Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Mauritanie (République islamique de)

En ar. al-Djumhuriyya al-Islāmiyya al-Mūritāniyā, État de l’Afrique occidentale.


Par sa position et son peuplement, la Mauritanie apparaît comme une zone de contact entre le Maghreb et l’Afrique soudanienne, entre le monde arabo-berbère et le monde noir.


Le milieu

Sauf l’extrême Sud (la rive droite du fleuve Sénégal qui forme frontière), la Mauritanie se situe presque entièrement dans le désert saharien, dont elle occupe la partie occidentale. Mais elle ne dispose d’une façade sur l’Atlantique qu’au sud, l’accès à l’Océan lui étant fermé au nord par le Sahara espagnol (río de Oro).

Soumise presque toute l’année au souffle de l’harmattan continental, la Mauritanie ne reçoit que des pluies rares et irrégulières. L’extrême Sud (plus de 300 mm de pluies par an, sur 3 mois d’été) permet encore des cultures aléatoires (sur le sixième de la superficie). L’isohyète de 100 mm délimite un territoire (environ un tiers de la superficie) de climat sahélien, avec des pluies d’été rares et irrégulières, un paysage naturel de steppe arborée à acacias (l’acacia gommier jouant un rôle économique important) où l’élevage bovin est encore possible. Au nord, c’est le vrai désert ; la végétation continue n’apparaît que dans les oasis.

Par rapport aux contraintes du climat, le relief ne joue qu’un rôle secondaire. Au nord, l’énorme massif précambrien du pays Regueibat est une immense pénéplaine de 300 à 400 m d’altitude, plateau pierreux coupé de dunes. Sur les bordures est et sud, une couverture de grès primaires se manifeste par de puissantes cuestas à l’allure de falaises ; leurs revers doucement inclinés, à l’est vers la cuvette de Taoudéni, au sud vers la cuvette du Madjabat el-Koubra (la « grande traversée », autrefois improprement dénommée « djouf »), sont couverts de sables aux formes dunaires diverses. Au sud-ouest, la partie septentrionale du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien (Trarza, Brakna) est aussi en grande partie recouverte de sables. Au centre, ce sont les plateaux de l’Adrar et du Tagant, le « pays de la pierre » (Trab el-Hadjara). Au sud-est, les falaises limitant ces plateaux et la cuvette du Madjabat el-Koubra, ainsi que la boutonnière du Hodh, dominent les sables qui occupent les zones déprimées constituant l’amorce septentrionale de la cuvette du moyen Niger occidental.


La population

Les Maures* de langue arabe représentent 70 p. 100 de la population ; ils sont de race blanche (sauf les harratins, anciens esclaves). La structure sociale traditionnelle distinguait : les tribus nobles, guerrières (hassanes), d’origine arabe, et maraboutiques (se consacrant à la religion islamique), d’origine berbère ; à un niveau inférieur, les tributaires (zenagas), les artisans groupés en castes (forgerons) ; enfin, les esclaves et les affranchis, descendants de Noirs razziés dans le Sud. L’abolition de l’esclavage et la suppression des redevances des tributaires, peu avant l’indépendance, ont fortement ébranlé cette structure traditionnelle. Les Noirs de la vallée du Sénégal (Toucouleurs, 15 p. 100 ; Sarakollés ou Soninkés, 7 p. 100) et les pasteurs peuls (8 p. 100) constituent le reste de la population. Plus de 90 p. 100 des Mauritaniens vivent au sud de l’isohyète de 100 mm. Cette population s’accroît environ de 2 p. 100 par an.


L’économie

Maures et Peuls vivent essentiellement de l’élevage nomade (2 100 000 bovins, 8 millions d’ovins et caprins, 720 000 camélidés). Le grand nomadisme, sans itinéraires fixes, est pratiqué seulement au nord, par la tribu des Regueibats. Au sud, les itinéraires sont mieux fixés, les déplacements de moindre ampleur se limitant à une transhumance annuelle du nord (en saison des pluies) vers le sud (en saison sèche). L’élevage permet quelques exportations vers le Sénégal (faibles et en diminution).

La pêche maritime, développée depuis 1919 à Nouadhibou (ancienn. Port-Étienne) sous une forme industrielle, à la faveur de la présence d’une faune marine très riche, est essentiellement une pêche pratiquée par des étrangers dans les eaux mauritaniennes (200 000 à 300 000 t par an). Une petite fraction seulement du produit de cette pêche est traitée sur place avant d’être réexportée (poissons séchés et fumés ; conserverie à Nouadhibou : environ 20 000 t en 1970). Parmi les ressources traditionnelles figure encore le sel gemme extrait à la sebkha d’Idjil (1 000 t par an).

En 1958, à la veille de l’indépendance, la Mauritanie apparaissait difficilement viable : il avait fallu lui créer de toutes pièces une capitale, Nouakchott, en plein désert, alimentée partiellement en eau par une usine de dessalement d’eau de mer, installation pilote expérimentale, intéressante à ce titre mais non rentable (l’administration du territoire siégeait antérieurement à Saint-Louis du Sénégal) ; 60 p. 100 des dépenses budgétaires devaient être couvertes par des subventions (de l’Afrique-Occidentale française, puis de l’État français).

La mise en valeur des richesses minières a profondément bouleversé sa situation économique et sociale.

Créée en 1952, entrée en production en 1963, la Société anonyme des mines de fer de Mauritanie (Miferma) exploite les gisements à ciel ouvert de F’Derik (près de Fort-Gouraud) et de Taẓadit (200 Mt d’hématites à plus de 60 p. 100 de teneur). La cité et l’aéroport de Zouerate, siège de l’exploitation, sont réunis par une voie ferrée de 650 km au port minéralier de Cansado, installé au sud de Nouadhibou. La Miferma est un consortium international qui associe à des organismes publics et privés français des groupes sidérurgiques européens (Grande-Bretagne, Allemagne de l’Ouest, Italie) et l’État mauritanien (5 p. 100 du capital). Les investissements réalisés se montent à 900 millions de francs français. Les exportations de minerai de fer sont passées de 4,9 en 1965 à 9,2 Mt en 1970. Le minerai de fer représente plus de 85 p. 100 en valeur des exportations du pays en 1970 (produits de la pêche, 5 p. 100 ; gomme, 2 p. 100). Depuis 1964, le budget mauritanien a renoncé aux subventions d’équilibre, et il est en excédent depuis 1965. La balance commerciale est largement excédentaire depuis 1964.