Lens (suite)
La situation est donc déjà satisfaisante. Cinq zones industrielles attirent des usines nouvelles. À Lens même, Firestone produit des câbles pour pneus ; à Hénin-Beaumont se sont implantés une usine de transformation de plastique (Quillery) et deux établissements textiles venus de Roubaix-Tourcoing (déjà plus de 700 emplois en 1972). La région de Lens ne possède pas ces grosses usines automobiles établies dans les autres secteurs houillers, mais, en fait, la Française de mécanique Renault-Peugeot, qui représente environ 7 000 emplois, est installée à Douvrin, mais fait venir une partie de sa main-d’œuvre de Lens. C’est donc surtout la métallurgie de transformation qui se développe actuellement, suivie par le textile et l’habillement, tandis que la chimie recule.
On doit, dans l’avenir, renforcer les fonctions de rayonnement et de services, et densifier une agglomération allongée d’ouest en est (Liévin, Lens, Hénin-Beaumont, encadrée par les quatre autoroutes. Dans l’aménagement proposé pour le Nord, cette agglomération s’insère dans l’aire urbaine centrale (l’ancien bassin houiller y étant représenté par les agglomérations de Béthune, de Lens et de Douai), et l’on a proposé de donner la prééminence à Lens, ville centrale.
L’histoire
Lens était au xie s. la capitale d’un comté qui appartenait au père de Godefroi de Bouillon. À la fin du xiie s., la ville fut apportée en dot au roi de France Philippe Auguste par sa première femme, Isabelle de Hainaut, fille du comte Baudouin V. Elle fut réunie à la Couronne en 1192 et bientôt dotée d’une charte.
Au début du xiiie s., un disciple de saint François d’Assise, saint Pacifique, y fondait le premier couvent de Mendiants établi en Flandre. Située sur la frontière nord de la France, la ville fut âprement disputée du xve au xviie s. par les Flamands, les Bourguignons, les Français et les Espagnols, au pouvoir desquels elle tomba successivement.
Durant la guerre de Trente Ans, l’archiduc Léopold d’Autriche, gouverneur général des Pays-Bas, s’en était emparé au moment où s’engageaient des pourparlers qui devaient conduire à la paix de Westphalie. Mais le 20 août 1648, à la veille de la révolte parisienne de la Fronde, le prince de Condé remportait à Lens une victoire décisive sur les Impériaux, et l’empereur n’avait plus qu’à signer la paix. La ville fut cédée définitivement à la France par le traité des Pyrénées en 1659 et devint alors un chef-lieu de bailliage.
Elle fut occupée durant presque toute la durée de la Première Guerre mondiale par les troupes allemandes, qui ne l’évacuèrent qu’en octobre 1918. Elle fut démolie presque entièrement, et ses installations minières furent systématiquement détruites. Elle fut remise en état après la guerre, et la production de charbon put reprendre en 1921. En 1944, Lens a de nouveau souffert des bombardements.
P. R.
A. G.
➙ Nord-Pas-de-Calais (Région du) / Pas-de-Calais.