Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Lot-et-Garonne. 47 (suite)

L’agriculture emploie le plus faible nombre de travailleurs : 25 p. 100 des actifs en 1975 contre 29 p. 100 pour l’industrie et 46 p. 100 pour le secteur tertiaire. Rares sont les régions aquitaines où l’empreinte humaine est aussi forte. Bois et forêts, réduits à l’état de lambeaux, sauf pour l’extrémité orientale du massif landais (à l’ouest de Nérac), couvrent seulement 116 000 ha. Dans cette région traditionnelle de polyculture familiale liée à l’habitat dispersé, les labours occupent les plus vastes espaces (230 000 ha), mais 30 000 ha sont plantés en vignes (notamment pour la production de raisins), et 13 500 consacrés aux cultures fruitières.

Les grandes vallées sont les artères maîtresses de la circulation, et les villes s’y sont développées. En aval de Fumel, d’où il s’échappe des Causses du Quercy, le Lot coule au milieu d’une ample vallée encadrée de hautes lignes de coteaux. Céréales, cultures légumières de plein champ (petits pois et haricots verts) et vergers (notamment de pruniers d’ente) se succèdent dans un paysage sans enclos au milieu duquel les belles demeures paysannes attestent la réussite récente de maint agriculteur. La commercialisation et le conditionnement des produits agricoles, ainsi que la conserverie et la fabrication de pruneaux, animent Sainte-Livrade-sur-Lot (6 016 hab.) et Villeneuve-sur-Lot (23 046 hab.), au plan caractéristique de bastide. Une petite usine sidérurgique se maintient à Fumel (7 070 hab.). Sur le Lot, autrefois navigable, plusieurs hydrocentrales de basse chute ont été aménagées.

Aussi humanisée est la vallée de la Garonne agenaise, couloir de circulation traditionnel. Si le canal latéral à la Garonne n’a qu’un trafic modeste, si la voie ferrée de Bordeaux à Toulouse a une activité moyenne, la circulation est intense sur la R. N. 113 (ce qui justifie la construction d’une autoroute dans les prochaines années). En amont du confluent du Lot, le fleuve lèche le coteau escarpé du pays des Serres, tandis que les premières collines gasconnes s’éloignent vers le sud, laissant place à une plaine alluviale aux cultures très soignées et variées, mais toujours menacées par les crues de fin d’hiver. En aval du confluent du Lot, la vallée s’épanouit sur la rive droite en de larges terrasses au pied des collines de mollasse. De Tonneins aux portes du Bordelais s’étend un openfield parsemé de quelques fermes isolées. C’est le domaine d’une polyculture dans laquelle les céréales, le tabac, les légumes, les tomates et l’élevage des veaux tiennent une place de choix. Marché rural, Tonneins (10 137 hab.) possède une importante manufacture de tabac. Marmande (17 723 hab.) fait davantage figure de ville.

Les grandes vallées agenaises séparent des régions au relief accidenté, à la population moins dense et aux formes d’économie moins intensives. Au nord du Lot et de la Garonne, les douces collines du Marmandais et les « pechs » calcaires plus hardis du Villeneuvois dominent d’amples vallées alluviales, notamment celle du Dropt. Exception faite des confins boisés du Périgord, c’est une région intensément mise en valeur, domaine d’une polyculture variée dont les tomates, les pruniers d’ente et l’élevage des veaux sont les pièces maîtresses. Dans cette région à l’écart des axes de communication, seul Miramont-de-Guyenne est animé par l’industrie.

Entre Lot et Garonne, le pays des Serres montre de lourdes échines calcaires séparées par les vallées parallèles des affluents de la Garonne agenaise. Dans ce secteur essentiellement rural, les communes les plus orientales montrent les formes d’économie agricole les plus traditionnelles ; la culture du blé y prend une place de premier choix. Plus à l’ouest, un petit vignoble de chasselas a été constitué autour de Prayssas et à proximité de Port-Sainte-Marie ; il s’intègre dans une polyculture dans laquelle les arbres fruitiers tiennent une place importante. Peu nombreux sont les hommes dans des régions de fermes isolées.

Au sud de la Garonne et à l’est de la Baïse, le Néracois forme la partie septentrionale des coteaux gascons. Dans ce pays aux étés lumineux, le blé vient bien et est un des fondements de la polyculture ; sur les coteaux de Laplume, la production de raisin de table (chasselas) est la ressource principale. Cité historique, Nérac (7 644 hab.) n’est plus qu’un petit marché rural, gravitant dans l’orbite d’Agen. À l’ouest de la Baïse, les pinèdes landaises sont perchées (vers 150 m) sur un plateau où le manteau de sable voile à peine le soubassement calcaire : des résurgences puissantes sont à l’origine des lagües, petits lacs de plateau, très nombreux dans cette région. Au cœur de cet ensemble monotone et l’un des moins peuplés de la forêt landaise, Casteljaloux (5 440 hab.) se niche dans un bassin plus riant : c’est une petite cité industrielle dont l’animation est liée au travail du bois (fabrication de panneaux Isorel).

S. L.

➙ Agen / Aquitaine / Garonne.

Lotto (Lorenzo)

Peintre italien (Venise v. 1480 - Lorette 1556).


Ce Vénitien est le contemporain de Giorgione* et de Titien*, mais son art semble l’antithèse de celui du maître d’Udine. Ses compositions parfois un peu lourdes, avec leurs effets de déséquilibre et d’enchevêtrement, son goût des couleurs froides, son indifférence aux préoccupations mondaines vont de pair avec un intérêt presque religieux pour la psychologie des personnages. Face au spectateur, au voyeur, les modèles de Lotto semblent toujours essayer de transmettre un message. Grâce à cette attention extrême portée aux échanges spirituels, il est le peintre incomparable de scènes d’Annonciation baignant dans un climat d’étrangeté.

Les renseignements manquent concernant ses origines et sa formation artistique. Les diverses influences sensibles dans ses œuvres indiquent davantage ses curiosités que l’empreinte d’un atelier précis. B. Berenson le pensait élève d’Alvise Vivarini (v. 1446 - apr. 1503), d’autres penchent pour G. Bellini*, dont à vrai dire tous les Vénitiens de cette époque ont à un moment donné imité la manière. Sans que l’on sache si ces influences ont été directes ou non, Antonello* da Messina, Dürer*, Melozzo* da Forli, Crivelli* président à sa formation.