Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Israël (suite)

Le 30 octobre, la France et la Grande-Bretagne avaient adressé un ultimatum aux belligérants, leur donnant douze heures pour retirer leurs troupes de 16 km de part et d’autre du canal de Suez. Israël l’avait accepté, mais le refus du Caire conduit Paris et Londres à intervenir militairement contre l’Égypte. Une force franco-anglaise est concentrée depuis quelques semaines à Chypre aux ordres du général anglais sir Charles Keightley (né en 1901), dont l’amiral français P. Barjot (1899-1960) est l’adjoint, tandis que le général français J. Gilles (1904-1961) commande l’ensemble des troupes aéroportées et le général A. Beaufre (né en 1902) les forces terrestres françaises. En quatre jours, les forces aériennes franco-anglaises détruisent au sol la totalité de l’aviation égyptienne. Les premiers éléments parachutés sur Port-Saïd et Port-Fouad progressent du 5 au 7 novembre le long du canal en direction d’Ismaïlia. À la quasi-unanimité, l’O. N. U. condamne cette action, qui est arrêtée à hauteur d’El-Kantara à la suite d’une très vive pression menée par l’U. R. S. S. et les États-Unis sur les gouvernements de Londres (Eden) et de Paris (Mollet). L’Égypte, au bord de l’effondrement est sauvée de justesse : grâce aux deux supergrands, elle remporte même une victoire diplomatique, dont l’écho retentit sur tout le monde arabe. Dès le 15 novembre, une force de police internationale de l’O. N. U. (les casques bleus) relève les contingents franco-anglais, qui évacuent l’Égypte le 23 décembre 1956. Les « casques bleus » occupent le Sinaï et rétablissent la ligne d’armistice de 1949. Les dernières forces israéliennes évacuent Gaza et Charm al-Chaykh en mars 1957.


Guerre des six jours (5-10 juin 1967)

Après quelques années de relatif apaisement, les difficultés renaissent entre Israël et les États arabes (notamment en 1963 à propos de l’exploitation des eaux du Jourdain). En 1964, la tension monte avec la constitution d’un commandement arabe unifié et la création de l’Organisation de libération de la Palestine (O. L. P.) et de son armée (A. L. P.). Recrutées surtout parmi les réfugiés, les unités de l’A. L. P. sont implantées dans les États arabes limitrophes d’Israël. Les commandos de l’A. L. P., ceux de l’organisation al-Fath, les fedayins égyptiens du Sinaï multiplient leurs raids contre Israël, auxquels répondent des actions de représailles de l’armée israélienne, notamment en Jordanie (nov. 1966) et en Syrie (avr. 1967). Seule la présence des casques bleus empêche ces incidents de dégénérer en conflit.

Cette situation va toutefois être brutalement remise en question. En effet, le retrait des casques bleus de la ligne de démarcation du Sinaï, demandé par Nasser et obtenu de U Thant, secrétaire général de l’O. N. U., le 19 mai 1967, et leur remplacement le 21 mai par les troupes égyptiennes, qui réoccupent Charm al-Chaykh, ont pour conséquence d’interdire de nouveau à Israël le golfe d’‘Aqaba et l’accès au port d’Eilat ; c’est ce qu’affirme Nasser le 22 mai. Dès lors, la crise s’accélère : le 26, Nasser prononce un violent discours mettant en cause l’existence même d’Israël ; le 29, l’Algérie décide l’envoi d’unités au Moyen-Orient, tandis que, le 30, le roi Ḥusayn de Jordanie se réconcilie spectaculairement avec Nasser et Chuqayrī, et conclut avec l’Égypte un accord militaire auquel l’Iraq adhère le 4 juin. Le gouvernement israélien, où le général Dayan vient d’entrer comme ministre de la Défense, décrète alors l’état d’alerte de ses armées. Tandis que les États-Unis protestent contre l’attitude agressive de l’Égypte, l’U. R. S. S. prend le parti des États arabes et repousse la proposition française d’une conférence à quatre (France, Angleterre, États-Unis, U. R. S. S.) pour rechercher une solution d’apaisement au Moyen-Orient.

Les six jours. Le 5 juin 1967 au matin, le déclenchement des hostilités est annoncé par Le Caire et Tel-Aviv, chacun accusant l’autre d’en avoir pris l’initiative. L’aviation israélienne attaque les bases aériennes arabes, surtout en Égypte, et en quelques heures se rend maîtresse du ciel après avoir détruit la quasi-totalité des appareils égyptiens, syriens, jordaniens et irakiens. Le général Isaac Rabin (né en 1922), chef d’état-major israélien, engage alors ses colonnes blindées dans le Sinaï. Du 5 au 8 juin, en quatre jours de guerre éclair, les opérations aboutissent à la réduction de la poche de Gaza, puis à la destruction de l’essentiel du corps de bataille égyptien dans le Sinaï. Les Israéliens bordent la rive orientale du canal de Suez (à l’exception de Port-Fouad), pendant qu’une opération aéroportée et amphibie leur permet de réoccuper Charm al-Chaykh. Dès le 6 juin, la défaite égyptienne apparaît clairement ; aussi, les forces israéliennes peuvent-elles être engagées en Cisjordanie. Du 6 au 8 juin, elles infligent de lourdes pertes à la Légion arabe du roi Hussayn, qui doit se replier à l’est du Jourdain pour couvrir ‘Ammān. Jérusalem est occupé en totalité par les Israéliens le 8 juin. Les 9 et 10 juin, les forces du général Rabin, victorieuses sur les fronts égyptien et jordanien, s’engagent en de durs combats sur le plateau dominant le lac de Tibériade, occupent Qunaytra et les hauteurs de Golan. Elles sont arrêtées le 10 sur la route de Damas par un cessez-le-feu. Exigé le 7 juin par le Conseil de sécurité de l’O. N. U., celui-ci est accepté le 8 par l’Égypte et la Jordanie, le 9 par la Syrie, ce qui conduit Israël à s’y plier.

Le 28 juin, Israël décide la réunion de Jérusalem à son territoire, mais les États arabes, réunis à Khartoum du 29 août au 1er septembre 1967, affirment leur volonté de ne pas conclure la paix avec Israël, qu’ils se refusent toujours à reconnaître en tant qu’État. L’O. N. U. presque unanime condamnera la mainmise israélienne sur Jérusalem et sur le Sinaï.


Quatrième guerre israélo-arabe (octobre 1973)