Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Marseille (suite)

Par ailleurs, chaque centre urbain de la région attend beaucoup des « retombées » économiques de Fos, et pour en profiter Marseille doit pouvoir bénéficier de liaisons routières rapides vers Fos, mais également vers Toulon et, au-delà, la Côte d’Azur (désenclavement indispensable, car dans le cas contraire la vallée du Rhône risque de profiter à ses dépens des investissements réalisés à Fos).

Les 2 600 km2 de l’aire métropolitaine et leurs communes devront pouvoir accueillir 3 200 000 habitants en l’an 2000 dans un espace déjà largement occupé et dont la tendance actuelle est l’expansion vers l’ouest, c’est-à-dire l’étang de Berre et Fos. La majorité des communes de la zone verront doubler leur population d’ici à cinq ans, ce qui entraînera des bouleversements économiques et urbains importants. Pour l’instant, le cadre naturel est chaque jour détérioré par de nouvelles constructions dans l’anarchie la plus complète. Fos, encore à l’heure du chantier, risque de peser lourd pour l’avenir de la métropole marseillaise : concurrence ou complémentarité ?

R. D. et R. F.

➙ Aix-en-Provence / Arles / Bouches-du-Rhône / Méditerranée (mer) / Provence.

 A. Crémieux, Marseille et la royauté sous la minorité de Louis XIV, 1643-1660 (Hachette, 1917 ; 2 vol.). / V. L. Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille des origines à la victoire de Charles d’Anjou (Dragon, Aix-en-Provence, 1925). / M. Clerc, Massalia, histoire de Marseille dans l’Antiquité (A. Tacusset, 1927-1930, 2 vol. ; nouv. éd. Laffite, 1971). / G. Rambert, Marseille, la formation d’une grande cité moderne (Libr. des Alliés, Marseille, 1934). / R. Pernoud, Essai sur l’histoire du port de Marseille des origines à la fin du xiiie siècle (Institut historique de Provence, Marseille, 1935) ; les Statuts municipaux de Marseille (Picard, 1955). / R. Busquet, Histoire de Marseille (Laffont, 1945). / A. Négis, Marseille sous l’occupation, 1940-1944 (Éd. du Capricorne, 1947). / G. Rambert (sous la dir. de), Histoire du commerce de Marseille (Plon, 1949-1966 ; 7 vol. parus). / A. Sauvageot, Marseille dans la tourmente, 1939-1944 (Ozanne, 1949). / A. Olivesi, la Commune de 1871 à Marseille et ses origines (Rivière, 1951). / P. Guiral, Marseille et l’Algérie, 1830-1841 (Ophrys, Gap, 1957). / P. Carrère et R. Dugrand, la Région méditerranéenne (P. U. F., 1960 ; 2e éd., 1967). / F. Villard, la Céramique grecque de Marseille (vie-ive siècle), essai d’histoire économique (De Boccard, 1960). / M. Zarb, Privilèges de la ville de Marseille du xe siècle à la Révolution. Histoire d’une autonomie communale (Picard, 1961). / M. Roncayolo, Marseille (la Documentation fr., « Notes et études documentaires », 1963). / P. A. Fevrier, le Développement urbain en Provence de l’époque romaine à la fin du xive siècle (De Boccard, 1964). / A. de Ruffi, Histoire de Marseille (Libr. Sources, Aix-en-Provence, 1964 ; 2 vol., réimpr. de l’éd. de 1696). / L. Pierrein, Marseille et la région marseillaise (Association pour l’animation de la métropole provençale, Marseille, 1966). / C. Carrière, M. Courdurié et F. Rebuffat, Marseille, ville morte, la peste de 1720 (Libr. Maurice Garçon, Marseille, 1968). / J. R. Palanque (sous la dir. de), le Diocèse de Marseille (Letouzey et Ané, 1968). / M. Euzennat et F. Salviat, les Découvertes archéologiques de la Bourse à Marseille (Centre régional de documentation pédagogique, Marseille, 1969). / C. Vautravers, Marseille, l’équilibre du Sud (Stock, 1971). / E. Baratier (sous la dir. de), Histoire de Marseille (Privat, Toulouse, 1973). / F. Tavernier, la Vie quotidienne à Marseille de Louis XIV à Louis-Philippe (Hachette, 1973).


Archéologie et art


Marseille antique

Cité antique sans antiquités, tel était le paradoxe de Marseille il y a encore peu d’années. Toute trace matérielle semblait disparue. Or, coup sur coup, depuis la Seconde Guerre mondiale, ville grecque et ville romaine sont réapparues au jour avec une présence singulière.

La restructuration du quartier de la Bourse, entreprise en 1967, a permis la découverte fortuite d’un important ensemble d’architecture militaire : la fortification d’époque hellénistique (iiie s. av. J.-C.) fermant la cité au nord du Lacydon (port antique). Tour d’angle carrée aux fondations massives, avec des meurtrières intactes, courtine en ligne brisée, porte principale de la ville flanquée de deux tours carrées symétriques ; un grand bastion en terrasse, appelé « mur de Crinas » ; un quai en eau profonde et un bassin de radoub de 20 m de côté ; enfin un avant-mur de défense (proteichisma). Tout cela évoque la puissance de la Massilia phocéenne démantelée en 49 par César. L’enceinte, orientée sensiblement nord-sud, englobait l’ensemble de l’éperon triangulaire constitué par les trois buttes Saint-Laurent, des Moulins et des Carmes, soit une soixantaine d’hectares. La technique de construction par grands blocs de calcaire rose admirablement appareillés se retrouve identique à Syracuse et, en Provence, à l’oppidum avancé de Saint-Blaise.

La chaussée dallée de la porte principale est striée d’ornières correspondant à une surélévation du sol à l’époque romaine. De cette occupation des ier-iie s., un autre vestige a été dégagé dès 1947 par l’archéologue Fernand Benoit. Ce sont les restes des docks-entrepôts qui s’étendaient sur 200 m de long. Une trentaine de jarres énormes servaient à conserver grains, vin, huile. Un musée a été installé, avec des fragments d’épaves antiques. C’est une introduction historique nécessaire au musée de la Marine de Marseille, maintenant installé de façon très moderne dans le palais de la Bourse.


Marseille médiévale

Si la rive nord du Lacydon, enfermée dans ses murailles, était païenne et dédiée aux temples des dieux, la rive sud, dont le calcaire était criblé de grottes et de carrières, vit s’implanter le christianisme. D’abord culte interdit, il est célébré dans les catacombes d’un vaste cimetière. Un officier romain, saint Victor, l’un des premiers martyrs du iiie s. apr. J.-C., donne son nom au monastère fondé en 416 par un moine venu d’Arménie, Jean Cassien. Les cryptes de l’édifice actuel, d’un très grand intérêt, conservent les dispositions du ve s. Au sud, le petit mausolée primitif dit Notre-Dame-de-la-Confession, avec ses trois nefs ; au nord, Saint-André, objet de fouilles méthodiques et qui s’est révélé appuyé à d’anciens murs romains. D’autres chapelles funéraires sont dédiées à saint Victor, à saint Lazare, archevêque d’Aix. De magnifiques tombeaux et sarcophages des ive et ve s. sont à comparer à ceux des ateliers d’Arles et de Rome. Les Bénédictins reprendront le monastère des Cassianites et élèveront sur les cryptes vénérables une vaste église haute, reconstruite au xiiie s. et toujours debout : nef en berceau brisé de tradition romane, bas-côtés voûtés d’ogives. Un siècle plus tard (1363), transept et abside sont modifiés par un abbé qui deviendra le pape d’Avignon Urbain V ; il accentue le caractère fortifié du monastère en hérissant l’église de créneaux et de mâchicoulis.