Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Keynes (John Maynard) (suite)

 R. F. Harrod, The Life of John Maynard Keynes (New York, 1951 ; nouv. éd., 1967). / A. Barrère, Théorie économique et impulsion keynésienne (Dalloz, 1952). / A. H. Hansen, A Guide to Keynes (New York, 1959 ; trad. fr. Introduction à la pensée keynésienne, Dunod, 1967). / M. Stewart, Keynes and After (Harmondsworth, 1968 ; trad. fr. Keynes, Éd. du Seuil, 1969).

Khajurāho

Site de l’Inde* centrale (Madhya Pradesh, district de Chatarpur), sur la rive gauche de la rivière Ken ; ancienne capitale de la dynastie des Candella (ixe-xiiie s.), célèbre pour un ensemble de temples aussi remarquables par la qualité de leurs sculptures que par l’originalité de leur architecture.


Sur les quelque 85 temples qui auraient été édifiés, une trentaine subsistent ; de destination brahmanique ou jaina, presque tous ont été fondés à l’apogée de la dynastie (env. 950 à 1050). Apparentés à l’architecture du nord de l’Inde, construits généralement en grès, ils comportent une toiture curviligne (de type śikhara) et présentent sensiblement les mêmes dispositions que les temples de l’Orissa (Bhubaneswar*). Pourtant, les plans cruciformes, la complication de la toiture du sanctuaire (flanquée de réductions de śikhara étagées), les portiques traités en balcons confèrent à ces temples élevés sur de hautes plates-formes, moins sobres que ceux de Bhubaneswar, une élégance particulière caractéristique d’un véritable style. Comme en Orissa et au Mysore, la modénature joue un rôle important, mais c’est la richesse et l’abondance du décor sculpté qui affirment l’originalité de l’art des Candella.

Le décor figuratif tient à Khajurāho une place considérable, ornant à profusion les parois extérieures des temples et même l’intérieur des sanctuaires. Divinités, déités de tous rangs, ascètes, personnages de toutes castes et de tous âges, animaux réels ou fantastiques animent niches, frises et piliers. Ces œuvres, traitées le plus souvent en très haut relief et dans un style très intellectuel, réservent un rôle éminent à l’érotisme : couples enlacés (mithuna), dont le caractère favorable est bien établi dans l’art indien, ou scènes à plusieurs acteurs auxquelles les textes ou la référence à des rites tantriques ne fournissent pas toujours une explication. Longtemps condamnées par une certaine pudibonderie, les sculptures de Khajurāho n’en méritent pas moins une place de premier rang dans l’art universel.

Les temples constituent trois groupes principaux : un groupe est, correspondant à l’ancienne capitale et réunissant les ensembles les plus célèbres (Kaṇḍāriya Mahādeva, Viśvanātha, Lakṣmaṇa...) ; un groupe central, autour du village actuel, avec fondations brahmaniques au nord (Vāmana...) et jaina au sud (Parśvanātha...) ; un groupe sud, près du village de Jatkari (Dulādeva, Caturbhuja). Indépendamment de restaurations dont certains temples ont été constamment l’objet (groupe jaina), l’ensemble apparaît, en raison de la qualité de la construction, comme l’un des mieux conservés de l’Inde.

J. B.

 B. L. Dhama et S. C. Chandra, Khajuraho. Guide (Delhi, 1957). / E. Zannas et J. Auboyer, Khajuraho (La Haye, 1960). / K. Lal, Immortel Khajuraho (Delhi, 1965). / V. Prakash, Khajuraho (Bombay, 1967).

Kharkov

Ville de l’U. R. S. S., en Ukraine.


Avec 1 223 000 habitants (contre 953 000 en 1959 et déjà 171 000 en 1897, premier recensement effectué dans la Russie tsariste), c’est la seconde ville d’Ukraine derrière Kiev.

Kharkov est l’une des forteresses qui jalonnent la conquête russe en direction des steppes du Midi. Au xviie s., alors qu’elle avait subi les pillages des Mongols et des nomades durant quatre siècles, elle renaît sous la forme d’une forteresse destinée à consolider l’avance russe, au milieu de ce que les historiens ont appelé l’« Ukraine des bourgs ». Elle n’a pas d’autre justification topographique, n’étant même pas située sur un fleuve, comme beaucoup d’autres villes de l’U. R. S. S., et son site plat est banal, au contraire de celui de Kiev.

Le deuxième facteur de développement a été la construction à la fin du xixe s. de la grande voie ferrée unissant Moscou à la Crimée et à la mer Noire (Sébastopol) par le bassin houiller de Toula et les villes d’Orel et de Koursk. Kharkov devient alors un embranchement ferroviaire vers le Donbass*, une gare de triage et de ravitaillement avec une forte population de cheminots. Elle est, plus que Kiev, le centre des industries d’aval du Donbass, dont elle est beaucoup plus proche. Elle équipe l’armée russe en armement et l’agriculture ukrainienne en machines agricoles. Sous le pouvoir soviétique, elle est devenue le siège du plus gros combinat de matériel roulant et de matériel agricole de toute l’Union. Le secteur de l’industrie mécanique s’adapte aux besoins nouveaux : l’usine Kirov rivalise avec les entreprises de Leningrad pour la construction de turbines géantes, et une nouvelle entreprise fournit l’équipement des centrales nucléaires de l’Union. Déjà centre intellectuel — son université a été fondée en 1805 —, la ville est devenue un centre d’instituts technologiques et de formation de cadres. Le secteur de l’industrie chimique doit se développer en rapport avec l’arrivée du gazoduc de Chebelinka (à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kharkov).

A. B.

➙ Ukraine.

Khartoum

En ar. Khartūm, capit. de la république du Soudan ; 630 000 hab.


Khartoum est composé en fait de trois villes situées au confluent du Nil blanc et du Nil bleu : Khartoum proprement dit occupe la presqu’île de l’interfluve, Omdurman (ou Omdourman), la rive gauche du Nil blanc ; Khartoum-Nord, la rive droite du Nil bleu.

Fondé par l’armée égyptienne vers 1821, Khartoum s’est développé rapidement jusqu’en 1846, date où sa population était déjà estimée à 60 000 habitants, mais des épidémies diverses, dont celle de choléra, avaient ramené ce chiffre à 20 000 en 1870, alors que le mahdī renforçait ce déclin en construisant Omdurman (Umm Durmān) sur la rive occidentale du Nil. Après l’occupation anglaise, l’agglomération s’est développée en trois villes : Khartoum, centre moderne administratif, commercial et militaire, Khartoum-Nord (Khartoum North), zone résidentielle bientôt gagnée par l’industrialisation, et Omdurman, demeuré une ville africaine dense avec des milliers de maisons d’argile séchée, l’un des marchés traditionnels les plus importants au sud du Sahara, de nombreuses mosquées et la tombe du mahdī. Des ruines des anciennes fortifications sont encore visibles le long du fleuve.