Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Innsbruck

V. d’Autriche, capit. du Tyrol.


L’altitude moyenne de la ville se situe à 575 m, mais le point le plus élevé du périmètre urbain atteint 2 641 m (Kleiner Solstein). Les précipitations annuelles sont voisines de 2 m, et les chutes de neige atteignent la même hauteur. Le nombre de jours de gel dépasse 160. La ville présente les caractères climatiques d’une ville de vallée alpine.

Le site n’a pas une valeur exceptionnelle, il en va autrement de la situation. Situé sur l’Inn, à proximité du col du Brenner, Innsbruck se trouve sur la voie la plus directe et la plus facile menant d’Allemagne vers l’Italie. D’abord établissement romain (quartier de Wilten), puis cité médiévale, Innsbruck connut une histoire brillante lors de la pénétration des Habsbourg vers l’est. En 1420, la ville devient la capitale du Tyrol. Maximilien Ier (1493-1519) la choisit comme capitale de ses possessions. Le transfert de la Cour à Vienne, au xviie s., fut durement ressenti. Mais de ce passé il reste beaucoup : les richesses architecturales (art baroque notamment), la tradition culturelle. L’université fondée en 1669 assure la continuité, sous une autre forme, du rayonnement de la ville (7 000 étudiants en 1970).

La ville rassemble près du quart de la population de la province du Tyrol, ce qui montre sa prééminence. La croissance a été lente, reflétant l’évolution de la région. Au Moyen Âge, celle-ci passait pour rude, déserte et inhospitalière. Aussi, en 1567, ne dénombrait-on encore que 5 050 habitants à Innsbruck. Malgré le rôle politique qui lui échut, la ville ne comptait que 10 369 habitants en 1768. Les guerres napoléoniennes entraînent une régression qui ne sera compensée qu’à partir de 1830. L’industrialisation que connaissent alors beaucoup d’autres villes fait défaut à Innsbruck, si bien qu’en 1900 il n’y a encore que 26 800 habitants. Par contre, la première moitié du xxe s. connaît un essor remarquable, dû en partie à l’annexion de communes suburbaines, à l’industrialisation tardive et surtout au tourisme : 53 000 habitants dès 1910 ; 78 400 en 1939. L’après-guerre enregistra un certain ralentissement de la croissance : 97 900 habitants en 1946, 115 200 en 1971. En 1900, la ville n’avait guère dépassé ses limites médiévales. Les communes de Wilten et Pradl sont annexées en 1904. L’époque de l’Anschluss voit l’absorption de trois autres communes (1938) : Hötting, Mühlau et Amras ; Arzl suit en 1940, Vill et Igls en 1942. L’annexion tardive des différentes communes explique le maintien de petits centres commerciaux dans ces quartiers. Le relief interrompt aussi la continuité urbaine. Le cours du ruisseau Sill qui rejoint l’Inn à Mühlau ainsi que celui de l’Inn laissent une certaine autonomie à bien des quartiers ; c’est le cas de Hötting, Mühlau et Arzl, situés sur la rive gauche de l’Inn. Le centre a perdu la prééminence dans la démographie urbaine. Sa population, cependant, ne diminue que lentement. Igls, station alpine située à quelques kilomètres de la ville et dominée par le Patscherkofel (2 247 m), n’est guère intégré à la ville que sur le plan administratif. L’accroissement récent est à mettre surtout au compte de l’immigration.

Innsbruck n’est pas réputé pour son industrie. Néanmoins, celle-ci fournit plusieurs milliers d’emplois dans la construction mécanique et électrique, le textile et l’industrie alimentaire. Une seule entreprise (travaux publics) dépasse 500 salariés. Le secteur tertiaire est prédominant. Le secteur bancaire n’est pas négligeable. Mais c’est surtout en tant que ville touristique qu’Innsbruck est célèbre. Les montagnes cernent la ville de toutes parts, permettant les sports d’hiver et le tourisme d’été. D’Igls, le téléphérique mène au Patscherkofel. Face à la ville, un autre téléphérique conduit au Hafelekar (2 334 m). Une dizaine de téléphériques sont implantés à proximité d’Innsbruck. Des hauteurs environnantes, faciles à atteindre, le panorama sur la ville et la chaîne alpine est inoubliable. La saison d’été attire plus de touristes que la saison d’hiver (deux tiers et un tiers). On compte dans l’hôtellerie de la ville plus d’un million de nuitées par an ; 80 p. 100 sont à mettre au compte des étrangers (les Allemands de la R. F. A. constituent le quart des visiteurs).

F. R.

➙ Tyrol.

Inquisition

Procédure ecclésiastique dirigée contre les doctrines hétérodoxes.



Introduction

La procédure de l’inquisition est née au Moyen Âge de la reprise des lois pénales romaines au plan civil et de leur interférence avec les nouvelles règles pénitentielles de l’Église. L’empereur Constantin avait déjà inauguré une répression des hérétiques, qui s’amplifia sous ses successeurs et fut poussée occasionnellement jusqu’à la peine du feu, instituée par Dioclétien. Mais l’hostilité de l’Église ancienne à ces mesures extrêmes les avait rendues pratiquement exceptionnelles. Saint Augustin avait indiqué aux évêques la norme à suivre en répondant en 408 au consul d’Afrique, à propos des donatistes : « Plutôt mourir par vos mains que les livrer à vos jugements pour être mis à mort. »

Cette attitude de l’Église se modifia au xiie s., quand le catharisme se répandit en Europe. Les moyens traditionnels d’inculpation devant les tribunaux civils, par accusation ou par dénonciation, pouvaient difficilement être laissés aux laïques quand le délit était simplement matière de foi. De là vint l’idée de confier à l’Église la recherche et l’interrogatoire des suspects. Ignorée du droit romain, la procédure inquisitoire attribuait à un juge ecclésiastique et à un tribunal d’Église la fonction de rechercher et de poursuivre d’office les hérétiques en vue de les amener à faire pénitence. En cas d’absence d’aveu de l’inculpé, l’obstiné était livré à la juridiction séculière, laquelle ressuscita alors dans toute sa rigueur la législation pénale romaine contre les hérétiques. Bien que les évêques se fussent montrés réticents dans de nombreux cas à l’égard de la peine du feu, les pouvoirs civils leur forcèrent la main en invoquant le droit. De cette collusion de pouvoirs est sortie l’Inquisition.