Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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migrations animales (suite)

Les migrations chez les différents groupes de Vertébrés


Poissons

Les migrations de Poissons sont bien connues pour quelques espèces seulement, notamment celles qui présentent un intérêt économique. Certaines effectuent leurs déplacements exclusivement en milieu marin (Hareng, Morue) et oscillent au rythme des saisons entre des aires de ponte et des aires de croissance, l’amplitude et la direction de leurs mouvements étant souvent fonction de la taille des individus, de leur stade de croissance ou de leur état physiologique. Ces espèces sont dites holobiotiques thalassobies. Certaines espèces d’eau douce sont également migratrices en milieu exclusivement dulçaquicole (holobiotiques potamobies), mais leurs mouvements sont généralement de faible amplitude. Les exemples les plus classiques et les plus spectaculaires de migrations de Poissons intéressent des espèces comme l’Anguille, qui naissent en milieu marin et grossissent en eau douce (espèces amphibiotiques thalassotoques), ou inversement celles qui, comme le Saumon, naissent en eau douce et grossissent en mer (espèces amphibiotiques potamotoques). Les modalités de ces migrations et leur déterminisme physiologique, aujourd’hui assez bien connus, sont d’une très grande complexité.


Mammifères et Oiseaux

Les migrations ne sont pas très répandues chez les Mammifères ; les espèces migratrices sont souvent de grande taille et vivent dans des biotopes ouverts (prairie, savane, océan), permettant de vastes déplacements en bandes importantes : Caribous et Bisons en Amérique du Nord, nombreuses Antilopes dans les savanes d’Afrique, Baleines, Phoques. Parmi les petits Mammifères terrestres, mis à part les Chauves-Souris, peu effectuent de véritables migrations, l’hibernation et la vie hypogée étant plus avantageuses pour eux. C’est incontestablement chez les Oiseaux — que l’adaptation au vol a affranchis des obstacles terrestres en leur permettant d’évoluer rapidement dans un fluide leur offrant peu de résistance — que le phénomène migratoire a eu le plus de succès. Il y a des Oiseaux migrateurs dans tous les milieux et sous toutes les latitudes, de l’équateur aux régions polaires. Les seuls milieux où le sédentarisme paraisse être de règle sont les forêts ombrophiles équatoriales, précisément parce qu’elles ne présentent pas de périodicité climatique. Sous les latitudes plus élevées, quelques espèces sont sédentaires, soit que leurs ressources alimentaires restent suffisamment stables le long du cycle annuel (Hibou Grand Duc), soit qu’elles parviennent à modifier leur régime en fonction des disponibilités du moment (Mésanges). À l’échelle du peuplement avien global des grandes masses continentales comme l’Eurasie ou l’Amérique du Nord, plus des deux tiers des espèces sont migratrices et passent plus de la moitié de leur vie à se déplacer.


Distances parcourues

L’ampleur du phénomène est extrêmement variable d’une espèce à l’autre et même d’une population à l’autre. Cinq exemples illustreront la variabilité des distances parcourues.

• Certains Oiseaux d’Europe tempérée peuvent n’effectuer que quelques kilomètres pour aller des milieux herbacés ouverts où ils ont niché jusqu’aux milieux forestiers qui comportent tout l’hiver les graines et fruits dont ils se nourrissent. Un tel type migratoire s’inscrit alors dans une même zone climatique ; seules les conditions alimentaires diffèrent.

• De nombreux Oiseaux alpins, comme l’Aigle royal ou le Tichodrome échelette, effectuent de véritables transhumances qui les emmènent sur quelques centaines de kilomètres des zones alpines aux basses montagnes adjacentes. Les Préalpes et les Alpes de Provence par exemple reçoivent en hiver la faune de haute altitude qui est refoulée par la neige et le gel.

• Des migrations plus importantes, mais se déroulant encore dans la même région biogéographique, intéressent toute une série d’Oiseaux adaptés à manger au sol et dans les strates basses de la végétation. Là encore, le gel et la neige qui sévissent dans les régions à climat continental les contraignent à se replier dans les milieux plus hospitaliers où le sol toujours meuble leur permet de trouver leur nourriture. Une bonne partie de l’avifaune paléarctique déferle des contrées d’Europe et d’Asie moyennes et septentrionales pour se réfugier en hiver en Europe occidentale à climat maritime et dans le bassin méditerranéen. Ces déplacements, de l’ordre de plusieurs centaines à plusieurs milliers de kilomètres, intéressent un nombre considérable d’espèces.

• Les grandes « migrations au long cours » des Oiseaux insectivores de l’hémisphère boréal impliquent des déplacements considérables, de plusieurs milliers de kilomètres, qui nécessitent d’extraordinaires performances physiologiques. De nombreuses espèces réalisent des migrations transéquatoriales qui les emmènent en Afrique du Sud. Après avoir niché au cours de l’été boréal, elles iront chercher l’été austral pour « hiverner ». La plupart des petits Oiseaux insectivores d’Europe (Hirondelles, Gobe-Mouches, Fauvettes), dont le métabolisme élevé et les adaptations éthologiques les obligent à disposer d’une nourriture active (Insectes) et immédiatement disponible, ne peuvent trouver de refuge hivernal que dans les régions tropicales d’Afrique.

• Certains migrateurs entreprennent des voyages encore plus importants, telle la Sterne arctique, qui niche sur les côtes les plus septentrionales de la région holarctique et qui hiverne dans les mers antarctiques au sud du 74e degré de lat. S. (voyage de près de 20 000 km dans chaque sens).


Durée des migrations

Le laps de temps qui s’écoule entre le moment où l’Oiseau quitte son territoire de reproduction, sa « patrie », et le moment où il y revient pour y nicher de nouveau est très variable. Schématiquement, il est synchronisé avec la durée des saisons et augmente avec la latitude. Dans les régions méditerranéennes, où l’hiver est court, les migrateurs sont absents quelques mois seulement ; à l’inverse, dans les toundras arctiques, certains Échassiers n’ont que le temps entre juin et août d’élever leur nichée avant que les conditions adverses de l’automne ne les obligent à se replier vers le sud. Pour ces Oiseaux, les périodes de migration et d’hivernage durent près de six mois. Certains Oiseaux pélagiques passent également la plus grande partie de l’année à se déplacer et ne sont fixés dans l’espace que le temps nécessaire pour nicher.