Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

Loire (Pays de la)

Région économique de l’ouest de la France. C’est la cinquième Région par la superficie (32 126 km2) et la population (2,8 millions d’hab.). Elle comprend les départements de Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe et Vendée. Capit. Nantes.



Les caractères physiques

Les Pays de la Loire dessinent grossièrement un quadrilatère de grand axe N.-E. - S.-O. sur les marges orientales et sud-orientales du Massif armoricain. Allongés sur 250 km des collines de Normandie au Marais poitevin, au contact des Bassins parisien et aquitain, ils rassemblent des régions très diverses. Au nord, drainés par le réseau de la Maine (Mayenne, Sarthe, Loir), Maine et Anjou présentent une semblable dissymétrie. À un socle rubané, « appalachien », de schistes et de grès aux terres sombres (Bas-Maine autour de Laval, Anjou noir, ou Segréen) succèdent vers l’est de larges affleurements sédimentaires crétacés de sables et de calcaires aux teintes claires (Haut-Maine autour du Mans, Anjou blanc, ou Baugeois). Le paysage, bocager à l’ouest, ouvert ou ponctué de bois de pin à l’est, accuse les contrastes. Au centre, coupant la région, la Loire traverse le massif ancien dans une rainure étroite, trait d’union entre l’ample vallée d’Anjou, en amont, déblayée dans les sables secondaires, et l’estuaire, en aval, logé dans un creux tectonique (Grande Brière, lac de Grand-Lieu). Au sud, une dorsale cristalline flanquée de schistes, de direction armoricaine N.-O. - S.-E., oppose en Anjou, aux plateaux boisés du Saumurois, le bocage des Mauges, en Poitou, à la plaine dénudée de Fontenay-le-Comte, le Bocage vendéen. L’ensemble, hérité de rejeux tertiaires du bâti hercynien, présente une disposition en gouttière, entre les points hauts des Avaloirs au nord (417 m, point culminant de la région et du Massif armoricain) et du Massif vendéen au sud. Seule la résistance des roches dans les vallées donne au relief quelque vigueur : Suisse mancelle sur la Sarthe, Corniche angevine sur la Loire, Sèvre nantaise. La côte, moulée sur de petits horsts et des ondulations du Massif vendéen, est alternativement rocheuse et sableuse. Le climat, marqué par l’influence océanique, est doux (Nantes : 5 °C en janvier, 18,5 °C en juillet, amplitude de 13,5 °C ; Le Mans : 3,8 °C en janvier, 18,8 °C en juillet, amplitude de 15 °C [Paris : amplitude de 16,2 °C]). L’été, l’avancée de l’anticyclone des Açores sur le sud de la région introduit des écarts pluviométriques (Laval : 761 mm ; Les Sables-d’Olonne : 698 mm). Le nord est le pays du pommier et du cidre ; le sud, plus ensoleillé, celui de la vigne et du vin.


L’économie

Elle juxtapose un grand nombre d’activités. L’agriculture en compte d’importantes. Desservie par des sols lourds et acides et par une propriété nobiliaire figée, elle ne procura longtemps que de maigres ressources : seigle, blé noir, choux, élevages rustiques. Le chaulage, l’engrais, les façons culturales l’ont amendée. Les marchés se sont ouverts. Alluvions de vallées, éboulis de coteau, placages calcaires offrent de bons terroirs. Dans l’élevage intensif et les cultures spécialisées, les Pays de la Loire ont trouvé leur vocation. Sur une surface d’herbages et de cultures fourragères de 1,8 Mha (les deux tiers des terres exploitées), ils tiennent en France le premier rang pour le cheptel bovin (2,7 millions de têtes) et la production de viande (160 000 t), le second pour le lait (28 Mhl, beurre, Port-Salut, camembert). Aux côtés des races Maine-Anjou et normande, la charolaise pour ses aptitudes bouchères, la française frisonne pie noir pour ses aptitudes laitières ont fait des entrées remarquées. Au premier rang également pour les chevaux (115 000), les Pays de la Loire sont au quatrième pour les porcs (670 000, race Craon-Yorkshire mayennaise), élèvent un troupeau ovin de 260 000 têtes (race bleue du Maine), des lapins angoras (Saumurois), des canards (canards « nantais » du Marais breton). Une pisciculture de rapport couvre en Loire-Atlantique 13 000 ha d’étangs. La pêche anime quelques ports côtiers : La Turballe, Le Croisic, Pornic, Croix-de-Vie, Les Sables-d’Olonne (thon, sardine, maquereau, crustacés).

Les Pays de la Loire sont aussi au premier rang pour les cultures maraîchères (31 000 ha), au second pour les légumes secs de plein champ (12 000 ha). Val de Loire et banlieue nantaise produisent des primeurs ; la Vallée d’Anjou, des porte-graines ; Nantes et Saumur, des fraises. L’arboriculture fruitière prospère en Loire-Atlantique, en Maine-et-Loire, dans la Sarthe (pommes golden et reinettes du Mans) ; l’horticulture florale, autour d’Angers (hortensias bleus, dahlias), de Doué-la-Fontaine (roses), de Nantes (muguet). Tournés au midi, des vignobles réputés ourlent les coteaux du Saumurois (Souzay-Champigny), de l’Aubance (Brissac-Quincé), du Layon (Quarts-de-Chaume), du pays nantais (muscadet, gros plant) : au total, une production de 2 à 3 Mhl sur 65 000 ha. Le Saumurois exploite des champignonnières dans d’anciennes carrières de craie tuffeau.

L’industrie n’est pas moins diversifiée. Ancienne, elle a gardé d’une longue tradition des forges dans le Maine, des ateliers de filature, de tissage, de confection en Mayenne et en Maine-et-Loire (Choletais). Les industries extractives et alimentaires exploitent les ressources locales : mines de fer (Rougé, Segré), d’ardoises (Trélazé, Segréen), d’uranium (L’Ecarpière), biscuiteries (Nantes), conserveries de légumes, de poissons (Nantes, Les Sables-d’Olonne), de viandes (Pouzauges). À l’activité portuaire de la Basse-Loire restent attachés la construction navale (Saint-Nazaire et Nantes, premiers chantiers français) et le traitement des métaux non ferreux (fer-blanc à Basse-Indre, cuivre et plomb à Couëron). Près de Saint-Nazaire, la raffinerie de Donges traite annuellement 8 Mt de pétrole et alimente notamment deux grandes centrales thermiques près de Nantes, Cheviré et Cordemais, qui totalisent un potentiel énergétique de plus de 8 TWh. D’importants apports du dehors se sont ajoutés. La chaussure relayait en Choletais, à la fin du xixe s., le textile en crise ; Le Mans accueillait en 1936 un transfert partiel des usines automobiles Renault de Boulogne-Billancourt ; la décentralisation parisienne créait, entre 1955 et 1970, 35 000 emplois, dans les industries automobile, aéronautique, électrique et textile (Nantes, Saint-Nazaire, Angers, Cholet, Laval). Les Pays de la Loire comptent soixante établissements industriels de plus de 500 salariés, dont vingt-deux de plus de 1 000.