Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

Makarenko (Anton Semenovitch)

Pédagogue soviétique (Bielopolie, Ukraine, 1888 - Moscou 1939).


Fils d’un ouvrier devenu instituteur, Makarenko sort de l’institut de pédagogie de Poltava en 1917, l’année de la révolution russe. Très influencé par Gorki* — qui demeurera un repère constant —, enthousiasmé par les perspectives socialistes, impatient de « créer l’homme nouveau », il a bientôt l’occasion de se mettre à l’ouvrage.

Dans le pays dévasté, des bandes d’enfants abandonnés, faméliques et loqueteux, survivent des fruits de leurs rapines et de leurs crimes : en 1920, dans des bâtiments en ruine, sans matériel, sans ravitaillement, s’ouvre la colonie Maksim-Gorki. Makarenko y perdra ce qui lui reste de préjugés : hors de lui, il « largue l’amarre pédagogique ». Quant aux colons, ayant à faire front aux éléments — humains ou naturels — hostiles, ils s’organisent collectivement. Ils vont non seulement vivre, mais aussi mettre sur pied une coopérative de production agricole qui de surcroît est une communauté éducative.

De cette œuvre de colonisation, Makarenko tirera enseignement.

Mais le développement de telles collectivités d’enfants bouscule la pédagogie officielle et dérange la bureaucratie administrative du régime : en 1927, Makarenko démissionne de son poste et accepte la direction de la colonie F. E. Dzerjinski — financièrement autonome — qu’il assure jusqu’en 1935.

Sa seconde expérience sera considérée comme une réussite : outre les appareils photographiques qu’elle produit, la colonie Dzerjinski forme de bons ouvriers, d’excellents techniciens et des citoyens soviétiques rompus à la discipline socialiste.

Régulièrement décoré après 1923, Makarenko devient conférencier et écrivain de renom.

En 1939, il adhère au parti communiste et meurt la même année d’une crise cardiaque.

Son œuvre, importante, demeure peu connue des pédagogues hors des pays socialistes. En France, si Makarenko est cité par des pédagogues progressistes, on retrouve tout aussi bien ses apports dans le travail de marginaux de l’éducation et de la thérapeutique C. Freinet* (l’Éducation du travail), F. Oury et A. Vasquez (Vers une pédagogie institutionnelle), F. Deligny (les Vagabonds efficaces et autres récits), F. Tosquelles (Structure et rééducation thérapeutique).

Pour Makarenko, infatigable chercheur, théoricien au sens critique constamment en éveil, « une telle tâche serait absolument au-dessus des forces de la pédagogie sans l’aide du marxisme, qui a résolu depuis longtemps le problème de l’individu et de la société ».

Les principales œuvres de Makarenko

Poème pédagogique (1933-1936), relatant l’épopée de la colonie Maksim-Gorki, dont des extraits ont été traduits en français sous le titre du film (1931) de N V Ekk le Chemin de la vie (préface par H. Wallon).

le Livre des parents (1937).

les Drapeaux sur les tours (1938), célébrant la colonie F. Dzerjinski.

Quelques lignes directrices de la pensée de Makarenko

• Le travail en soi est « pédagogiquement neutre ». Le « vrai travail » indispensable pour survivre, puis le travail productif avec des préoccupations d’ordre économique et relié à la production nationale socialiste favorisent les insertions dans un collectif.

• Refus de toute « explication psychologique ou biologique » : les symptômes actuels de l’inadaptation, l’estampille sociale sont délibérément ignorés. Délivré de son passé, l’enfant peut rejouer la partie.

• « La tâche de l’éducateur n’est pas du tout d’éduquer. [...] C’est le milieu qui éduque. [...] Libérée du poids de l’intention pédagogique, la collectivité peut se développer. » Notons qu’il s’agit d’un milieu très organisé, d’une « orchestration complexe qui fournit à chacun des réussites immédiatement reconnues, des perspectives, [...] de l’espace à conquérir [...] ». Le milieu éducatif n’est pas forcément un milieu protégé : « Un acte non risqué, voilà le pire risque. »

• Les exigences de la réalité sont éducatives. L’urgence ne permet guère de méditer ou de se perdre en discussions. L’éducateur « exige d’autant plus de l’individu qu’il l’estime davantage ».

• Le fonctionnement militaire des colonies (détachements, commandants, trompettes et drapeaux) marque l’appartenance à un groupe et suppose pour Makarenko l’acceptation d’un « réseau d’interdépendances tel que l’autorité et la subordination soient, si possible, réciproques ». Chacun apprend à obéir et à commander. Un système de réunions (conseils des commandants, assemblée générale régulière) assure la régulation quotidienne et le développement du collectif et témoigne de la participation de tous.

• « L’idée centrale est que l’éducation doit être assurée comme production de masse dans d’immenses collectivités économiquement indépendantes. »

M. E.

➙ Éducation / Freinet / Gorki (Maxime) / Pédagogie / Psychothérapie.

maladie

État qui se définit comme une perte de santé.



Généralités

En médecine, la maladie est une entité qui comporte en général : un nom (parfois un nom propre correspondant au nom du médecin qui décrivit le premier la maladie en l’individualisant par rapport aux autres affections) ; une cause précise ; des symptômes, qui permettent d’en faire le diagnostic ; parfois un substratum anatomique défini ; une évolution caractéristique, où apparaissent d’éventuelles complications, en fonction desquelles on porte un pronostic ; enfin un traitement plus ou moins spécifique, qui permet d’obtenir une guérison après une convalescence.