Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

information (suite)

On a souvent reproché à ces agences internationales de déformer l’information internationale soit en se faisant l’organe d’une propagande directe ou insidieuse, soit plus simplement en sélectionnant les nouvelles et en imposant des commentaires marqués par les conceptions ou les idéologies de leur pays d’origine. De fait, et quels que soient le sérieux ou la relative objectivité de leurs services, l’information qu’elles transmettent est bien le reflet de l’image du monde vu par les grandes puissances, et elle n’est pas toujours bien adaptée aux réels besoins des autres pays, et tout particulièrement des pays en voie de développement. On peut par exemple constater que l’Amérique latine ou l’Afrique sont mieux informées des problèmes européens ou américains du Nord que de ceux de leur propre continent.

Le journalisme d’agence a des règles très strictes qui ont peu à peu influencé celui des moyens d’information : style direct et dense, rapidité de rédaction, sécheresse de l’exposé et rigueur du commentaire, précision du récit. Il souffre parfois du manque de recul par rapport à l’événement et risque, par son souci de témoignage presque instantané de l’événement, de grossir des faits secondaires ou sans intérêt.


Les agences nationales

Chaque pays possède sa propre agence de presse, plus ou moins soumise à l’État selon les régimes. Pour les grands pays, certaines ont une relative autonomie et même un petit réseau indépendant de diffusion à l’étranger (Deutsche Presse-Agentur [DPA], installée à Hambourg, pour la République fédérale d’Allemagne ; Kōydō News Service et Jiji Press Service au Japon ; Agence Chine nouvelle [Xinhua She] de Pékin ; Prensa latina de Cuba ; l’Agence Fides du Vatican...). Mais la plupart de ces agences nationales ont des accords avec les grandes agences internationales : elles leur fournissent des nouvelles du pays et diffusent, à l’intérieur de leurs frontières, des services nourris, pour les informations de l’étranger, par ceux des « cinq grandes ».


Les agences spécialisées

À côté des grandes agences existent dans les pays occidentaux où la clientèle des journaux est assez abondante des agences spécialisées. Les plus communes sont les agences coopératives de journaux de province, qui entretiennent dans la capitale des services rédactionnels communs. Ces services peuvent parfois concurrencer, pour les nouvelles du pays, ceux des agences nationales. En France, on peut citer l’Agence centrale de presse et en un sens l’agence A. I. G. L. E. S., liée au groupe de presse du Progrès de Lyon et au Dauphiné libéré ; en Grande-Bretagne, la Press Association ; en Allemagne, les Redaktionsgemeinschaften, communes aux chaînes de journaux.

Les agences proprement spécialisées dans la fourniture d’un type d’informations ou de textes sont de formes multiples, depuis les syndicates américains spécialisés dans la fourniture de bandes dessinées jusqu’aux agences de romans-feuilletons ou de nouvelles, aux agences photographiques ou aux agences de documentation scientifique, médicale, religieuse, économique, sociale, de mode... La plupart de ces agences ont de plus en plus à souffrir de la diversification croissante des services des grandes agences et de la concentration de la presse, qui réduit le nombre de leurs clients potentiels et donne aux journaux survivants des moyens rédactionnels plus importants.

À la limite, même, il devient assez difficile de différencier les services de ces petites agences spécialisées des réseaux de revente d’articles des grands journaux comme le New York Times, le Times ou le Monde ou des articles de journalistes indépendants repris par des journaux de province, comme les columnists américains.

Une des caractéristiques du marché de l’information moderne est la multiplication des publications spécialisées servies gratuitement par les services de documentation gouvernementaux, par les services de relations publiques des grandes firmes, des bulletins de différents partis ou associations et des innombrables circulaires et communiqués d’origines diverses qui, par leur masse, offrent aux journaux une information très abondante et rendent inutile souvent le recours à des agences spécialisées.

P. A.

 L’Information à travers le monde (Unesco, 1951 ; 3e éd., 1972). / Les Agences télégraphiques d’information (Unesco, 1954). / J. Kayser, Mort d’une liberté. Techniques et politique de l’information (Plon, 1955). / P. Frédérix, Un siècle de chasse aux nouvelles. De l’Agence Havas à l’Agence France-Presse, 1835-1957 (Flammarion, 1959). / F. Terrou et P. Albert, Histoire de la presse (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1970).

informatique

Ensemble des disciplines et des techniques concourant au traitement automatique et rationnel de l’information, support des connaissances de l’homme, aux fins de leur conservation dans le temps et de leur communication dans l’espace.



Introduction

L’informatique a réellement pris son essor au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Jusqu’alors, la seule réalisation correspondant à la définition de l’informatique, qui implique le traitement automatique de l’information, ne pouvait s’appliquer qu’à la machine inventée vers 1840 par Charles Babbage (1792-1871). Cette machine « analytique », jamais construite, devait exécuter une suite d’opérations dont les données étaient enregistrées sur cartes perforées et dont l’enchaînement était préalablement défini. En 1885, l’Américain Hermann Hollerith (1860-1929), fondateur de la société qui deviendra en 1911 International Business Machines (IBM), réalise les premières machines à cartes perforées, puis viennent les inventions de l’Américain Legrand Powers et de l’ingénieur norvégien Frederik Bull (1882-1925), qui donneront naissance d’une part à la société Remington Rand, d’autre part à la Compagnie des machines Bull. Mais le premier véritable ordinateur capable d’effectuer de longues et de complexes chaînes d’opérations sans intervention humaine est le calculateur automatique MARK I, construit en 1944 par le professeur américain Howard Aiken à l’université Harvard, aux États-Unis. Conçue suivant les idées de Babbage, cette machine est réalisée dans sa première version uniquement à l’aide de composants électromécaniques. Le premier ordinateur utilisant la technologie électronique est l’ENIAC, construit par les professeurs américains J. P. Eckert et J. W. Mauchly à l’université de Pennsylvanie, en 1946. Ce calculateur n’est cependant pas le véritable ancêtre des ordinateurs modernes, car son programme ne se trouvait pas enregistré dans sa mémoire. La première machine à utiliser ce concept fondamental, découvert par le mathématicien américain John von Neumann (1903-1957), est l’EDVAC, construite à l’université de Princeton. Contemporaine de cette machine, l’EDSAC fut mise en service en 1947 à l’université de Cambridge (Massachusetts). Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Konrad Zuse met au point à Berlin les machines Z3 et Z4, tandis qu’en France François Raymond réalise en 1949 la première machine de la Société d’électronique et d’automatisme. À cette période de démarrage succède de 1953 à 1960 une phase où la commercialisation des ordinateurs prend le pas sur la réalisation de machines à exemplaire unique construites dans les universités. C’est la sortie des calculatrices IBM 604 et BULL Gamma 3, encore liées aux machines à cartes perforées, mais c’est surtout l’apparition des premiers grands ordinateurs commerciaux et scientifiques UNIVAC I et IBM 701, suivis par l’apparition d’ordinateurs moyens à usages commerciaux et scientifiques caractérisés par l’IBM 650 et, en France, par le Gamma à tambour de Bull. Tous les ordinateurs de cette période sont encore réalisés avec des tubes à vide, mais, vers 1960, apparaissent les premiers ordinateurs à transistors. Enfin, en 1965, avec la présentation par la société IBM de la série 360 sort la troisième génération d’ordinateurs, offrant à la fois une extensibilité, une comptabilité et une fiabilité considérablement accrues autorisant la résolution de problèmes des plus complexes.