Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Maroc (suite)

Après accord avec les Espagnols, qui, en octobre, s’emparaient d’Ajdir, l’offensive française, retardée par les tentatives de négociations d’Abd el-Krim, sera déclenchée le 8 mai 1926 au sud d’Ajdir. À la fin du mois, Targuist, le repaire d’Abd el-Krim, était occupé, et le chef rifain se rendait au général Pierre Ibos (1871-1949). Profitant des forces importantes dont il disposait, le commandement français acheva au cours de l’été 1926 la pacification des poches de Taza et du Moyen Atlas (notamment dans la région de Tichchoukt et du Bou Iblane).

1932-1934 : fin de la pacification

C’est seulement six ans plus tard que les dernières campagnes furent entreprises par les Français pour achever la pacification du Maroc. En 1932, le général Antoine Huré (1873-1949) s’emparait de la région comprise entre le Haut Atlas et l’Anti-Atlas, occupait Ksar-es-Souk, Erfoud, Ouarzazate et Zagora, tandis que Giraud chassait le rebelle Bel Kacem N’Gādī du Tafilalet. En 1933, de nouvelles opérations furent lancées sur le Haut Atlas, notamment sur le djebel Sagho, où s’illustra et fut tué le capitaine Henri de Bournazel (1898-1933). En 1934, enfin, un raid rapide permettait aux troupes françaises du Maroc de prendre contact à Tindouf avec celles de Mauritanie et mettait un terme à cet ensemble d’opérations qui duraient depuis plus de vingt-cinq ans. Désormais, le pays tout entier reconnaissait l’autorité du sultan.

H. de N.

➙ Lyautey.

M. A.

➙ Abd el-Krim / Afrique romaine / Almohades / Almoravides / Berbères / Empire colonial espagnol / Empire colonial français / Idrīsides / Lyautey / Marīnides / Mauritanie / Muḥammad V.

 Sources inédites de l’histoire du Maroc (Leroux, 1905-1918 et Geuthner, 1922-1960 ; 29 vol.). / L. Massignon, le Maroc dans les premières années du xvie siècle (Jourdan, Alger, 1906). / E. N. Anderson, The First Moroccan Crisis, 1904-1906 (Chicago, 1930). / C. A. Julien, Histoire de l’Afrique du Nord (Payot, 1931 ; nouv. éd. revue par C. Courtois et R. Le Tourneau, 1969, 2 vol.). / E. F. Cruickshank, Morocco at the Parting of the Ways (Philadelphie et Londres, 1935). / J. Carcopino, le Maroc antique (Gallimard, 1944 ; nouv. éd., 1955). / L. Chatelain, le Maroc des Romains. Étude sur les centres antiques de la Mauritanie occidentale (De Boccard, 1945). / G. Drague, Esquisse d’histoire religieuse du Maroc (Peyronnet, 1952). / A. Benebdellah, les Grands Courants de la civilisation du Maghreb (Impr. du Midi, Casablanca, 1958). / D. E. Ashford, Political Change in Morocco (Princeton, 1961). / F. Curata, la Questione marocchina e gli accordi mediterranei italo-spagnoli del 1887 e del 1891 (Milan, 1961-1964 ; 2 vol.). / R. Landau, Morocco Independent under Mohammed the Fifth (Londres, 1961). / J.-L. Miège, le Maroc et l’Europe, 1830-1894 (P. U. F., 1961 ; 4 vol.). / R. Le Tourneau, l’Évolution politique de l’Afrique du Nord musulmane, 1920-1961 (A. Colin, 1962). / J. Robert, la Monarchie marocaine (L. G. D. J., 1963). / S. Bernard, le Conflit franco-marocain, 1943-1956 (Institut de sociologie, Bruxelles, 1964 ; 3 vol.). / C. F. Stewart, The Economy of Morocco, 1912-1962 (Cambridge, Mass., 1964). / C. E. Dufourcq, l’Espagne catalane et le Maghreb aux xiiie et xive siècles (P. U. F., 1966). / L. Galand, J. Février et G. Vajda (sous la dir. de). Inscriptions antiques du Maroc (C. N. R. S., 1967). / P. Guillen, l’Allemagne et le Maroc de 1870 à 1905 (P. U. F., 1967) ; les Emprunts marocains, 1902-1904 (Éd. Richelieu, 1971). / G. Spillmann, Du protectorat à l’indépendance : Maroc 1912-1955 (Plon, 1967). / J. Brignon, A. Amine, B. Boutaleb, G. Martinet et coll., Histoire du Maroc (Hatier, 1968). / F. E. Trout, Morocco’s Saharan Frontiers (Droz, Genève, 1969). / L. Valensi, le Maghreb avant la prise d’Alger (Flammarion, 1969). / A. Laroui, l’Histoire du Maghreb, un essai de synthèse (Maspero, 1970). / C. Palazzoli, le Maroc politique (Sindbad, 1975).


La population et l’économie


Tradition et modernisme

35 p. 100 de la population sont berbérophones (15 à 20 p. 100 en Algérie, moins de 1 p. 100 en Tunisie). Leurs parlers se distribuent en trois grands groupes : le zenaṭiya du Rif oriental et de la bordure nord du Moyen Atlas ; le tamazirt des confédérations du Plateau central, du Moyen Atlas, et du Haut Atlas central et oriental ; le tachelhit du bloc chleuh (chluḥ), Haut Atlas central et occidental et Anti-Atlas. La constance des relations avec l’Afrique soudanaise explique que la part du peuplement noir soit marquée : gardes noires des capitales impériales, harratins (ḥarāṭīn) des oasis du Sud. On dénombrait encore, en 1956, quelque 200 000 Israélites, dont la majorité restait cantonnée dans les mellāḥs de grandes villes.

Dans les genres de vie, le nomadisme pastoral n’est plus authentiquement pratiqué que par les populations des confins sahariens (Aït Atta) ou des plateaux de l’Oriental (Béni Guil [Banī Gīl]), mais les montagnes, surtout le Plateau central (Zaïan [Zayān]) et le Moyen Atlas (Beni M’guild [Banī Mgīld]), connaissent des nuances multiples de la transhumance directe ou inverse, d’été ou d’hiver.

Le gouvernement du protectorat, ayant posé le principe de la préservation de la « civilisation indigène » et défini une « politique des collectivités », contribua à maintenir, voire à renforcer, l’organisation tribale et les traditions communautaires afférentes. La délimitation des bled jmāa (terres de collectivités), d’essence inaliénable, et la codification de leurs modes d’utilisation permirent de limiter l’emprise de la pénétration européenne.

Cette colonisation étrangère intéressa 1 020 000 ha (dont 270 000 de colonisation officielle), distribués entre 6 200 domaines. Dans la zone de protectorat français, les exploitations étaient rassemblées, pour les quatre cinquièmes, au nord d’une ligne Safi-Taza-Oujda, avec 210 000 ha dans le Saïs, 200 000 ha dans le Rharb, 130 000 ha en Chaouïa et, en plus, d’importants noyaux dans le Tadla, autour de Marrakech, entre Agadir et Taroudannt (ou Taroudant). La zone de protectorat espagnol ne comptait que 15 000 ha.

Depuis le retour à l’indépendance, en 1956, le gouvernement chérifien s’est orienté vers une politique de planification libérale, cherchant à fonder le développement du pays sur une croissance harmonieuse de l’agriculture et de l’industrie.