Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Luxembourg (suite)

La ville ancienne occupe un premier plateau sur la rive gauche de l’Alzette (entouré, à l’est et au nord, par l’Alzette, au sud par la Pétrusse). Le site primitif est un éperon escarpé, en aval de la confluence des deux rivières et s’avançant vers le sud-ouest. C’est le rocher du Bock (ou Bouc), qui servit de site au château de Sigefroi en 963 et est encore ceint de fortifications, aujourd’hui lieu de promenade d’où l’on découvre de magnifiques paysages. À l’ouest du Bock s’étend la ville ancienne avec la cathédrale Notre-Dame, l’église Saint-Michel, des couvents, le palais grand-ducal, la Chambre des députés, l’hôtel de ville, le musée de l’État, le beau refuge de l’abbaye Saint-Maximin de Trèves (aujourd’hui ministère des Affaires étrangères), les vieilles rues, la place du Vieux-Marché, mais aussi les grandes rues commerçantes. Ce plateau était défendu au nord-ouest, le seul côté dépourvu de vallée, par des fortifications ; à leur emplacement se situe le parc municipal, au milieu duquel sont installés les studios de Radio-Télé-Luxembourg. Enfin, au-delà de cette ceinture verte, vers l’ouest et le nord-ouest, s’étendent des quartiers résidentiels : Bel-Air, Merl.

Au sud, le deuxième plateau, le plateau Bourbon, est relié au premier par le pont Adolphe et le viaduc (la « Passerelle »). Ce quartier s’est développé en fonction de la gare qui se trouve au sud (de la gare partent les deux grands axes qui se dirigent, chacun, vers l’un des deux ponts : l’avenue de la Gare et l’avenue de la Liberté). C’est un secteur résidentiel avec des hôtels, des cinémas, des banques (Banque européenne d’investissement, près du pont Adolphe), des sièges sociaux (celui de l’A. R. B. E. D. notamment). Au sud de la gare se juxtaposent résidences et industries dans le faubourg d’Hollerich.

Un troisième plateau, au nord-est, le Kirchberg, est, depuis peu, relié au premier par le nouveau pont européen Grande-Duchesse-Charlotte. L’aéroport de Findel y est implanté ainsi que des résidences ; c’est un secteur de développement pour la ville.

Au-dessous de la ville haute, le long des rivières, s’étirent les faubourgs du Grund, de Clausen, de Pfaffenthal avec des industries anciennes, les rues en pente, aux maisons pittoresques.

Alors que la ville s’est surtout développée vers le nord-ouest (et pourra aussi se développer vers le nord-est, sur les plateaux), l’industrie se localise, de préférence, selon l’axe nord-sud, vallée de l’Alzette et voie ferrée. À Eich, la vallée du Mühlenbach (affluent de rive droite) a été occupée, au xixe s., par la sidérurgie. Dans la vallée même de l’Alzette, plus en aval, à Dommeldange trouvent place les industries récentes et des quartiers résidentiels. Mais cet axe, qui est l’axe principal de développement du grand-duché, attire aussi la résidence.

Pendant longtemps, la fonction essentielle de la ville fut militaire. L’éperon escarpé du Bock commande le passage de l’Alzette : au sud la vallée est moins encaissée, au nord elle s’élargit. Cet éperon commande deux grands axes : l’axe (romain) Paris-Reims-Arlon-Trèves (sud-ouest - nord-est) et l’axe nord-sud (Aix-la-Chapelle-Saint-Vith-Metz). Jusqu’en 1867, le Bock fut une des grandes forteresses de l’Europe : les Espagnols, Vauban*, les Autrichiens, les Prussiens en ont fait successivement une des pièces maîtresses de leur échiquier stratégique. En 1771, la ville « Gibraltar du Nord », compte 8 000 habitants et 4 000 soldats ; en 1815, les Alliés en font le bastion d’où l’on peut surveiller la France (garnison de 7 000 hommes). Ce rôle disparut en 1866 quand, après Sadowa, Napoléon III ne pouvant obtenir le « pourboire » luxembourgeois, obtint cependant l’indépendance du grand-duché et le démantèlement de la place.

Luxembourg est resté un nœud très important de communications. Les axes principaux qui traversent l’Ardenne venant de Namur, de Liège, d’Aix-la-Chapelle, de Coblence convergent vers la ville et y croisent les axes ouest-est qui longent l’Ardenne au sud. Luxembourg est ainsi en liaison directe et rapide avec Bruxelles, Londres, Amsterdam, Aix-la-Chapelle, Cologne, Paris, Metz, Bâle, Milan, occupant donc une position centrale en Europe occidentale. L’aéroport de Findel est en plein développement, notamment comme aéroport transatlantique.

L’industrie occupe une place limitée, employant environ le tiers seulement de la population active, et la politique gouvernementale tend à répartir les activités industrielles nouvelles hors de la capitale. La sidérurgie est la branche la plus développée (1 650 personnes en 1966). Luxembourg fut le premier site de la sidérurgie au début de la phase industrielle qui utilisa, à Eich, en 1845, la minette. À Eich encore fut construit, en 1858, le premier haut fourneau au coke ; en 1859, la voie ferrée apporta le coke et, en 1866, la famille Metz s’installa à Dommeldange (ce n’est qu’en 1870 que le premier haut fourneau s’implanta, au sud, sur la minette même). Aujourd’hui, à Luxembourg, sont en activité une aciérie et des laminoirs. Cette sidérurgie a donné naissance à des fonderies, à la métallurgie de transformation et à la construction électrique.

Les branches plus anciennes se sont modernisées, maroquinerie et ganterie notamment (le cuir est une vieille industrie luxembourgeoise, et la ganterie fut un moment la principale activité de la ville). Du textile est restée la confection. La manufacture royale de faïencerie était célèbre au xviiie s. ; Luxembourg fabrique encore de la vaisselle, des objets d’art, de la céramique. Il faut aussi ajouter l’imprimerie, la fabrication des meubles et des objets en bois, une manufacture de tabac, des usines de produits pharmaceutiques, d’explosifs, de couleurs et vernis, la parfumerie, la brasserie et, parmi les implantations récentes, la fabrication des pellicules plastiques.

Le secteur tertiaire est particulièrement développé, occupant les deux tiers de la population résidante, en 1966. Membres des professions libérales, chefs d’entreprises, cadres, personnel administratif et commerçants forment la moitié de la population résidante. Capitale du grand-duché. Luxembourg joue aussi un rôle dans le Marché commun ; sa position spatiale est intéressante, mais aussi ses fortes traditions. En 1952, les services de la C. E. C. A. s’installèrent à Luxembourg. La ville accueille aujourd’hui la Banque européenne d’investissement et la Cour de justice des Communautés. Le « personnel administratif » forme un cinquième des actifs de la ville.