Andrea del Castagno (suite)
Ce cycle de fresques est l’œuvre la plus célèbre d’Andrea. La Crucifixion, la Déposition et la Résurrection forment le registre supérieur, et la Cène le registre inférieur. La monumentalité des personnages rappelle le style de Piero* della Francesca ; la composition est remarquable par la rigueur géométrique, analogue à celle des décorations de marqueterie qui étaient de mode à la même époque. L’effet obtenu est l’animation d’un espace clos, qui se modifie selon le point de vue d’où le spectateur le regarde. Mais dans le détail des attitudes apparaît un goût du mouvement que l’on retrouve dans l’Assomption de San Miniato (à Berlin) et surtout dans le David (Washington, peint sur cuir), qui datent de 1449-50. Dans ces deux œuvres, le traitement des vêtements, des ciels reflète une certaine préciosité issue du style gothique international, tandis que le mouvement de tête de la Vierge, la démarche de David, sa chevelure annonçant les personnages de Botticelli se teintent d’un maniérisme éloigné de la rudesse.
Entre 1451 et 1453, Andrea del Castagno travailla à un autre cycle de fresques, à l’église San Egidio, où il s’agissait de continuer l’œuvre de Domenico Veneziano. Il représenta l’Annonciation, la Présentation au Temple et la Mort de la Vierge. À Legnaia, à la sortie ouest de Florence, la loggia de la villa Carducci fut décorée de fresques représentant les Hommes et les femmes illustres. Cet ensemble (des environs de 1450) a été transporté à l’ancien monastère de Sant’Apollonia. Le choix des personnages (Boccace voisine avec Esther et avec des hommes d’État florentins) illustre les buts auxquels un citoyen doit consacrer sa vie selon les traités d’éducation humanistes : le gouvernement de l’État, les armes, les études et la pureté des mœurs. Dans cette série de portraits, Andrea del Castagno fait preuve de qualités sculpturales et tire parti des ressources de la perspective en construisant des trompe-l’œil : le bras ou le pied des personnages sortent du cadre, établissant un lien entre le spectateur et le tableau. À la Santissima Annunziata, en 1454-55, Andrea exécute un Saint Julien, la Trinité apparaissant à trois saints et une Crucifixion (transportée à Sant’Apollonia). En 1456, à la cathédrale de Florence, il peint en trompe l’œil la statue équestre de Niccolò da Tolentino. En comparant cette fresque à celle qui lui fait pendant, la statue de John Hawkwood par Uccello, on peut apprécier chez Andrea del Castagno un sens du mouvement presque baroque.
Après avoir admiré l’aspect âpre de sa manière, la critique d’art y a découvert une certaine grâce, due à la lumière claire, aux effets de clair-obscur, à la variété des attitudes, et surtout cette recherche d’un espace nouveau, caractéristique de la première Renaissance florentine.
E. P.
M. Salmi, Corso di storia dell’arte, t. II : Paolo Uccello, Andrea del Castagno, Domenico Veneziano (Florence, 1946) ; Andrea del Castagno (Novare, 1961). / A. M. Fortuna, Andrea del Castagno (Florence, 1957).
CATALOGUE : L. Berti, Mostra di quattro maestri del Primo Rinascimento (Florence, 1954).