Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
L

laboratoire d’analyses médicales (suite)

Cytologie

C’est l’étude des cellules présentes dans les liquides et les sécrétions organiques. L’examen de ces cellules s’effectue au microscope, soit directement, soit après concentration par sédimentation ou centrifugation, à l’état frais ou après coloration de frottis. Ce type d’examen est très fréquemment pratiqué, en particulier pour l’urine, où il permet de déceler un excès de leucocytes (pus) ou d’éléments provenant de la vessie ou du rein (cellules épithéliales, cylindres, cristaux), et pour la sécrétion vaginale, la cytologie de cet organe étant le reflet exact, chez la femme réglée, de son métabolisme hormonal. L’examen cytologique qualitatif est souvent complété par un examen quantitatif consistant en une numération des éléments rapportée à l’unité de volume (v. cytologie).


Hématologie

C’est la cytologie des cellules du sang et des organes hématopoïétiques (moelle osseuse, rate, foie). L’examen hématologique du sang est très fréquemment demandé, en raison de la facilité relative et de la rapidité de son exécution ainsi que du grand nombre de renseignements qu’il est susceptible de fournir à la clinique ; il comprend essentiellement la numération des cellules sanguines (hématies, leucocytes, plaquettes), le dosage de l’hémoglobine et de l’hématocrite (rapport relatif des volumes des hématies et du plasma sanguin) et la description statistique des leucocytes (formule leucocytaire). Les numérations sont obtenues après dilutions convenables par comptage sous le microscope dans une « cellule » de volume connu, par photométrie ou par comptage électronique dans des compteurs de particules spécialement construits pour l’hématologie. La formule leucocytaire est établie sous le microscope sur des frottis très minces et convenablement colorés. Outre les maladies du sang (anémies et leucémies diverses), l’examen hématologique permet de déceler et de suivre le traitement d’un grand nombre d’affections, en particulier les infections microbiennes (polynucléose), les parasitoses et les allergies (éosinophilie). À l’hématologie on rattache habituellement la mesure de la vitesse de sédimentation globulaire, accélérée dans les cas pathologiques, mais non spécifique, et les mesures ayant trait à la crase sanguine : temps de saignement et de coagulation (pro-thrombine, thrombine, pro-accélérine), test de résistance à l’héparine, thrombo-élastogramme.


Bactériologie

On effectue la recherche des germes pathogènes par trois types de méthodes :
— l’examen direct des produits pathologiques au microscope, après étalement sur lame et coloration ou à l’état frais (cet examen, le plus simple, permet de juger de la mobilité du germe, de sa forme et de ses dimensions, de ses caractères tinctoriaux ainsi que d’orienter des recherches futures, sinon un diagnostic immédiat) ;
— les cultures, qui permettent de déceler un germe peu abondant dans un liquide pathologique, de séparer et d’isoler les germes en cas de pluralité, enfin de les identifier avec précision grâce aux caractères de la culture et aux substances présentes dans les produits de leur métabolisme ;
— la recherche de leurs propriétés antigéniques et la mise en évidence des anticorps dans les liquides organiques, en particulier dans le sérum. Ces techniques, qui relèvent de l’immunologie*, ont été introduites par Widal (sérodiagnostic de la fièvre typhoïde) ; les sérodiagnostics restent positifs un certain temps après guérison. Plus restrictivement, on donne le nom d’examens sérologiques à un ensemble de techniques utilisées pour le dépistage de la syphilis et la surveillance de son traitement. Ces techniques ne peuvent être pratiquées que par les laboratoires dits « agréés ». Elles ressortissent à trois types de réactions : les méthodes d’immobilisation du tréponème, comparables au sérodiagnostic de Widal ; les méthodes de « déviation du complément », utilisant comme indicateur un système hémolytique antimouton (réactions du type « Bordet-Wassermann ») ; les méthodes de floculation, en général plus sensibles, mais moins spécifiques que les précédentes. La recherche sérologique de la syphilis est obligatoire dans les premiers mois de la grossesse et exigée pour l’établissement du certificat prénuptial.


Biochimie-biophysique

C’est ce département du L. A. M. qui se développe le plus rapidement, en raison de l’importance croissante qu’a prise la biochimie* durant les dernières décennies et par suite des moyens d’investigation qu’elle a pu mettre au service de la clinique. En même temps se sont introduites des méthodes d’analyse nouvelles. Aux méthodes classiques que sont la gravimétrie et la volumétrie se sont ajoutées de nouvelles techniques : spectrophotométrie, photométrie de flamme, électrophorèse* sur support solide, chromatographie, d’un usage aujourd’hui courant, qui permettent d’effectuer de nombreux dosages sur des échantillons de volume réduit (microméthodes).

Ainsi peut-on doser rapidement la plupart des constituants du plasma (l’urée, l’acide urique, les protides, le glucose, les divers constituants lipidiques, les électrolytes, ainsi que de nombreuses enzymes [phosphatases, transaminases, amylases...] et les hormones).

Le but du L. A. M. est de fournir au clinicien des renseignements exacts dans un délai autant que possible rapide. La pratique de la bactériologie et celle de l’hématologie évoluent relativement peu ; par contre, elles exigent de la part du biologiste une part importante de réflexion et d’interprétation. Au contraire, la pratique de la biochimie, science exacte, demande une exécution rigoureuse des méthodes d’analyse qu’il aura mises au point en fonction du matériel dont il dispose. On constate d’ailleurs une tendance à l’industrialisation pour le dosage des éléments les plus courants et les plus demandés. Mais, quelles que soient ses méthodes de travail, le biologiste ne peut perdre le contact du malade, ni sous-estimer l’importance des renseignements qu’il communique au clinicien, avec lequel il doit demeurer en rapport constant.

R. D.