Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

méninges

Ensemble de membranes qui constituent comme un vaste sac enveloppant l’encéphale et la moelle épinière.


Au niveau du crâne, les méninges sont au contact de la paroi osseuse ; au niveau du rachis, elles en sont séparées par une couche de graisse (graisse épidurale).

Les méninges sont constituées de trois feuillets. La pie-mère adhère intimement au système nerveux et en épouse les sillons et circonvolutions. Tout comme l’arachnoïde, qui constitue le feuillet intermédiaire, elle est extrêmement fine et translucide. La dure-mère, qui constitue le feuillet le plus externe, est, elle, au contraire, épaisse et solide ; là où les racines nerveuses sortent de la boîte crânienne et du canal rachidien, cette dure-mère se perd dans la gaine de ceux-ci. Des replis de la dure-mère séparent les deux hémisphères cérébraux (la faux du cerveau, sagittale) et divisent la boîte crânienne (la tente du cervelet, horizontale) en deux étages sus- et sous-tentoriels situés de part et d’autre de la tente du cervelet.

Sous la dure-mère, entre pie-mère et arachnoïde, se trouve délimité l’espace sous-arachnoïdien, qui contient le liquide céphalo-rachidien (L. C. R.). Cet espace sous-arachnoïdien très mince est dilaté en certains endroits, notamment à la base du cerveau, constituant des citernes. Le cul-de-sac lombaire (situé dans le bas du canal rachidien) correspond à cette zone où, la moelle étant terminée, il n’y a plus à l’intérieur du sac ou fourreau dural que les dernières racines nerveuses lombo-sacrées (« la queue de cheval »). Les espaces sous-arachnoïdiens communiquent avec les cavités ventriculaires du cerveau par l’intermédiaire du quatrième ventricule (trous de Luschka et Magendie). Ils contiennent 140 cm3 de L. C. R.


Le liquide céphalo-rachidien

Il est produit au niveau des plexus choroïdes (sorte de pelotons vasculaires intraventriculaires) par filtration et sécrétion. Ainsi est réalisée une « barrière » hémoméningée dont la réalité est attestée par les différences de concentration qui existent entre le sang et le liquide céphalo-rachidien, aussi bien pour certains constituants chimiques du « milieu intérieur » de l’organisme que pour certaines drogues ou médicaments. Certains antibiotiques par exemple diffusent mal à travers la barrière hémoméningée, alors que d’autres y atteignent une concentration élevée voisine de celle du sang. Il faut noter que des inégalités de diffusion au niveau du cerveau obligent à admettre une barrière hémocérébrale différente de la barrière de certaines cellules gliales (astrocytes). [V. nerveux (système).]

Le L. C. R. est réabsorbé pour l’essentiel au niveau de la partie rachidienne des espaces sous-arachnoïdiens. Les formations en cause sont les granulations de Pacchioni.

Il existe une circulation du L. C. R. des ventricules cérébraux vers les espaces sous-arachnoïdiens. Cette notion a pu être confirmée par l’étude isotopique du transit du L. C. R.


Pathologie des méninges


Anomalies du L. C. R. en dehors de la pathologie méningée proprement dite

Beaucoup de perturbations métaboliques générales influent sur la composition du L. C. R. ; par exemple, une hyperglycémie (augmentation du sucre sanguin), une hypernatrémie (augmentation du sodium sanguin) ont pour corollaire l’augmentation du taux du sucre et du sodium dans le L. C. R. Les rapports de taux (ou gradients) entre les compartiments restent ce qu’ils sont à l’état normal (à une glycémie de 1,80 correspond une glycorachie [taux du sucre du L. C. R.] de 0,90).

Nombre d’affections limitées au système nerveux ont une incidence sur la composition du L. C. R., d’où l’importance diagnostique de la ponction lombaire (ou sous-occipitale), qui permet l’examen cytologique et chimique du L. C. R. Ainsi la protéinorachie (taux de protéines du L. C. R.) est augmentée de façon isolée dans les tumeurs médullaires, dans certaines polyradiculonévrites (dissociations albuminocytologiques). Dans les processus inflammatoires, il y a souvent une réaction cellulaire (augmentation du nombre des cellules), associée ou non à une élévation de la protéinorachie. Une étude qualitative (électrophorèse, immuno-électrophorèse) des protéines du L. C. R. est possible, et l’augmentation des gammaglobulines est fréquente (sans en être spécifique) dans la sclérose en plaques. En cas de cancer, de leucémie, des cellules anormales peuvent être trouvées dans le L. C. R., qui normalement ne contient pas de cellules.


Les hémorragies méningées

Des hémorragies peuvent se produire hors du tissu nerveux, entre la dure-mère et les parois osseuses, notamment crâniennes : c’est l’hématome extra-dural (v. crâne).

À l’intérieur même des espaces méningés peuvent se produire, spontanément ou après un traumatisme, des hémorragies : hématome sous-dural (sous la dure-mère) ou hémorragie méningée sous-arachnoïdienne. Les premiers doivent faire l’objet d’une évacuation chirurgicale en raison de la compression cérébrale croissante qu’ils entraînent. L’hémorragie méningée entraîne un syndrome méningé avec maux de tête, vomissements, raideur de la nuque et du rachis. Il peut s’y associer des troubles de la conscience, des troubles végétatifs éventuellement mortels. Le L. C. R. est rose, teinté de sang, lequel aura tendance à se « résorber » en quelques jours ou semaines. L’hémorragie peut être la conséquence d’une contusion cérébrale, de l’effraction des petits vaisseaux, surtout chez l’hypertendu artériel, mais aussi de la rupture ou fissuration de malformations des vaisseaux (anévrisme ou angiome) que l’artériographie est susceptible d’objectiver.