Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

information (suite)

Applications de la quantité d’information


Théorie de la communication

Considérons le cas où l’on se limite à des sources d’information émettant, à des instants régulièrement espacés, des signaux appelés lettres appartenant à un ensemble comportant un nombre fini d’éléments et appelé alphabet. Si l’on s’intéresse uniquement aux sources stationnaires, c’est-à-dire à des sources dont la loi démission est invariante par translation dans le temps, sur une suite de p lettres émises, on obtient une quantité d’information Hp dépendant d’une part du nombre p, d’autre part de la source elle-même. Il est donc naturel de s’intéresser à la quantité moyenne d’information par lettre émise par la source, laquelle, pour la suite de p lettres considérées, est Un résultat particulièrement intéressant est celui dans lequel la quantité a une limite quand p tend vers l’infini, c’est-à-dire que, si l’on observe la source pendant un intervalle de temps suffisamment long, elle émet à peu près la même quantité d’information à chaque lettre. Cette quantité s’appelle entropie de la source, étant bien entendu qu’il s’agit d’une entropie moyenne par lettre émise. Elle s’exprime en bits par seconde (shannon) et est encore appelée débit binaire de la source.


Théorie du codage

L’alphabet, ensemble comportant un nombre fini d’éléments appelés lettres, est plus généralement désigné par le terme code, chaque lettre correspondant à un élément (ou un caractère) du code. Généralement, beaucoup de codes sont redondants : la quantité d’information nécessaire pour reconnaître une lettre du code n’est pas minimale. La redondance d’un code permet de déterminer si le caractère reçu appartient bien au code utilisé, ou non, ce qui permet de détecter les erreurs. Il existe même des codes très performants qui facilitent, dans certaines limites, la correction des erreurs éventuelles sur les caractères transmis.


Exemples de quantités d’information typiques

À titre de référence, une page dactylographiée donne une quantité d’information d’environ 104 bits ; celle qui est fournie par le Petit Larousse est de l’ordre de 5.107 bits, tandis qu’une mémoire de calculateur possède une quantité d’information de 1010 bits.


Information et entropie

La fonction quantité d’information a une forme très similaire à la fonction entropie utilisée en thermodynamique. Ce n’est pas un hasard. En effet, l’acquisition d’information sur un système physique correspond à un état plus bas de l’entropie du système, et l’on aboutit à la formulation du deuxième principe de la thermodynamique : l’entropie mesure le manque d’information sur la structure réelle d’un système.

A. T.

➙ Communication.


Les agences d’information

Organismes qui collectionnent et traitent les nouvelles d’actualité en vue de leur commercialisation.

En vérité, les agences d’information sont relativement mal connues du public, car leurs services sont médiatisés par les moyens d’information (journaux, radio, télévision) qui les utilisent. Elles sont nées au xixe s. Leur développement a été stimulé par les progrès du journalisme, mais aussi par les besoins croissants d’informations de certains clients, banques et entreprises commerciales, services publics et ambassades. Il a été commandé par les progrès des techniques de transmission : télégraphe électrique, téléphone, télégraphie et téléphonie sans fil, bélinographe.

À l’heure actuelle, la révolution électronique met à la disposition des agences les moyens d’un renouvellement grâce aux possibilités de traitement, de conservation et de diffusion fragmentée des informations par les ordinateurs et leurs terminaux. Le progrès des techniques, s’il a permis d’accroître dans des proportions énormes le champ et la masse des informations ainsi que la vitesse de leur transmission, a entraîné également une augmentation régulière du coût de la collecte des nouvelles : par là, il a favorisé la concentration des entreprises et a très vite conduit à la constitution de monopoles nationaux et internationaux.

Ce mouvement de concentration est presque naturellement imposé par les conditions économiques du marché de l’information, puisque, en augmentant le nombre des clients, il permet de leur livrer les nouvelles à moindre prix. L’intérêt politique des États a aussi joué en faveur des monopoles, puisque les agences sont des instruments remarquables sinon toujours de propagande au sens strict du terme, du moins d’un rayonnement politique et culturel dont aucun gouvernement ne peut se désintéresser. Cependant, de très nombreuses agences nationales, spécialisées ou non, subsistent à côté des grandes agences internationales, dont les services ne peuvent satisfaire tous les multiples besoins des nombreux organismes ou entreprises consommateurs d’information.


Histoire des grandes agences internationales

Les États, par leurs services administratifs et diplomatiques, disposent de réseaux d’information très étendus et autonomes, qui ont pendant des siècles satisfait, directement ou indirectement, les besoins d’information des sociétés. Mais, lorsque la presse commença à prendre son essor au xixe s., elle ne put se contenter de ces informations officielles et dut faire appel aux services d’organismes spécialisés.

C’est en France que naquit, entre 1832 et 1835, la première agence d’information : l’Agence Havas, fondée par Charles Havas (1785-1858). À l’origine simple bureau de traduction des journaux étrangers, elle diversifia très vite ses services par un réseau de correspondants qui ne cessa de s’étendre : elle utilisa dès 1840 des pigeons voyageurs pour accroître la rapidité de transmission des cours des principales Bourses européennes. Puis elle trouva, avec le télégraphe électrique, l’instrument d’un rapide développement que les gouvernements de la monarchie de Juillet et du second Empire favorisèrent, en accentuant son caractère officieux. Dans le même temps et pour permettre aux journaux de province de régler leurs abonnements à ses services de correspondances puis à ses dépêches télégraphiques, l’Agence Havas se fit, par accord avec la Société générale des annonces, courtière de publicité. Jusqu’en 1940, elle fut donc à la fois agence d’information et fournisseur de publicité : cette confusion de services posa de grands problèmes malgré les efforts faits pour assurer l’autonomie de ces deux branches de l’agence. Entreprise prospère, cette doyenne des agences mondiales acquit très vite un véritable monopole en France et conserva une place de premier plan sur le marché mondial. Sa prospérité fut compromise après 1930 par la crise économique et par la perte d’influence de la France dans le concert international : le ministère des Affaires étrangères prit alors en charge le déficit de sa branche « information ». En 1940, la branche « information » fut nationalisée : l’Office français d’information de Vichy lui fut substitué. L’Agence France-Presse (A. F. P.), créée à Paris en octobre 1944, reprit l’héritage de l’ancienne agence française et la suite des services d’agences créés par la France libre à Londres et à Alger. Elle fut dotée d’un statut très original par la loi du 10 janvier 1957, qui lui fait obligation d’assurer une information « exacte, impartiale et digne de confiance » et qui assure son indépendance malgré la part que les services gouvernementaux ont dans son conseil d’administration. Depuis 1954, son directeur est Jean Marin.

En 1849, Bernhard Wolff (1811-1879), ancien employé de Havas, créa à Berlin sa propre agence, qui prit en mai 1865 le titre de Continental Telegraphen Compagnie. En 1933, la Continental fut remplacée par le Deutsches Nachrichten Büro (DNB), organe de la propagande nazie.