Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

innovation (suite)

Finalement, le complexe de la Route 128 bénéficia d’un ensemble de conditions propres à son développement : ces conditions, particulièrement favorables, ne peuvent naturellement être réunies du jour au lendemain, et l’on s’est interrogé sur la solidité du phénomène. Un bon test a été fourni par la réduction des programmes de la NASA et par la crise économique qui a sévi aux États-Unis en 1970 et en 1971. En réalité, seules les entreprises qui n’avaient pas su se diversifier ont eu de véritables problèmes. Mais on a constaté qu’au bout de quelques années d’existence les entreprises qui s’étaient créées sur la Route 128 avaient, en général, développé, à côté du secteur de fournitures à l’État qui avait permis leur création, un département de produits destinés au secteur privé.

Il faut souligner en définitive l’importance de la qualité de l’environnement : l’information circule rapidement, et les entrepreneurs trouvent autour d’eux une compréhension et une aide qui leur sont souvent indispensables.

A. B.


Le financement de l’innovation

Le financement de l’innovation est l’obstacle principal à la diffusion de celle-ci. Le système bancaire et financier français n’était jusqu’à présent guère équipé pour résoudre les problèmes spécifiques posés par un produit qui est à l’état de démarrage. Le financement de l’innovation recouvre, en réalité, le financement de plusieurs phases du processus allant de l’invention à la commercialisation du produit. Le ministère du Développement industriel et scientifique distingue quatre phases différentes.

• Le démarrage est la réalisation du prototype, exigeant des fonds relativement réduits, mais dépassant cependant la capacité de financement de l’inventeur ou de la petite entreprise. La solution retenue est celle d’un financement par l’A. N. V. A. R. ou directement par l’État.

Le financement par l’A. N. V. A. R. se fait soit sous la forme d’avances remboursables en cas de succès (le remboursement s’effectue par un prélèvement de 75 p. 100 des revenus jusqu’à concurrence des sommes avancées, puis, ensuite, de 30 à 40 p. 100, cette part constituant la rémunération de l’A. N. V. A. R.) ; soit sous la forme de création d’un organisme dont l’objectif est de faire franchir à l’invention le cap de l’exploitation industrielle ; soit sous la forme d’une prise de participation de l’A. N. V. A. R. qui peut aller jusqu’à 20 p. 100 du capital de l’entreprise innovatrice ; soit par une intervention en liaison avec l’Institut de développement industriel (I. D. I.), qui rachète des parts de la société.

Le financement par l’État prend la forme de l’aide au développement, qui est une subvention remboursable en cas de succès à concurrence de 50 p. 100 du montant.

• La phase de lancement fait l’objet depuis peu d’un certain nombre d’actions permettant d’augurer qu’à moyen terme le problème du financement de cette période sera résolu.

Aux États-Unis, le gouvernement a mené une politique de développement de l’innovation par les contrats publics. En 1953, le vote du Small Business Act créait le « Small Business Administration », qui intervient dans le financement des petites entreprises. À la suite de l’« American Research and Development » des sociétés de « Venture Capital » se sont par ailleurs créées. Ces sociétés financent des projets qui ont des chances sérieuses de hauts profits. Les risques sont en général élevés, mais les perspectives de profit le sont aussi. En Grande-Bretagne a été créée, en 1948, la « National Research and Development Corporation », qui aide au financement de l’innovation par le moyen d’avances remboursables et de participations au capital.

En France, le financement de l’innovation est réalisé par les sociétés de développement régional (dont l’action dans ce domaine est relativement modeste) et par les grandes banques, qui ont mis sur pied des organismes dont l’objet n’est pas spécifiquement le financement de l’innovation (Banexi, Valorind), mais qui jouent cependant un rôle non négligeable dans ce domaine. Par ailleurs, des sociétés de « Venture Capital » sont apparues dont le capital est réparti parmi de nombreuses banques (European Enterprises Development, créée en 1964 avec Paribas, Suez, Worms et les trois grandes banques nationalisées).

— La loi française du 11 juillet 1972 crée la « société financière d’innovation ». Une société est née, la Sofinova. Une procédure particulière, celle de la lettre d’agrément, permet aux pouvoirs publics de demander à l’industrie d’entreprendre une fabrication nouvelle. La lettre d’agrément permet aux industriels contactés de faire appel à la Caisse nationale des marchés de l’État pour le financement du programme agréé, mais cette dernière procédure reste encore assez peu utilisée.

• Les deux dernières phases, l’industrialisation et la croissance, peuvent être financées par les moyens bancaires classiques et par les moyens qui ont servi à financer l’innovation dans ses phases préalables.

A. B.

➙ Croissance économique / Entreprise / Progrès technique.

 H. G. Barnett, Innovations : the Basis of Cultural Change (New York, 1953). / A. F. Osborn, Applied Imagination (New York, 1954 ; 3e éd., 1963 ; trad. fr. l’Imagination constructive, Dunod, 1959). / A. Koestler, les Somnambules : Copernic, Kepler, Tycho Brahé (Calmann-Lévy, 1960). / E. T. Penrose, Theory of Growth of Firm (Londres, 1960 ; trad. fr. Facteurs, conditions et mécanismes de la croissance de l’entreprise, Hommes et techniques, 1963). / W. J. J. Gordon, Synectics : the Development of Creative Capacity (Londres, 1961 ; trad. fr. Stimulation des facultés créatrices dans les groupes de recherche par la méthode synectique, Hommes et techniques, 1965). / J. Fourastié, le Grand Espoir du xxe siècle (Gallimard, 1963). / J.-L. Maunoury, la Genèse des innovations (P. U. F., 1968). / B. de Cagny (sous la dir. de), les Stratégies d’innovation dans l’entreprise (Entreprise moderne d’éd., 1969). / A. Drevet, M. Fustier et A. Kaufmann, l’Inventique (Entreprise moderne d’éd., 1970). / A. A. Moles et R. Caude, Créativité et méthodes d’innovation dans l’entreprise (Fayard et Mame, 1970). / M. Fustier, le Management de l’innovation (Dunod, 1971). / A. Teissier du Cros, l’Innovation (Laffont, 1971). / Ministère du Développement industriel et scientifique, le Cahier de l’innovation (la Documentation française, 1971).