Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

locomotive (suite)

L’augmentation continuelle de la puissance des locomotives Diesel est surtout liée à l’évolution des moteurs, mais les perfectionnements dont elles font l’objet proviennent en grande partie des progrès réalisés sur les locomotives électriques. Les dispositions mécaniques et électriques adoptées sont souvent identiques à celles des locomotives électriques les plus rapides. Elles permettent ainsi une certaine homogénéité du matériel moteur moderne des grands réseaux et autorisent une unification favorable à la construction et à l’entretien économique des locomotives.

C. M.

 P. Patin, la Traction électrique et diesel-électrique (Eyrolles, 1952). / E. Devernay, la Locomotive actuelle à vapeur (Dunod, 1954). / M. Chatel, la Traction à moteurs thermiques (Eyrolles, 1960). / M. Garreau, la Traction électrique (Éd. scientifiques Riber, 1965). / E. S. Cox, World Steam in the Twentieth Century (Londres, 1969). / Y. Broncard et F. Fenino, French Steam (Londres, 1970). / J. Borgé et N. Viasnoff, les Locomotives à vapeur (Balland, 1976).

Łódź

V. de Pologne.


C’est la seconde ville de Pologne par la population (750 000 hab., plus de 900 000 dans l’agglomération urbaine) et l’un des centres textiles les plus importants d’Europe, le premier en Pologne, fournissant la moitié de la valeur globale de la production textile nationale et surnommé pour cette raison le « Manchester polonais ».

La ville est née pratiquement après le congrès de Vienne (1815) dans la partie administrée par les Russes, qui utilisent des circonstances favorables (proximité de la Prusse et de l’Autriche, immensité du marché d’Europe orientale) pour y implanter le textile. La personnalité du chef de la voïévodie a joué un rôle déterminant : dans la localisation des premières usines, dans l’appel à des fabricants et artisans des pays voisins (Tchèques de Bohême, Polonais de Prusse-Orientale, Allemands), dans la recherche de capitaux, dans la fondation d’une première ville (Zgierz) et d’un centre de 3 000 habitants où se localisent les premières « fabriques » de coton (Łódź), dans l’appel à une main-d’œuvre d’origine rurale souvent féminine (sous-employée dans la campagne et qui vient s’installer, attirée par les salaires réguliers, dans les faubourgs étirés le long des routes ou dans les quartiers au plan anarchique entourant les usines). Łódź passe de 20 000 habitants en 1850 à 50 000 en 1860, dépasse les 100 000 en 1880, les 300 000 en 1897, le demi-million à la veille de la Première Guerre mondiale. La ville s’est progressivement « polonisée », mais l’opposition sociale entre la haute bourgeoisie faisant construire des palais au milieu des parcs et le sous-prolétariat misérable et analphabète reflète alors parfaitement le caractère de ce premier « capitalisme sauvage », dont les fonctions comme le plan de la ville offrent des exemples classiques.

Łódź est restée la ville du textile, mais sa prépondérance dans l’ensemble polonais s’est réduite et ses fonctions se sont diversifiées. Sur un effectif de 360 000 actifs dans le secteur d’État et coopératif, l’industrie occupe 200 000 personnes, dont 120 000 pour le textile (plus de la moitié de femmes) ; 60 p. 100 de la production se composent de coton, 20 p. 100 de laine, le reste de soie artificielle et de fibres synthétiques dont la matière première provient d’autres régions polonaises. Dans l’ensemble, il s’agit d’une production à bon marché d’où la confection et les articles de luxe sont exclus (contrairement à la Silésie où les tissages de laine sont de haute qualité). Ainsi s’expliquent les orientations des exportations (Moyen-Orient, Afrique, Asie), mais aussi une certaine crise due à la concurrence d’autres producteurs et à la difficulté d’une reconversion (réussie). D’autres branches se sont développées : la fabrication de machines textiles, en particulier pour le travail de la soie et les colorants, Łódź est devenue l’un des centres polonais du cinéma. Son université comprend une école polytechnique, plusieurs facultés, dont celle de médecine, et un centre d’accueil pour les étudiants africains. Le nouveau centre du commerce des textiles et la nouvelle bibliothèque universitaire témoignent de l’importance du secteur des services, qui tend à supplanter le secteur secondaire.

Le plan de la ville reste celui du xixe s., d’autant plus qu’elle a été l’une des rares villes de Pologne à ne pas souffrir de la guerre. Le centre orthogonal monotone s’ordonne autour de l’artère principale de la Piotrkowska et constitue le Śródmieście. Autour subsistent les témoignages d’une urbanisation inachevée : énormes fabriques enclavées dans le tissu urbain, voies ferrées avec de nombreux embranchements, parcs (qui entouraient les résidences des anciens magnats du textile), lotissements anarchiques aux voies en impasse ou tortueuses, récemment dotés du confort moderne. Enfin, des faubourgs interminables se relient insensiblement à la campagne, le long des voies ferrées ou des lignes de tramways, et des villes ou usines satellites forment une conurbation textile (Zgierz, qui s’est développée beaucoup plus lentement que Łódź à partir de 1850, Aleksandrów, Konstantynów...). De grands ensembles monotones ont été construits à la périphérie et tendent à rassembler la population des quartiers vétustés progressivement détruits. Les mouvements pendulaires restent toutefois relativement réduits, car la main-d’œuvre se localise à proximité du lieu d’emploi. Le déséquilibre du sex ratio (402 000 femmes contre 347 000 hommes) et la faiblesse du taux d’excédent naturel, liée à celle du taux de natalité (9,7 p. 1 000 en 1968 contre 26,3 en 1950, alors que le taux de mortalité est voisin de 9 p. 1 000), traduisent les difficultés de la vie dans une agglomération qui n’est pas destinée à s’accroître, mais doit rapidement développer d’autres secteurs d’activité en réduisant proportionnellement la part du textile dans son image de marque.

A. B.