Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Masaccio (suite)

 J. Mesnil, Masaccio et les débuts de la Renaissance (Nijhof, La Haye, 1927). / H. Lindberg, To the Problem of Masolino and Masaccio (Stockholm, 1931). / M. Salmi, Masaccio (Rome, 1932 ; nouv. éd. Milan, 1948). / L. Berti, Masaccio (Milan, 1964). / P. Volponi et L. Berti, L’Opera completa di Masaccio (Milan, 1968).

Masais ou Massaïs

Ethnie du Kenya et de la Tanzanie.


Elle occupe les hauts plateaux et la région montagneuse (de 1 500 à 3 000 m) à l’est du lac Victoria, qui est partagée par la Great Rift Valley. Les Masais ont leur population également répartie dans les deux États. C’est une région de pluviométrie très moyenne (avril et mai essentiellement) ; mais aux savanes herbeuses des bas plateaux succèdent en altitude de véritables prairies et des pâturages permanents. Les Masais, qui totalisent environ 200 000 personnes, comprennent plusieurs tribus (Samburus, Baraguyus, Kwavis, etc.).

Ils pratiquent une forme de pastoralisme nomade. Les produits du bétail (lait, sang et viande) constituaient la base de l’alimentation et étaient d’ailleurs les seules nourritures permises aux guerriers. Les femmes s’occupaient de l’agriculture (haricots, mil, maïs) et de la traite des vaches. Il y avait environ dix bœufs par personne et autant de chèvres et de moutons, mais le taux naturel de reproduction des bêtes ne suffisait pas, car on abattait un trop grand nombre d’animaux. D’où les raids des guerriers pour constituer le cheptel. Celui-ci était gardé par les jeunes et les vieillards, et chaque clan avait sa marque sur les bêtes. L’artisanat était limité au travail de la forge.

Un campement masai est constitué par un regroupement d’une cinquantaine de huttes. Le kraal regroupe les huttes autour d’un parc à bétail, et l’ensemble est entouré d’une palissade.

Les Masais sont organisés en six ou sept clans patrilinéaires, eux-mêmes divisés en sous-clans et dispersés dans tout le pays. L’unité exogamique est le clan ou le sous-clan. En fait, la structure politique de base est la compagnie des guerriers. Toute compagnie a un chef. Elles peuvent s’associer pour constituer des tribus ou des confédérations. Aujourd’hui, guerriers et anciens collaborent dans la réglementation des affaires de vol de bétail. Les Masais sont répartis en classes d’âge. Les intervalles entre ces classes ne sont pas réguliers, mais les individus conservent le même nom de classe toute leur vie. Ce sont les aînés qui décident de la convocation des jeunes circoncis, dont ils deviennent ainsi les parrains. Le panthéon religieux est organisé autour de Enk-ai, dieu créateur, symbole de la pluie et du ciel, et de son épouse, la lune Ol-apa. Il n’existe pas de culte des ancêtres. Les Masais connaissent un chef religieux suprême (Oloiboni ou Laibon), qui est à la fois devin, guérisseur et intercesseur. C’est une charge hériditaire, et son clan ne possède pas de guerriers. Il réglemente et approuve les expéditions militaires ; les autres membres du clan assurent les rites de passage et sont responsables de la fécondité. Ils veillent au bon état des troupeaux et font tomber la pluie en cas de sécheresse prolongée.

J. C.

 P. H. Gulliver, Social Control in an African Society : a Study of the Arusha, Agricultural Masai of Northern Tanganyka (Londres, 1963).

Masaryk (Tomáš Garrigue)

Homme d’État tchécoslovaque (Hodonín 1850 - château de Lány, près de Prague, 1937).



Avant 1914

D’origine très modeste, il doit, à quatorze ans, interrompre ses études ; il travaille comme apprenti serrurier, puis comme forgeron. En donnant des leçons, il réussit à reprendre ses études au lycée de Brno, puis à l’université de Vienne, où il devient docteur en philosophie en 1876.

En 1878, il épouse une Américaine d’origine française, Charlotte Garrigue. En 1881, il soutient sa thèse sur le suicide ; plus sociologue et moraliste que métaphysicien, il est plus attiré par le pragmatisme des Anglo-Saxons que par la philosophie allemande.

En 1882, lorsque s’ouvre à Prague une université de langue tchèque, il vient y enseigner la philosophie.

Esprit cosmopolite, épris des causes justes, il veut lutter contre le provincialisme intellectuel de Prague. En 1899, il prend la défense du Juif Leopold Hilsner, accusé de meurtre rituel. En 1909-10, il fait acquitter, lors du procès de Zagreb, des étudiants croates accusés à tort de trahison et il confond leur accusateur, Heinrich Friedjung (1851-1920), qui a produit des documents falsifiés.

En politique intérieure, il collabore avec le mouvement des Jeunes-Tchèques de Karel Kramář (1860-1937) et le représente en 1891 au Parlement. Mais, dès 1893, il démissionne et prend ses distances avec ses anciens amis. Il est un nationaliste tchèque dans la tradition de František Palacký (1798-1876). En 1898, dans son livre la Question sociale, il se déclare favorable à un socialisme différent du marxisme.

En 1900, il fonde un nouveau parti, le parti réaliste. Par son journal Čas (le Temps), il exerce une forte influence sur l’intelligentsia tchèque, mais il reste sans grande audience dans les masses. À partir de 1905, il participe, avec le parti social-démocrate, aux grandes manifestations populaires en faveur du suffrage universel. En 1907, lors des premières élections au nouveau mode de scrutin, il est élu député réaliste de Moravie avec l’appui des voix socialistes. Son parti n’a que deux élus, et, après 1911, Masaryk en est le seul représentant au Parlement de Vienne.

Avec les premières crises balkaniques, il devient de plus en plus hostile à la politique du gouvernement de Vienne. Ce libéral réformiste découvre la nécessité de changements par la violence. Il écrit en 1908, dans la Question tchèque : « Il y a une justification pour la réforme par la révolution. Aucun progrès n’a jamais été obtenu sans révolution », et en 1913 dans la Russie et l’Europe : « La révolution peut être l’un des moyens nécessaires, auquel cas elle est moralement justifiée ; cela peut même devenir une obligation morale. »

Au Parlement, il dénonce la politique extérieure autrichienne et son attitude menaçante envers les petits États balkaniques.

Très tôt, il est convaincu de l’imminence de la guerre. Il a de nombreux amis parmi les dirigeants des États balkaniques et parmi les Slaves du Sud. Mais il ne partage pas les idées panslaves des néo-slavistes, et ses voyages en Russie ne lui laissent aucune illusion sur l’aide que les Tchèques peuvent attendre du tsarisme.

Lorsque la guerre éclate, c’est vers l’Occident qu’il se tourne.