maniaco-dépressive (psychose) (suite)
Espoirs thérapeutiques
Le pronostic et la thérapeutique des psychoses maniaco-dépressives véritables ont été transformés par la réintroduction des sels de lithium. Ces derniers, connus et déjà appliqués (mais maladroitement) depuis plusieurs dizaines d’années, ont enfin retrouvé dans un passé plus récent une vogue très justifiée par le nombre et la qualité des résultats obtenus. Les auteurs scandinaves et anglo-saxons ont contribué à leur découverte. Le lithium, que l’on peut comparer au sodium, au magnésium, au calcium, existe dans l’organisme à l’état normal en très petites quantités. Sur le plan thérapeutique, on utilise le carbonate, le citrate, le sulfate et le gluconate de lithium. La voie d’administration est la voie buccale en comprimés ou en ampoules. Il est d’usage de faire un bilan préalable, clinique et biologique, puis de surveiller le taux de lithium dans le sang de manière régulière. Le lithium est surtout efficace pour prévenir les rechutes ou les nouveaux accès. Mais il a d’indiscutables effets curateurs, surtout dans les accès maniaques. Les formes de psychoses maniaco-dépressives qui sont les plus spectaculairement modifiées dans leur évolution sont celles qui comportent l’alternance d’accès d’excitation et d’accès dépressifs, et celles qui ne se traduisent que par des accès d’excitation. Les formes dont les accès sont toujours dépressifs sont moins nettement jugulées. Mais le gluconate de lithium leur sera peut-être plus spécialement réservé dans l’avenir. Quoi qu’il en soit, on peut associer au lithium des antidépresseurs, des tranquillisants ou des neuroleptiques, surtout dans le dessein de traiter une phase aiguë.
Outre le lithium, il existe un stabilisateur de l’humeur très différent, le dipropyl-acétamide, qui a tout son intérêt dans les cyclothymies mineures et dans tous les cas où le lithium n’a pu être appliqué.
Ces deux médicaments, le lithium et le dipropyl-acétamide, permettent actuellement de contrôler efficacement l’évolution de 90 p. 100 des cas de psychose maniaco-dépressive. Dans les cas les plus favorables, les cycles s’effacent presque complètement ; les hospitalisations, autrefois si fréquentes, deviennent de plus en plus rares.
Une légère correction de traitement suffit pour maintenir les malades en activité ou à un bon niveau d’adaptation socio-professionnelle.
L’indication du lithium dépend surtout de la fréquence des accès. Si ces derniers sont rares, on peut se contenter d’un simple traitement classique de chaque phase aiguë : électrochocs et antidépresseurs en cas de dépression, neuroleptiques en cas d’accès maniaque. En revanche, si les accès se rapprochent, se précipitent, retentissent gravement sur l’adaptation familiale ou professionnelle, il ne faut pas hésiter à utiliser le lithium ou le dipropyl-acétamide.
G. R.
➙ Psychose / Psychothérapie.
G. Winokur et coll., Maniac Depressive Illness (Saint Louis, 1969). / E. Kraepelin, Leçons cliniques sur la démence précoce et la psychose maniaco-dépressive (trad. de l’all., Privat, Toulouse, 1970).