Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Loire (Pays de la) (suite)

Le secteur tertiaire s’appuie sur le commerce, le tourisme, les services. Nantes et Saint-Nazaire occupent le cinquième rang des ports français (14 Mt), Le Mans commande les relations de la Bretagne avec Paris. Le tourisme balnéaire a conquis la côte : Côte d’Amour autour de La Baule, Côte de Jade autour du pays de Retz, Corniche vendéenne, Les Sables-d’Olonne, La Tranche-sur-Mer, îles de Noirmoutier et d’Yeu. La fréquentation intérieure est plus culturelle : villes d’art comme Nantes, Angers, Saumur, Le Mans ; abbayes de Fontevrault et Solesmes ; église de Cunault, château du Lude, prytanée de La Flèche. Un tertiaire supérieur de recherche se développe autour des universités nouvelles de Nantes et d’Angers.


Les mutations et les problèmes

Répartie entre ses trois grands secteurs, l’économie donne une impression d’équilibre. Sur 1 043 000 actifs (1968), 29 p. 100 appartiennent au secteur primaire (301 000), 35 p. 100 au secteur secondaire (363 000), 36 p. 100 au secteur tertiaire (379 000). Elle accuse en fait, par rapport à l’évolution française (respectivement 16 p. 100, 39 p. 100 et 45 p. 100), de grandes discordances. Mal outillée, la terre retient trop d’hommes. En baisse pourtant d’un tiers depuis 1954, les agriculteurs sont encore près de deux fois plus nombreux que dans le reste du pays. Beaucoup d’exploitations, trop petites, ne sont plus viables. Emportées par la concentration foncière, leur nombre est tombé, en quinze ans (1955-1970), de 188 000 à 139 000 (– 26 p. 100). L’industrie, en dépit de son extension, traverse des moments difficiles. Faite de nombreuses petites entreprises, elle cède devant la grande et est centrée sur quelques secteurs de fabrications, de surcroît souvent primaires (mines, grosse métallurgie). Elle est à la merci des marchés (chantiers navals). Les Pays de la Loire manquent d’industries de haute spécialisation (mécanique de précision, dérivés chimiques).

Les faiblesses économiques sont d’autant plus contraignantes que la démographie est vigoureuse. Avec une natalité de 19 p. 1 000 et une mortalité de 11 p. 1 000, la région enregistre un taux d’accroissement annuel de 8 p. 1 000, sensiblement supérieur au taux français (6 p. 1 000). La demande d’emploi s’en ressent. Elle oscille de façon chronique entre 11 000 et 20 000. Le pays reste peuplé (densité : 80), mais l’émigration sévit : 300 000 natifs l’ont quitté en un siècle. Aujourd’hui encore, le bilan migratoire se solde par une perte de 5 000 personnes par an (pour 80 p. 100 des actifs). La création d’emplois dans l’industrie et le tertiaire est devenue le grand problème. Mais l’offre n’est pas pressante. Ouverts sur l’Océan, privés de liaisons intérieures à gros débit, les Pays de la Loire tournent un peu le dos à l’Europe. Leur niveau salarial, qui en fait l’une des régions de France les plus mal payées (18e rang sur 22), précipite le départ des éléments qualifiés. Toute la Région est placée sous le régime des aides de l’État au développement, la plus grande partie sous le régime des aides maximales (zone I).

La croissance des villes est pour les Pays de la Loire un fait plus positif. La population urbaine atteint 1,4 million d’habitants, le taux d’urbanisation 54 p. 100. Nantes (462 134 hab. pour l’agglomération) progresse entre 1965 et 1975 de 17 p. 100, Le Mans (195 297) de 17 p. 100, Angers (195 173) de 20 p. 100, Saint-Nazaire (120 252) de 8 p. 100, Laval (59 576) de 30 p. 100, Cholet (54017) de 30 p. 100, La Roche-sur-Yon (48053) de 33 p. 100. Mais les orientations sont loin d’être convergentes. Le découpage de la Bretagne historique entre Région Bretagne* (capit. Rennes) et Pays de la Loire prive Nantes d’une partie de son arrière-pays traditionnel (le Morbihan surtout). Angers subit l’attraction de Paris, à plus forte raison Le Mans, mieux desservi avec Paris qu’avec sa capitale régionale. Laval, privé de relations directes par fer avec Nantes, paraît dans un angle mort. La Vendée, ancien Bas-Poitou, garde des attaches avec sa vieille province. La circonscription des Pays de la Loire a brisé l’unité de la Bretagne, du Poitou, du Val de Loire.

Du moins, dans la délicate mission qui est la leur, depuis 1960, de rassembler tant de morceaux hétéroclites sur un échiquier que la concurrence de Nantes et de Rennes et l’appel parisien compliquent singulièrement, les Pays de la Loire disposent-ils d’un axe de développement : l’axe Atlantique-Paris. Autour de lui se forge leur unité. Conforme à leur dessin général, matérialisé par les vallées de la Loire et de la Sarthe, bien équipé du point de vue ferroviaire, en cours d’aménagement pour la route, solidement assis sur leurs quatre villes principales, il est pour eux, qui se cherchent, la meilleure chance de se trouver.

Y. B.

➙ Angers / Anjou / Bretagne / Laval / Loire (la) / Loire-Atlantique / Maine / Maine-et-Loire / Mans (Le) / Mayenne / Nantes - Saint-Nazaire / Poitou-Charentes / Sarthe / Vendée.

Loire-Atlantique. 44

Départ. de la Région Pays de la Loire ; 6 893 km2 ; 934 499 hab. Ch.-l. Nantes*. S.-préf. Ancenis, Châteaubriant, Saint-Nazaire.


Le département résume en son nom sa double affinité. Axé sur le cours inférieur du fleuve, il s’ouvre de part et d’autre de son estuaire sur une façade maritime de 60 km. Son ordonnancement régional reflète son appartenance au Massif armoricain. Au nord, des rides appalachiennes gréseuses alternent avec des dépressions schisteuses (synclinal d’Ancenis), dans un ensemble de formes lourdes héritées de la pénéplaine primaire. Au centre, une tectonique plus vigoureuse met en évidence la grande direction hercynienne nord-ouest - sud-est, soulignée de Pontchâteau à Nantes par l’escarpement de faille du Sillon de Bretagne, de Nantes à Clisson par la rainure de la Sèvre. À l’ouest et au sud, l’affaissement du socle détermine une zone de basses terres occupées, de la Vilaine à la baie de Bourgneuf, par les marais de la Grande Brière, l’estuaire et le lac de Grand-Lieu. La côte, moulée sur de petits blocs basculés (plateau de Guérande, tombolo de Batz, pays de Retz), est alternativement rocheuse et sableuse.