Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
M

machinisme agricole (suite)

Les trayons de l’animal sont introduits dans un gobelet constitué par deux tubes cylindriques concentriques. Le tube extérieur est rigide (métal ou plastique) et comporte un embout relié à la pompe par l’intermédiaire du pulsateur. Le tube intérieur est souple et délimite avec le premier un espace annulaire, il est relié en permanence à la source de vide. Lorsqu’on applique le vide de part et d’autre de la paroi souple, le lait s’écoule : c’est le temps de succion. Lorsqu’on met l’espace annulaire à la pression atmosphérique, le manchon comprime le trayon : c’est le temps de « massage », qui évite le congestion. Les deux phases (succion et massage) constituent un cycle. Le nombre de cycles par minute est voisin de 60. L’alternance de vide et de pression atmosphérique dans l’espace annulaire est obtenue par un organe assez complexe appelé pulsateur (à commande mécanique, pneumatique ou électrique). Le vide couramment employé est voisin d’une demi-atmosphère, et le rapport entre les temps de succion et de massage de 4/1, 3/1 ou 2/1.

La machine à traire a trois buts essentiels :
1o extraire le maximum de lait sans endommager la mamelle ;
2o obtenir un lait de bonne qualité ;
3o économiser les efforts et le temps de travail du trayeur.

Ces buts sont atteints partiellement, à condition que l’adaptation réciproque animal-machine soit bonne. L’animal doit être adapté morphologiquement et physiologiquement à la traite mécanique. Le vide et le manchon doivent convenir au mieux à l’animal.

Toutes les recherches récentes ont porté sur ces points : sélection, conduite de la traite, stabilisation du vide, nouveaux matériaux pour les manchons trayeurs.

La traite représente encore 50 à 60 p. 100 du temps de travail total consacré aux animaux, mais les diminutions concernent surtout les opérations qui suivent et qui précèdent la traite : selon certains, la « préparation » du pis par massage peut être simplifiée, voire réduite à un simple lavage précédant une pose quasi automatique des gobelets trayeurs. L’égouttage final à la machine est lui-même discuté, à condition que les indicateurs de fin de traite soient bien au point. La qualité bactériologique du lait ne sera comparable à celle qu’on obtient à la main que dans la mesure où le nettoyage est fait de façon parfaite. La source de pollution principale est la machine elle-même, si l’on n’y prend pas garde. Le contrôle et l’entretien du matériel de traite (niveaux et fluctuations du vide, état des manchons) sont primordiaux dans la lutte contre les mammites. Une machine bien réglée et bien entretenue est le préalable indispensable à toute prophylaxie de cette maladie.

• Nettoyage des étables. Ce travail est par nature assez rebutant. Il est donc naturel de le mécaniser ou de le supprimer presque totalement, même si le gain de temps reste relativement faible.

En stabulation libre, on se contente d’accumuler la litière et de l’enlever au chargeur frontal deux fois dans l’année. Mais le paillage doit toujours être fait manuellement.

En stabulation entravée ou en logette, deux procédés permettent de simplifier les travaux de nettoyage.

On peut envisager de rassembler les déjections dans un caniveau parcouru par un évacuateur à mouvement continu ou alternatif. Ces déjections sont dirigées vers un élévateur permettant de constituer un tas. Certaines parties de la stabulation doivent être raclées par des lames portées derrière un tracteur. On conçoit aisément que la conception des matériels de nettoyage doit être très liée à la conception du bâtiment lui-même.

L’autre solution consiste à placer les animaux de façon que les déjections liquides et solides se mélangent dans des caniveaux et se rassemblent dans une fosse dite « fosse à lisier ». On ajoute éventuellement de l’eau pour faciliter l’écoulement, et on supprime la paille ou bien on réduit au minimum son emploi. La technique a eu une grande vogue ces dernières années, mais semble butter sur des problèmes de coût de construction, d’homogénéisation dans les fosses à lisier et aussi de nuisances dans les étables situées près des habitations.

• Alimentation automatique. La mécanisation de l’alimentation est plus ou moins aisée selon la nature du produit.

Le foin se prête très mal à la manutention et à la distribution mécanique contrôlée. Tout au plus est-il compatible avec un libre-service, mais cette technique est surtout réservée à des effectifs relativement faibles. On en vient à supprimer ce type d’aliment grossier dans les élevages mécanisés.

L’enlisage est un produit un peu plus fluide dont la manutention à l’étable peut se faire mécaniquement par divers types de transporteurs (à vis, à tapis, à chariot mobile) à condition que les auges soient disposées en conséquence. L’extraction hors du silo, facile en silo-tour par divers types de désileuses, est moins courante en silos horizontaux.

Néanmoins, quelques machines sont proposées pour extraire l’ensilage des silos horizontaux, mais ce sont des matériels à forts débits souvent mal adaptés aux conditions françaises. Parfois, le silo horizontal est exploité en libre service, lorsque les effectifs ne sont pas trop importants.

La remorque distributrice à déchargement latéral apporte une solution relativement bon marché à la distribution d’aliments grossiers. Mais il faut disposer de locaux et d’auges suffisamment dégagés pour que la circulation de la remorque soit commode. On retrouve toujours la nécessaire liaison entre le local et les installations mécanisées.

La distribution des concentrés est souvent effectuée automatiquement en salle de traite, mais les temps de passage des laitières sont parfois trop réduits pour une ingestion suffisante. D’autre part, le dosage des concentrés est encore souvent trop imprécis.

Le problème de l’alimentation mécanique des laitières est donc particulièrement complexe, compte tenu de la diversité des aliments qu’on est amené à donner à ces animaux. La mécanisation de l’alimentation est beaucoup plus facile lorsqu’on peut utiliser un aliment unique, surtout sous forme liquide, comme c’est le cas pour les volailles et les porcs. Enfin, si l’on aborde l’étude économique de ces installations, on s’aperçoit que la rentabilité est rarement obtenue dans les conditions actuelles des élevages européens. Cette mécanisation est plutôt une garantie pour l’avenir, parfois un pis-aller, dû à la rareté et au coût croissant de la main-d’œuvre ainsi qu’aux exigences de plus en plus grandes des ouvriers qui n’acceptent plus n’importe quelles conditions de travail. Pour le moment, le matériel d’élevage représente en France seulement 5 p. 100 du chiffre des ventes de machines agricoles, ce qui s’accompagne évidemment de séries insuffisantes et de prix élevés.

M. A.