Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Japon (suite)

• 1918. À la demande des Alliés, les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et combattent du côté des « blancs ». Ils pénètrent jusqu’aux environs du lac Baïkal. Lors de la conférence de paix à Versailles, le Japon a une position à la fois forte et délicate, les Chinois étant du même côté de la table qu’eux. Il obtient cependant de substantiels avantages : toutes les îles du Pacifique au nord de l’équateur et ayant appartenu à l’Allemagne sont placées sous mandat japonais. En revanche, il ne peut obtenir l’égalité raciale aux États-Unis et doit promettre d’évacuer le Liaodong.

• 1919. La mort de l’ancien empereur de Corée est l’occasion de troubles sérieux en Corée, où les nationalistes, sous la conduite de Li-Seung-man (Syngman Rhee), réclament la liberté pour leur peuple. Les Japonais noient la révolte dans le sang. Au Japon même, le calme revient avec l’arrivée au pouvoir de libéraux qui entreprennent des réformes quelque peu démocratiques. Le militarisme nippon semble jugulé, et son expansion freinée par les puissances occidentales. Mais un sourd mécontentement agite les milieux millitaristes, et un sincère désir de revanche anime le peuple tout entier. L’après-guerre se révèle plein de difficultés. Malgré des satisfactions politiques, la guerre, peu ruineuse pour le Japon, a cependant perturbé son économie. L’agriculture est en péril, le commerce commence à péricliter, car il est désorganisé. Cependant, le Japon a connu un boom industriel grâce aux fabrications nécessitées par la guerre. Si les échanges diminuent avec l’Europe, en revanche leur volume augmente avec l’Asie et l’Afrique et surtout avec l’Amérique, qui se révèle être un client de choix pour les produits de la jeune industrie nippone. Une tentative libérale permet au Japon d’obtenir certains avantages dans de longues et difficiles négociations (1922), mais les États-Unis restent réticents. Les gouvernements succèdent aux gouvernements, tantôt libéraux, tantôt inféodés aux puissances financières ou militaristes.

• 1923. Le 1er septembre, un terrible cataclysme détruit entièrement Tōkyō et Yokohama. L’empereur, en raison de sa chancelante santé, a nommé son fils régent depuis deux ans déjà. Le jeune Hirohito proclame alors la loi martiale et constitue un nouveau cabinet, chargé de parer au plus pressé. Une vague anticoréenne et antisocialiste se déchaîne, faisant des milliers de morts. Un fou ayant tenté d’assassiner Hirohito, le cabinet démissionne. Se dessine alors un mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie. Aux élections, ce sont les progressistes qui l’emportent. La politique de bascule des partis va jouer à plein. Militaristes et ultranationalistes revendiquent le pouvoir.

• 1926. Taishō-tennō (Yoshihito) mort, son fils Hirohito devient empereur du Japon. Il nomme son règne Shōwa, (« de la paix rayonnante »).


La montée du fascisme (1927-1937)

Après une brève tentative de gouvernement libéral, de nouveau les ultranationalistes reviennent au pouvoir. Le « mémoire Tanaka » expose les visées expansionnistes japonaises en Manchourie et s’en fait l’avocat. Dans cette région la situation est trouble. Le dictateur chinois, Zhang Zuolin (Tchang Tso-lin) [1876-1928], traite avec les Japonais tout en essayant de garder son indépendance, alors que les nationalistes chinois de Tchang* Kaï-chek (Jiang Jieshi) [Tsiang Kiai-che] essaient de l’amener dans leur orbite. Un attentat contre Zhang Zuolin apparaît comme une tentative faite par les militaristes afin de provoquer une intervention armée du Japon. Le ministère, désavoué, est obligé de démissionner (1928). Lui succède un ministère plus modéré, mais celui-ci échoue lors de la conférence mondiale sur le désarmement (21 janv. 1930) ; peu après, le Premier ministre est assassiné.

• 1931. Un ministère progressiste, celui de Wakatsuki, lui succède. Mais le Japon est en proie à de sérieuses difficultés économiques, provoquées par la crise américaine. Le gouvernement est incapable d’apporter des solutions immédiates aux problèmes qui se posent, et une crise sociale aiguë débute. Malgré l’opposition gouvernementale et le désaveu de l’empereur, les militaires envahissent la Mandchourie, puis, malgré les ordres de repli donnés par la S. D. N., encouragés par leurs succès, attaquent en Chine sous le prétexte fallacieux d’« opérations de police » et bombardent Shangai (Chang-hai). Devant la menace américaine, les Japonais se retirent enfin de Chine. Ils ont cependant eu le temps de créer en Mandchourie un État fantoche, le Mandchoukouo, sur le trône duquel ils mettent l’ancien empereur chinois, Puyi (P’ou-yi). De nombreux complots se forment au Japon même contre le gouvernement, et, à la fin de 1931, Wakatsuki démissionne. Malgré la formation d’un nouveau ministère, les militaires s’impatientent : ils veulent garder la mainmise sur la Chine. Une terrible série d’attentats élimine leurs opposants. L’assassinat du président Inukai marque la fin (15 mai 1932) du parlementarisme au Japon. Désormais, seuls les militaires vont diriger le pays et le lancer dans une série de guerres de conquête, dont la Chine sera le premier objectif. Le national-socialisme allemand leur servira de guide.

• 1932. Le 25 août, un « traité inégal » (signé le 2 septembre) impose le protectorat japonais sur la Mandchourie, ratifiant une situation de fait.

• 1934. Puyi (P’ou-yi), ex-empereur de Chine, est nommé empereur du Mandchoukouo par les Japonais, avec le nom de règne de Kangde (K’ang-te). Le Japon a déjà quitté la S. D. N. ; ses troupes envahissent le nord de la Chine. Le Japon dénonce les accords de Washington et de Londres sur le désarmement.

• 1935. L’U. R. S. S. cède aux Japonais le réseau de chemin de fer de l’Est chinois, devenu sans utilité pour elle. En Chine, Tchang Kaï-chek joue une politique personnelle et, sans s’allier ouvertement avec les Japonais, les laisse envahir le pays. La seule chose qui importe au dictateur chinois est la lutte contre le communisme, et l’avance japonaise sert ses visées immédiates.