Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
K

Kan-sou (suite)

Le Gansu a retrouvé depuis 1949 sa grande vocation historique : le développement ferroviaire qui y a été entrepris en a fait la « plaque tournante » de l’Ouest chinois : en 1952, la ligne du Longhai (Long-hai) atteignait Lanzhou pour gagner Ouroumtsi en 1961, et, à partir du Gansu, cette ligne est reliée d’une part à Pékin via Baotou (Pao-t’eou) [1958] et d’autre part à la province du Qinghai.

Les villes du Gansu ont, de ce fait, connu un essor rapide et important. Tianshui (T’ien-chouei) est la métropole du Gansu oriental ; c’est la grande place d’échanges avec le Shănxi (Chen-si) voisin et un centre industriel actif (métallurgie, chimie, industries de la laine). Baiyin (Pai-yin), longtemps isolée, est devenue une ville industrielle moderne, spécialisée dans le traitement des laines et des peaux. Dans le corridor du Hexi, Wuwei et Dunhuang ont vu se développer considérablement leurs fonctions traditionnelles de marchés d’échanges, tandis que Yumen et Jiu-qiuan sont les principaux centres industriels.

Lanzhou est à la fois la capitale de la province et la métropole de l’Ouest chinois. Son développement a été considérable : 200 000 habitants en 1949, 700 000 en 1957, 1 200 000 au début des années 60. Elle a été dotée de très importantes unités industrielles, notamment d’une des plus grandes raffineries chinoises alimentée par pipeline depuis Yumen, d’un réacteur atomique, d’industries chimiques, mécaniques et textiles. Le développement industriel de Lanzhou est particulièrement favorisé par l’édification récente sur le Huanghe, à 100 km en amont, d’un des trois grands barrages de Chine, le barrage de Liujia (Lieou-kia).

P. T.

Kant (Emmanuel)

Philosophe allemand (Königsberg 1724 - id. 1804).



Une existence tranquille

Immanuel (en franç. Emmanuel) Kant est le quatrième d’une famille de onze enfants. Son père, Johann Georg Kant, est un ouvrier sellier. Sa mère, Anna Regina Reuter († 1737), très pieuse, lui donne une éducation morale et religieuse qui le marque profondément.

La vie de Kant est peu fertile en événements remarquables : c’est celle d’un professeur qui ne quittera jamais sa province natale et quelques années seulement la ville de Königsberg.

Il fait ses premières études au collège Frédéric, dirigé par Albert Schultz. Ce dernier est un fervent adepte du piétisme de P. J. Spener (1635-1705), qui enseigne que la vraie foi est la foi vivante recueillie dans la Bible. Il fait entrer Kant à l’université de Königsberg, où celui-ci suit les cours de philosophie (philosophie et sciences). Le maître le plus marquant de Kant est Martin Knutzen (1713-1751), qui concilie le piétisme avec la philosophie leibnizienne de Christian Wolff (1679-1754) et qui s’intéresse beaucoup aux sciences. Wolff, « instituteur de l’Allemagne » selon le mot de Hegel, donnait une interprétation logicienne et mathématique du leibnizianisme et développait un rationalisme systématique, que Kant saura utiliser. Ce sont surtout les sciences qui attirent le jeune Kant.

En 1746, il publie son premier ouvrage, Pensées sur la véritable évaluation des forces vives, dans lequel il s’efforce d’accorder le cartésianisme avec le leibnizianisme. La même année, il perd son père et doit quitter Königsberg pour remplir les fonctions de précepteur dans plusieurs familles nobles de la Prusse orientale et plus particulièrement dans la maison de la comtesse von Keyserling. Il est tout autant élève que professeur, puisque la comtesse l’instruit dans l’art de la conversation polie. Revenu dans sa ville en 1755, il publie un second ouvrage, Histoire universelle de la nature et théorie du ciel, dans lequel il propose une explication mécaniste, inspirée de Newton, de l’origine du monde, très proche de celle que Laplace proposera quarante ans plus tard. La même année, il obtient à l’université de Königsberg la « promotion », puis l’« habilitation », qui lui confère le droit d’ouvrir un cours libre. Pendant quatorze ans, il est ainsi « privat-dozent », c’est-à-dire professeur directement rétribué par les étudiants. Très apprécié, il peut vivre tout à fait à son aise. On songe à le nommer professeur ordinaire. En 1763, une chaire est disponible. Malheureusement, il s’agit d’une chaire de « poésie », que Kant se voit obligé de refuser. En 1769, il se dispose à quitter Königsberg pour Erlangen, mais le décès d’un professeur de mathématiques lui permet, en, 1770, de remplacer Buck, qui, en devenant professeur de mathématiques, laisse la chaire de logique et de métaphysique libre.

En 1770, Kant obtient l’« ordinariat » en présentant un écrit latin, De mundi sensibilis atque intelligibilis forma et principis (Dissertation sur la forme et les principes du monde sensible et du monde intelligible), devenu depuis la célèbre Dissertation de 1770.

Professeur très scrupuleux, il est très aimé de ses élèves, parmi lesquels Herder, qui le décrit ainsi : « Son front découvert, taillé par la pensée était le siège d’une gaîté et d’une joie inaltérables ; débordante d’idées, la pensée coulait de ses lèvres ; plaisanteries, esprit, humour ne lui faisaient jamais défaut, et son enseignement était un commerce des plus intéressants. »

Kant enseigne deux heures par jour et même, pendant une certaine période, cinq heures par jour. Les matières qu’il domine sont très diverses : il donne des leçons de logique, de mathématiques, de physique, de métaphysique, d’anthropologie, de pédagogie et même de géographie physique. Cet aspect de son enseignement, souvent méconnu, est important, puisque, durant les quatre-vingt-deux semestres de son activité universitaire, la géographie physique figure quarante-sept fois au programme de ses cours.

Kant ne quittera jamais l’université de Königsberg : il est membre du sénat de l’université en 1780, recteur de 1786 à 1788, doyen de la faculté de philosophie et de toute l’Académie en 1792. L’Académie de Berlin l’élit en 1786, celle de Saint-Pétersbourg en 1794 et celle de Vienne en 1798.

En 1796, conscient de son affaiblissement intellectuel, il abandonne son enseignement. Toutes ses grandes œuvres sont parues. Kant n’en continue pas moins de travailler ; il meurt le 12 février 1804 en disant « Es ist gut » (c’est bien).