent rapidement et sont sensibles à l’érosion.

Peuplé au début du xixe s., le Mississippi a été organisé selon le modèle classique du Deep South : une société de grands propriétaires, d’esclaves noirs, de Petits Blancs et une économie fondée sur la culture du coton.

L’agriculture reste l’activité dominante (elle occupe la moitié de la population active). La culture du coton a décliné, mais s’est modernisée (machines, engrais) ; elle atteint de hauts rendements dans la plaine fluviale. Comme dans les autres États du Sud, on se tourne vers l’élevage bovin (lait et viande) et l’aviculture ; on diversifie les cultures (avoine, maïs, soja, riz, fourrages, patate douce [demandée par les féculeries], oranges).

Le surpeuplement a entraîné un exode considérable (291 000 exploitations en 1940 ; 93 000 en 1970) ; ce sont surtout les petits fermiers noirs qui ont émigré massivement, de sorte que les Blancs ont maintenant la majorité dans l’État ; en même temps, la superficie moyenne des fermes a doublé (de 45 à 90 ha).

La forêt, qui couvre la moitié de l’État, alimente des scieries et fabriques de pâtes (Greenville, Biloxi, Laurel). Activité traditionnelle, la pêche est en pleine expansion : on rapporte huîtres naturelles et crevettes à Biloxi, crevettes et menhadens à Pascagoula (deuxième port de pêche américain pour le tonnage, le sixième en valeur). La navigation à vapeur, pratiquée depuis 1817 sur le fleuve, a donné naissance à des ports (Greenville, Vicksburg, Natchez). Outre le travail du bois, l’industrie est surtout représentée par le textile et la confection. Dans le sud-ouest de l’État, on a découvert du gaz (près de 5 milliards de mètres cubes par an) ainsi que du pétrole (environ 10 Mt par an), qui alimente des raffineries. La production minérale ne compte, cependant, que pour 221 millions de dollars (l’agriculture en rapporte 940). Une nouvelle ressource, le tourisme, ne concerne guère que le littoral, jalonné de stations balnéaires.

La population totale reste à peu près stable depuis un demi-siècle (elle a même décliné entre 1940 et 1960), mais la population urbaine, qui n’était que de 28 p. 100 en 1950, s’élève à 45 p. 100 aujourd’hui. La seule ville importante est Jackson (190 000 hab. ; carrefour ferroviaire et aérien, marché agricole et centre industriel). Meridian, Biloxi et Greenville ont entre 40 000 et 50 000 habitants.

Le Mississippi reste un État sous-développé. Il occupe le dernier rang pour le revenu par tête, le quarante-septième pour le niveau d’instruction, un des premiers pour la mortalité (et pour le taux de natalité), le premier pour la mortalité infantile ; il compte le nombre le plus faible de médecins pour 1 000 habitants.

P. B.