Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Italie (campagne d’) [1859]

L’échec des mouvements nationaux italiens de 1848 (Custoza) et de 1849 (Novare) avait convaincu Cavour que l’Autriche, apparaissant désormais comme l’unique obstacle à l’unité italienne, ne pouvait être battue sans le concours d’une grande puissance.


Devenu Premier ministre en 1852, Cavour recherche dans ce dessein l’alliance de la France ; en 1855, il envoie un détachement symbolique combattre aux côtés des Français en Crimée et pose le 8 avril 1856, au Congrès de Paris, le problème de l’unité italienne. Mais c’est à Plombières que, le 21 juillet 1858, il réussit à obtenir l’accord personnel de Napoléon III. Au cours de leur mémorable entrevue, il est convenu que, si le Piémont parvenait à se faire attaquer par l’Autriche, la France se porterait à son secours. Après la signature du traité franco-piémontais du 26 janvier 1859, Cavour n’hésite pas à mettre très ostensiblement son armée sur le pied de guerre. Aussi, le 23 avril, les Autrichiens lui adressent-ils un ultimatum, auquel, le 26, il répond négativement.


La campagne

Quelques jours après, 120 000 Français, aux ordres de l’Empereur, répartis en quatre corps commandés par les généraux Baraguey d’Hilliers, Mac-Mahon, Niel et par le maréchal Canrobert, arrivent à Turin après être passés par le tunnel du Mont-Cenis. Les Piémontais, commandés par le général Alfonso La Marmora (1804-1878), disposent de 60 000 hommes, et les Autrichiens, aux ordres de Ferenez Gyulay (1798-1868), de 120 000. Les deux armées se déploient de part et d’autre du Pô vers Alexandrie. Le 20 mai, le combat de Montebello, où 7 000 Français culbutent 26 000 Autrichiens, fait croire à ces derniers que l’Empereur se dirige vers Plaisance ; ils se mettent donc en mouvement vers l’est. L’ayant appris, Napoléon III se précipite alors en direction de Milan pour tomber sur les arrières ennemis. Le 30, il est à Palestro et, le 2 juin, il occupe Novare. Là il coupe son armée en deux ; Mac-Mahon (2e corps) passera le Tessin à Turbigo, pendant que lui-même empruntera la route directe de Milan. La réunion de toute l’armée est prévue le 4 à Magenta. Gyulay, ayant saisi la menace, occupe cette localité et, après avoir, dans la matinée, arrêté l’avance de Mac-Mahon, bloque l’après-midi celle des autres corps. Un combat confus et sanglant s’ensuit, où les Français perdent 3 800 tués et blessés, les Autrichiens 5 700 plus 4 500 disparus, mais, le soir, Mac-Mahon réussit à occuper Magenta en entier, et les Autrichiens se replient. Le 8 juin, Napoléon III et le roi Victor-Emmanuel II entrent dans Milan en liesse. Le même jour, les Français tentent, mais sans succès, de couper la retraite des Autrichiens à Melegnano (Marignan), puis, le 9, commencent à les poursuivre dans leur repli vers Vérone par Lodi et Verolanuova.

C’est à ce moment que l’empereur François-Joseph prend le commandement suprême et, ayant constitué son armée en deux groupements (Wimpffen et Schlick), lui fait faire brusquement demi-tour à proximité du village de Solferino. La bataille, qui s’y déroule le 24 juin 1859, oppose 300 000 hommes (165 000 Autrichiens, 135 000 Alliés) sur un front de 25 km, dimension qui n’a encore jamais été atteinte. Et c’est peut-être la raison pour laquelle il n’y eut pratiquement pas de manœuvre, mais un affrontement sanglant qui dura de 7 heures du matin à la tombée de la nuit. Le gros de l’action se déroule au centre devant les 4e (Niel), 2e (Mac-Mahon) et 1er (Baragury) corps français. Mais alors qu’au centre droit la situation de Niel demeure critique, la décision se dessine au centre gauche (Baraguey) dès la fin de la matinée. Pourtant les Autrichiens ne commencent à se replier que vers 16 heures. Pendant ce temps, tandis qu’au nord les Piémontais affrontent les Autrichiens de Benedek à San Martino, le corps Canrobert, au sud, n’a qu’une activité réduite. Au total, les pertes sont très lourdes : 1 620 tués, 8 500 blessés et 1 500 disparus chez les Français ; 2 400 tués, 10 600 blessés et 9 300 disparus chez les Autrichiens ; 700 tués, 3 500 blessés et 1 200 disparus chez les Piémontais.

Le soir du 24 juin, les Autrichiens retraitent vers Vérone, suivis par les Français, mais l’annonce de menace précise de la Prusse sur le Rhin engage Napoléon III à conclure rapidement avec François-Joseph un armistice. Celui-ci sera signé le 12 juillet à Villafranca, au grand mécontentement des Italiens, qui auraient voulu poursuivre jusqu’à Venise et ne manifesteront ainsi aucune reconnaissance à leurs alliés. Le retour des troupes françaises à Paris fut, le 15 août, un véritable triomphe, qui marqua l’apothéose militaire du second Empire. Malheureusement, on parla peu de la campagne, des erreurs commises à Magenta ou à Solferino, qui, faute de renseignements, furent de véritables batailles de rencontre où les Français, surpris, ne se tirèrent d’affaire qu’au prix de lourdes pertes. On parla encore moins du service de santé qui, à Solferino, n’avait pu recueillir qu’une faible partie des blessés. Sa carence provoqua l’indignation du philanthrope suisse Henri Dunant (1828-1910) et fut à l’origine de la convention de Genève de 1863 et de la création de la Croix-Rouge*.

H. de N.

➙ Cavour / Empire (second) / Italie.

Italie (campagne d’) [1943-1945]

C’est à la conférence de Casablanca (janv. 1943) que Roosevelt et Churchill décident, sans attendre la défaite des forces de l’Axe en Afrique, de prendre pied dans le sud de l’Europe en débarquant d’abord en Italie.


Cette opération sera conduite par le 15e groupe d’armées allié, commandé par le général Alexander (VIIIe armée britannique [Montgomery], VIIe [Patton], puis Ve [Clark] armées américaines). La campagne se déroulera en trois phases : conquête de la Sicile, qui entraînera la capitulation de l’Italie ; bataille pour Rome ; offensive alliée sur l’Italie du Nord.


Les Alliés en Sicile et la capitulation italienne (juill.-sept. 1943)