Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Juifs (suite)

Aussitôt après la guerre, les déportés qui survivaient ne voulurent pas tous rentrer dans leurs pays d’origine, où ils prévoyaient d’autres souffrances. Ils restèrent donc parqués dans les mêmes camps, en attendant que la Palestine les accueillît. Une immigration clandestine fut organisée avec l’aide efficace de certains pays, comme la France et l’Italie, d’où partaient les bateaux de « maapilim » (immigrants clandestins), dont les plus valides avaient déjà reçu un rudiment d’instruction militaire. La flotte britannique les traqua sur mer, tandis que l’« Intelligence Service » enquêtait sur les filières de l’immigration illégale. Certains pays se virent signifier des représentations par le gouvernement britannique, mais n’en eurent cure. Au cours de l’été 1947, l’affaire de l’Exodus causa une grande émotion dans le monde. En mai 1948, l’indépendance de l’État d’Israël* devait être proclamée.

À partir de la révolution de 1952, l’Égypte commença à inquiéter ses Juifs, qui jouaient un très grand rôle dans son économie. La situation s’aggrava après l’affaire de Suez ; des réfugiés juifs, spoliés à leur départ, se dirigèrent vers la France, dont certains étaient les ressortissants, vers l’Italie, la Suisse et le Canada.

Dans les pays arabes, la situation des Juifs reste précaire ; des Juifs accusés d’espionnage ont été pendus à Bagdad. Les pays musulmans d’Afrique du Nord ont une population influençable, que chaque nouvelle et chaque incitation au massacre peuvent enfiévrer. C’est ainsi qu’il y a eu des incidents en Tunisie, ce qui a amené en France un certain nombre de Juifs menacés. Quant au problème palestinien, il a provoqué dans le monde une vague de terrorisme (détournements d’avions, massacre de Munich lors des jeux Olympiques de 1972, etc.).

Les troubles qui ont marqué la fin de la guerre d’Algérie et l’entrée en vigueur des « accords d’Évian » (1962) ont amené en France, pendant l’été de 1962, plusieurs centaines de milliers de « rapatriés » israélites de nationalité française ; leurs biens restent au pouvoir du nouveau gouvernement algérien. Cette population d’une foi très vivace a porté à 500 000 âmes le nombre des Juifs de France. De nouvelles synagogues ont dû être construites dans les grandes agglomérations urbaines, et de nouvelles institutions sont nées.

E. G.

➙ Antisémitisme / Cabale / Hassidisme / Hébraïque (littérature) / Hébraïque (musique) / Hébreux / Herzl (Theodor) / Inquisition / Israël / Judaïsme / National-socialisme / Palestine / Racisme / Sionisme / Talmud / Zohar.

 C. Roth, A Short History of the Jewish People (Oxford, 1943 ; nouv. éd., 1949 ; trad. fr. Histoire du peuple juif, Éd. de la Terre retrouvée, 1957, nouv. éd., 1963). / M. Weber, Ancient Judaism (Glencoe, Illinois, 1952). / A. Rubens, A Jewish Iconography (Londres, 1954). / S. G. Grayzel, A History of the Jews (Philadelphie, 1956 ; nouv. éd., 1965 ; trad. fr. Histoire des juifs, Service technique pour l’éducation, 1967-1969, 2 vol.). / P. Weill, les Juifs et la civilisation (Problèmes d’aujourd’hui, 1956). / B. Blumenkranz, Juifs et chrétiens dans le monde occidental, 430-1096 (Mouton, 1960) ; Histoire des juifs en France (Privat, Toulouse, 1972). / A. Neher, l’Existence juive (Éd. du Seuil, 1962). / Histoire juive contemporaine (Institut de sociologie, Bruxelles, 1964). / A. Chouraqui, Cent Ans d’histoire, l’Alliance juive universelle et la renaissance juive contemporaine, 1860-1960 (P. U. F., 1965). / S. Shunami, A Bibliography of Jewish Bibliographies (Jérusalem, 1965). / M. Wischnitzer, A History of Jewish Crafts and Guilds (New York, 1965). / W. Keller, Und wurden zerstreut unter alle Völker (Munich et Zurich, 1966 ; trad. fr. Vingt Siècles d’histoire du peuple juif, Arthaud, 1971). / R. Neher-Bernheim, Histoire juive, de la Renaissance à nos jours (Durlacher, 1966 ; 2 vol.) ; Histoire juive. Faits et documents de la Renaissance à nos jours (Klincksieck, 1971 ; 2 vol.). / M. Wurmbrand et C. Roth, The Jewish People, 4 000 Years of Survival (Jérusalem, 1966 ; trad. fr. le Peuple juif. Quatre mille ans de survivance, A. Michel, 1967). / H. Spaemann, les Chrétiens et le peuple juif (Salvator, Mulhouse, 1967). / A. Eban, My People : the Story of the Jews (New York, 1968 ; trad. fr. Mon peuple, histoire du peuple juif, Buchet-Chastel, 1970). / L. Steinberg, la Révolte des justes (Fayard, 1970).

Juillet (monarchie de) [1830-1848]

Régime monarchique constitutionnel instauré en France après la révolution de juillet 1830 (v. Restauration), et dont le souverain fut le duc d’Orléans, devenu roi sous le nom de Louis-Philippe Ier.



Les fondements de la « monarchie bourgeoise »

Le nouveau régime est installé officiellement le 9 août 1830, soit treize jours après le début de l’insurrection qui a renversé Charles X*. C’est à cette date que le duc d’Orléans prête serment de fidélité à la Charte révisée.

Louis-Philippe Ier (et non Philippe VII, pour souligner la rupture dynastique) n’est roi des Français qu’autant qu’il a juré de respecter la Charte. Il a été choisi quoique Bourbon, et sa légitimité repose sur la volonté nationale. Cet affaiblissement du pouvoir royal va de pair avec l’accroissement des prérogatives et de l’influence de la Chambre des députés. Les notables libéraux de la Chambre — qui est toujours celle des 221 — ont pris des garanties. Le préambule de la Charte de 1814, qui « octroyait » aux Français les libertés essentielles, est supprimé, ces droits étant naturels et imprescriptibles. L’article 14, qui autorisait le roi à promulguer des ordonnances, est modifié : les ordonnances ne pourront plus ni suspendre les lois, ni dispenser de leur exécution. La censure est abolie, ainsi que les juridictions extraordinaires.

Le roi, s’il dispose seul du pouvoir exécutif et des prérogatives souveraines en matière de guerre et de traités, partage désormais le pouvoir législatif avec la Chambre des députés et la Chambre des pairs. Il propose la loi, la sanctionne et la promulgue. Enfin, il nomme les pairs et peut dissoudre la Chambre des députés.