Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Metz (suite)

Le développement récent porte sur l’industrialisation et l’amélioration des liaisons aériennes. L’aéroport de Metz-Frescaty a des relations quotidiennes avec Paris, Lille, Lyon, Mulhouse, Grenoble, Marseille et Düsseldorf. Les deux zones industrielles de Metz-Borny et Metz-Nord sont complètes (plus de 250 ha). Elles ont permis de créer environ trois mille emplois industriels (usine Citroën à Borny). Le port tend à s’industrialiser, après avoir connu l’implantation de deux silos à grains d’une capacité totale de 1 Mq. Avec un nombre de moins de vingt ans représentant 36,4 p. 100 de la population totale, Metz est une des villes les plus jeunes de France. Jadis ville militaire, Metz devient une métropole culturelle et industrielle au sein d’une agglomération allant jusqu’à Thionville et qui groupe 600 000 personnes.

Metz, ville d’art

Malgré les dommages causés par les guerres, Metz demeure une ville d’art brillante où les monuments du Moyen Âge rivalisent avec ceux de l’âge classique.

Des restes de l’enceinte romaine, des tours médiévales — la tour Camoufle, la porte des Allemands — délimitent le vieux Metz avec ses rues pittoresques et ses vieilles maisons. Le grenier de Chèvremont, daté de 1456, abrite les collections médiévales de la ville et rappelle, avec ses files de colonnes sur quatre étages, le grenier détruit de Nuremberg. Cependant, l’art du Moyen Âge est surtout présent dans les églises, à commencer par l’antique Saint-Pierre-aux-Nonnains, bâti dans les ruines d’une basilique civile romaine et transformé au xe s., où ont été retrouvées en 1896 d’admirables plaques de chancel. Des restes romans se voient à la crypte de Sainte-Ségolène (xie s.), aux chœurs et aux clochers de Saint-Eucaire et Saint-Maximin. Mais l’art gothique est beaucoup mieux représenté, d’abord avec la cathédrale Saint-Étienne, qui englobe le sanctuaire de Notre-Dame-la-Ronde dans ses travées occidentales. La construction de la cathédrale actuelle fut entreprise au xiiie s., mais la nef ne fut voûtée qu’à la fin du xive, sans doute par Pierre Perrat († 1400). Bien que datant de la fin du Moyen Âge, le transept et le chevet respectent l’élévation tripartite très élancée de la nef. Les immenses verrières des façades ont des vitraux dont les plus célèbres furent exécutés par Valentin Busch au début du xvie s. Il faut citer aussi la chapelle octogonale des Templiers, proche de celle de Laon ; l’ancienne église abbatiale de Saint-Vincent, avec ses deux tours de chevet bien lorraines ; Saint-Martin, avec son narthex à tribune ; la nef et le transept de Saint-Euchaire ; la plus grande partie de Saint-Maximin et de Sainte-Ségolène ; la chapelle Saint-Genest et le cloître des Récollets.

Au xviiie s., un nouvel essor architectural transforme Metz. L’une des premières œuvres réalisées est l’église Saint-Clément, commencée avant 1700 par un architecte italien et terminée en 1767 avec la collaboration de Victor Louis, qui travaille également à la façade de Saint-Vincent. Une autre église du xviiie s., Sainte-Glossinde, a sa coupole peinte par le Nancéien Jean Girardet. L’architecte Jacques François Blondel fit, vers 1764, des projets pour une place Royale près de la cathédrale ; une partie seulement vit le jour, dont l’hôtel de ville, avec ses sculptures décoratives et son très bel escalier à rampe de fer forgé. Le palais de justice, ancien palais du gouverneur des Trois-Évêchés, a été construit à partir de 1776 sur des plans de Charles Louis Clérisseau et conserve aussi une décoration sculptée. La place de la Comédie montre un ensemble curieux de façades du xviiie s. reliées par un péristyle à arcades.

Les collections du musée, riches en sculptures d’époque romaine et en peintures des xviie et xviiie s., les œuvres contemporaines de l’église Sainte-Thérèse et les vitraux de Jacques Villon et de Chagall pour la cathédrale complètent le panorama artistique de la cité lorraine.

A. P.

 M. Grosdidier de Matons, Metz (Laurens, 1957). / G. Hocquard, E. Voltz et G. Collot, Metz (Hachette, 1961).

F. R.

➙ Lorraine / Moselle.

 G. Zeller, la Réunion de Metz à la France, 1552-1648 (Les Belles Lettres, 1927 ; 2 vol.). / M. Toussaint, Metz à l’époque gallo-romaine (Impr. Even, Metz, 1950). / J. Schneider, la Ville de Metz aux xiiie et xive siècles (Impr. G. Thomas, Nancy, 1950) ; Recherches sur la vie économique de Metz au xve siècle (Mutelet, Metz, 1952). / M. O. Piquet-Marchal, la Chambre de réunion de Metz (P. U. F., 1969). / H. Tribout de Morembert et coll., le Diocèse de Metz (Letouzey, 1970).

Meurthe-et-Moselle. 54

Départ. de la Région Lorraine ; 5 235 km2 ; 722 587 hab. Ch.-l. Nancy*. S.-préf. Briey, Lunéville, Toul.


Les limites du département sont la conséquence du traité de Francfort de 1871. Jusqu’à cette date, l’arrondissement de Briey faisait partie du département de la Moselle*. L’allure allongée du département crée de nombreuses difficultés, notamment pour la population de la partie nord, éloignée de Nancy, et de plus frontalière avec le Luxembourg et la Belgique.

Sur le plan physique, la Meurthe-et-Moselle comprend plusieurs régions aux limites assez imprécises. L’ensemble est formé de roches sédimentaires appartenant au Bassin parisien. La faible pente des couches favorise les reliefs tabulaires. Là où les couches sont plus tendres, l’érosion est responsable du paysage de collines. Au sud, à l’approche de Mirecourt (Vosges), le Trias marneux et le Lias argileux donnent un ensemble vallonné où dominent les collines. La vallée de la Moselle, encaissée dans les couches relativement dures du Trias, forme un couloir facilitant le passage. Le sud-est du département, traversé par la Meurthe, est déjà un morceau des Vosges gréseuses. La forêt de sapins y occupe des étendues énormes. Il n’y a pas de limites naturelles, vers le sud, avec le département des Vosges. La partie centrale est la plus variée. Elle est formée du Toulois et de la région de Nancy. La Meurthe conflue avec la Moselle au nord de Nancy, après que ce dernier cours d’eau a décrit une grande boucle vers Toul. Le réseau hydrographique a profondément entaillé la région, faisant du Toulois, plus que de la région de Nancy, un triple carrefour : fluvial, routier, ferroviaire. Au nord, la partie orientale est constituée, partiellement, par la cuesta bajocienne et le plateau constituant le revers de celle-ci. La présence d’oolithes ferrugineuses dans les couches de l’Aalénien a déterminé une extraction du minerai en partant des Côtes de Moselle. Mais à l’anticlinal de Pont-à-Mousson, qui prend la côte en écharpe, correspond une zone stérile. De là résulte la division du bassin ferrifère lorrain en deux grands ensembles : bassin de Briey-Longwy-Thionville, le plus étendu et le plus riche ; bassin de Nancy. Les cours d’eau sont généralement des affluents de la Moselle (Rupt de Mad, Orne), sauf au nord, où la Chiers rejoint la Meuse. Dans l’ouest du département affleurent les argiles du Callovien et de l’Oxfordien. Les nombreux étangs qu’on rencontre annoncent déjà la Woëvre meusienne.