Site de l’Inde* centrale (Madhya Pradesh, district de Chatarpur), sur la rive gauche de la rivière Ken ; ancienne capitale de la dynastie des Candella (ixe-xiiie s.), célèbre pour un ensemble de temples aussi remarquables par la qualité de leurs sculptures que par l’originalité de leur architecture.
Sur les quelque 85 temples qui auraient été édifiés, une trentaine subsistent ; de destination brahmanique ou jaina, presque tous ont été fondés à l’apogée de la dynastie (env. 950 à 1050). Apparentés à l’architecture du nord de l’Inde, construits généralement en grès, ils comportent une toiture curviligne (de type śikhara) et présentent sensiblement les mêmes dispositions que les temples de l’Orissa (Bhubaneswar*). Pourtant, les plans cruciformes, la complication de la toiture du sanctuaire (flanquée de réductions de śikhara étagées), les portiques traités en balcons confèrent à ces temples élevés sur de hautes plates-formes, moins sobres que ceux de Bhubaneswar, une élégance particulière caractéristique d’un véritable style. Comme en Orissa et au Mysore, la modénature joue un rôle important, mais c’est la richesse et l’abondance du décor sculpté qui affirment l’originalité de l’art des Candella.
Le décor figuratif tient à Khajurāho une place considérable, ornant à profusion les parois extérieures des temples et même l’intérieur des sanctuaires. Divinités, déités de tous rangs, ascètes, personnages de toutes castes et de tous âges, animaux réels ou fantastiques animent niches, frises et piliers. Ces œuvres, traitées le plus souvent en très haut relief et dans un style très intellectuel, réservent un rôle éminent à l’érotisme : couples enlacés (mithuna), dont le caractère favorable est bien établi dans l’art indien, ou scènes à plusieurs acteurs auxquelles les textes ou la référence à des rites tantriques ne fournissent pas toujours une explication. Longtemps condamnées par une certaine pudibonderie, les sculptures de Khajurāho n’en méritent pas moins une place de premier rang dans l’art universel.
Les temples constituent trois groupes principaux : un groupe est, correspondant à l’ancienne capitale et réunissant les ensembles les plus célèbres (Kaṇḍāriya Mahādeva, Viśvanātha, Lakṣmaṇa...) ; un groupe central, autour du village actuel, avec fondations brahmaniques au nord (Vāmana...) et jaina au sud (Parśvanātha...) ; un groupe sud, près du village de Jatkari (Dulādeva, Caturbhuja). Indépendamment de restaurations dont certains temples ont été constamment l’objet (groupe jaina), l’ensemble apparaît, en raison de la qualité de la construction, comme l’un des mieux conservés de l’Inde.
J. B.
B. L. Dhama et S. C. Chandra, Khajuraho. Guide (Delhi, 1957). / E. Zannas et J. Auboyer, Khajuraho (La Haye, 1960). / K. Lal, Immortel Khajuraho (Delhi, 1965). / V. Prakash, Khajuraho (Bombay, 1967).