Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Indonésie (suite)

Le personnel indonésien, le plus souvent, n’a pas la même valeur technique : il en résulte des chutes de rendement, et, ce qui est plus grave, une baisse de la qualité des produits offerts à l’exportation. De ce fait, les positions indonésiennes sur les marchés extérieurs ont été sérieusement compromises. En ce qui concerne le tabac, la situation a été irrémédiablement affaiblie par le boycottage des Hollandais. De plus, l’inflation a incité les agriculteurs à se consacrer sinon exclusivement, du moins en priorité aux cultures destinées à la consommation locale.

L’Indonésie demeure cependant le deuxième producteur mondial de caoutchouc naturel (800 000 t) et se maintient parmi les dix premiers producteurs mondiaux du café, de thé, d’huile de palme.


L’élevage

Il est resté une activité mineure en Indonésie, en raison d’une part des interdits religieux, les musulmans se refusant à pratiquer l’élevage des porcs, et d’autre part en raison de la surpopulation. La nourriture des animaux implique l’abandon de terres cultivables : l’homme et le bétail entrent en concurrence, ce qui est réservé au bétail est retiré à l’homme ; dans ces îles où la densité humaine est si élevée, il n’y a plus de place pour l’élevage. Il en résulte une relative carence en viande dans le régime alimentaire des Indonésiens, qui, en moyenne, consomment 5 kg de viande par an !


La pêche

En dépit de ressources considérables en poissons, la consommation est, là encore, très faible : 4,5 kg par an et par habitant. Le total des prises avoisine 1,2 million de tonnes par an. Cette sous-exploitation des mers est à mettre en corrélation avec l’état vétusté de la flotte de pêche, qui travaille encore au stade artisanal.


Les forêts

Les ressources potentielles sont énormes, puisque les forêts couvrent 120 Mha, soit deux tiers du territoire dont 42 Mha ont été reconnus économiquement exploitables. Mais l’exportation des bois ne représente, jusqu’à présent, que 1,5 p. 100 du volume total des exportations du pays.


L’industrie


Les secteurs énergétique et minier

Les Hollandais se sont surtout attachés à développer l’industrie extractive, qui permettait à l’ancienne métropole d’acquérir les matières premières dont ses industries de transformation avaient besoin. L’Indonésie disposait donc, au moment de l’indépendance, d’un embryon d’industrie nationale. C’est le secteur pétrolier qui a toujours suscité le plus d’intérêt et pour lequel on a consenti les investissements les plus lourds.

Cet intérêt se justifie par les succès considérables auxquels ont abouti les campagnes de prospection menées par deux douzaines de sociétés étrangères. De plus, les réserves font naître beaucoup d’espoirs, notamment à Sumatra et à Bornéo, et la prospection des fonds marins, qui débute à peine, permet de mesurer l’étendue extraordinaire des gisements. En effet, la plate-forme de la Sonde, la plus grande plate-forme immergée du monde, n’est recouverte que par une mince pellicule d’eau (profondeur moyenne, 55 m). Le pétrole indonésien est moins polluant que ceux qui sont extraits au Moyen-Orient, car sa teneur en soufre est plus faible. Cette qualité répond à des préoccupations de plus en plus vives dans les pays industriels. Enfin, le développement de la production correspond à des objectifs politiques, et en particulier au désir des pays consommateurs de diversifier leurs bases d’approvisionnement. Grâce à cette conjoncture très stimulante, l’Indonésie a produit, en 1972, 54 Mt, alors qu’elle ne fournissait en 1946 que 300 000 t. Par contre, les ressources en charbon semblent médiocres, à peine 200 000 t extraites par an (surtout à Sumatra).

En ce qui concerne l’électricité, il n’y a encore aucune commune mesure entre les ressources potentielles et le stade actuel de leur mise en valeur. De grands projets sont à l’étude pour l’équipement des chutes d’eau, notamment à Sumatra, sur le fleuve Asahan ; d’autres ont déjà été réalisés : Jati Luhur, à une centaine de kilomètres de Jakarta, avec le concours de la France. Ces travaux offrent non seulement l’avantage d’accroître la production électrique (1,9 TWh en 1969), qui peut être encore augmentée par utilisation du pétrole comme combustible, mais ils permettent aussi d’augmenter les rendements agricoles en étendant l’irrigation et assurent une régularisation du débit des fleuves en aval des installations, atténuant ainsi les inondations dévastatrices qui menacent chaque année les basses plaines. Enfin, ils créent des ressources nouvelles pour les villages en permettant la pisciculture sur une vaste échelle.

Quant au gaz naturel, sa production est dans une large mesure associée à celle des hydrocarbures. Elle a été de 3,4 milliards de mètres cubes en 1971.

En dehors des productions devenues désormais traditionnelles comme l’étain, l’Indonésie dispose de réserves immenses en minerais métalliques non ferreux tels que le cuivre, le nickel et la bauxite.

L’étain est depuis longtemps connu comme étant l’une des principales richesses du pays, et sa part dans les exportations n’est pas négligeable. L’extraction est relativement concentrée dans une zone située au sud de Singapour, dans les îles Bangka, Belitung (Billiton) et Singkep, ainsi que dans les mers peu profondes d’où émergent ces îles. Les gisements sous la mer représentent deux tiers des réserves. En 1940, l’étain était l’une des premières exportations du pays et le demeurait encore en 1953-54, date à laquelle la production atteignait 35 000 t de minerai par an. On a assisté, depuis, à une chute brutale, puis une stagnation de cette production (20 000 t en 1971) en raison essentiellement du manque de compétence technique du personnel d’encadrement, des difficultés de transport et du chevauchement des responsabilités de direction et de gestion entre les grandes administrations nationales chargées de cette extraction.

La bauxite est exploitée dans l’île de Bintan (archipel des Riau), mais l’équipement, bien que soigneusement entretenu, date de l’époque coloniale. Le minerai contient 55 p. 100 d’alumine, et les réserves sont évaluées à 20 ou 25 Mt. La production a dépassé 1,2 Mt en 1971.