Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Andhra Pradesh

État de l’Inde, dans le Deccan ; 275 000 km2 ; 43 503 000 hab. Capit. Hyderābād.


L’État a été formé en 1953-1956 par le regroupement des territoires de langue telugu. Son nom provient de l’ancien empire de l’Andhra (ier-iiie s. apr. J.-C.), qui s’étendait sur les bassins de la Krishnā (Kistnā) et de la Godāvari. Développant près de 1 000 km de côtes le long du golfe du Bengale, l’Andhra Pradesh s’étire entre 13 et 20° de lat. N. On peut y distinguer, selon l’usage traditionnel, trois grandes provinces : le Telingāna (districts intérieurs du Nord), le Rāyalasīmā (districts intérieurs du Sud, appelés autrefois « Ceded Districts » : Kurnool, Anantapur, Cuddapah, Chittoor) et la région des Sarkārs (ou Circars), sur le littoral.


Les caractères physiques

Appartenant à l’ensemble géologique du Deccan, l’Andhra Pradesh comprend trois régions morphologiques bien distinctes.


Les plateaux de l’intérieur

Les plateaux de l’intérieur sont constitués principalement par des gneiss. Ils s’élèvent progressivement d’environ 150 m dans l’Est à 600-750 m dans l’Ouest. Ils ont l’aspect d’une pénéplaine ondulée, parsemée de monadnocks innombrables, formant des collines rocheuses et des entassements de blocs. La continuité de cette surface est fréquemment interrompue par des dykes de dolérites et des rochers de quartz (ces derniers aux environs de Hyderābād). Au nord-est se creuse l’auge de la Godāvari, au fond plat (de 100 à 200 m d’altitude), dans laquelle sont conservés des sédiments du Lower Gondwana (du Carbonifère au Permien), consistant surtout en schistes, en grès et en calcaires. La chape des laves du Deccan (mésozoïque et cénozoïque) ne recouvre que certaines portions du Telingāna à l’ouest et au nord.


Les collines orientales

Les collines orientales, appartenant au bourrelet discontinu des hauteurs orientales du Deccan, comprennent deux groupes de structure très différente. Les Ghāts orientaux forment, jusque dans la région de Vijayavada (Bezwada), l’extrémité sud des Ghāts, ou collines de l’Orissa, bordure relevée et disséquée du Deccan. Ce ne sont ici que des collines de faible altitude (de 400 à 500 m), formées de roches anciennes. Le système du Cuddapah (Kadapa) est formé de sédiments primaires (schistes, quartzites, calcaires, etc.), dont les chaînes décrivent un vaste croissant entre la Krishnā et la Pennār. Ces chaînes sont étroites, d’altitude médiocre (de 300 à 600 m en moyenne, culminant toutefois à plus de 1 000 m) ; les monts Pālkonda, à l’ouest, et les monts Velikonda, à l’est, enveloppent des bassins intérieurs nivelés en glacis, comme le bassin de Cuddapah.


La plaine littorale

La plaine littorale, alluviale, s’élargit dans les grands deltas de la Godāvari et de la Krishnā.

Le climat, chaud et humide en général, présente certaines différences régionales qui sont de grande importance pour la vie humaine. La zone littorale est la plus favorisée, avec une pluviosité de 1 à 1,2 m, décroissant du nord au sud. Les plateaux intérieurs sont plus secs, la pluviosité s’y abaissant à 600-800 mm, voire à 500 mm dans le Rāyalasīmā ; ces districts du Sud, particulièrement affectés par les irrégularités de la mousson, ont toujours été considérés comme une région de famines. La majeure partie des pluies, provenant de la mousson du Sud-Ouest, se produisent en été ; toutefois, le Sud est affecté par les pluies d’octobre à décembre, qui caractérisent le Coromandel.

À ce type de climat correspond une forêt sèche décidue, mieux conservée dans les régions montagneuses. Mais la forêt s’est souvent dégradée en broussailles xérophiles. Dans les régions deltaïques, une forêt de mangrove frange la côte.


La population

Les habitants ont généralement le teint assez foncé, qui caractérise les Indiens du Sud. Ils parlent en très grande majorité une langue de la famille dravidienne : le telugu. Mais une longue domination musulmane a entraîné l’immigration de musulmans du Nord, dont la présence fait de l’urdū la deuxième langue du pays. Ces musulmans sont essentiellement des citadins ; et en raison de leur concentration à Hyderābād, l’urdū demeure la principale langue de relations dans la capitale. Au point de vue religieux, l’hindouisme domine largement ; musulmans et chrétiens ne forment que de petites minorités.

La densité moyenne de la population approche 160 habitants au kilomètre carré. Mais la disparité des ressources régionales entraîne une distribution très inégale de cette population. La zone littorale, aux sols plus riches et mieux arrosés, a des densités dépassant 200 habitants au kilomètre carré, voire 400 dans les aires deltaïques. À l’intérieur, les densités tombent généralement au-dessous de 120 habitants au kilomètre carré.

L’Andhra Pradesh est un des États les moins urbanisés de l’Inde : la proportion de la population rurale avoisine 80 p. 100 de la population totale. Cette société à base paysanne est représentée surtout par la caste des Reddis (cultivateurs propriétaires), mais aussi par des communautés analogues, comme les Kāpus et les Kammas. D’anciens éleveurs de bétail, les Gollas, sont devenus ouvriers agricoles. À la base de la pyramide sociale sont les Mālas et les Mādigas (anciennes communautés d’intouchables). En marge vivent les nombreuses tribus des aires montagneuses, notamment les Chenchus et les Yānādis.

La population urbaine vit surtout dans des bourgades et des villes de moyenne importance : Vijayavada (316 000 hab.), nœud ferroviaire ; les ports de Visakhapatnam (351 000 hab.) et de Kākinādā (164 000 hab.) ; des centres ruraux comme Guntūr (270 000 hab.), Warangal (208 000 hab.), Rājahmundry (166 000 hab.), Eluru (108 000 hab.), Nellore (106 000 hab.), Kurnool (100 000 hab.). L’agglomération de Hyderābād-Sekunderābād (env. 2 millions d’hab.) doit son importance à son passé politique, à son rôle de capitale. Sa situation dans la partie pauvre de l’État freine son développement économique.