Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
I

Inde (suite)

L’automne

Les mois d’octobre et de novembre représentent une situation intermédiaire. Les pluies diminuent de façon significative sur l’ensemble du pays, à une exception près. En effet, il pleut abondamment sur toute la côte orientale de la péninsule, le long de la baie du Bengale. Cette région, ayant des pluies assez faibles pendant la mousson, connaît alors son maximum de l’année.

La diminution des pluies s’explique par la réapparition, dans le Nord et dans l’Ouest, des anticyclones tropicaux. L’activité solaire n’est plus suffisante pour entretenir la grande dépression de l’été.

Les pluies de la région orientale de la péninsule résultent essentiellement de la persistance des dépressions naissant dans la baie du Bengale, comme en été. Mais ces dépressions suivent maintenant des trajectoires différentes, beaucoup plus dispersées dans l’espace. Deux trajectoires dominent cependant. L’une part du sud de la baie pour se diriger vers le Bengale ; plus souvent qu’en été, les dépressions prennent une force telle qu’elles sont capables de provoquer des catastrophes. L’autre trajectoire voit les dépressions se diriger du sud de la baie du Bengale vers l’ouest et traverser les parties méridionales de la péninsule. Toutes ces dépressions provoquent la pénétration d’air humide dans l’Inde du Sud-Est et entraînent son ascendance ; il pleut donc abondamment.

En novembre, les dépressions suivent des trajectoires de plus en pins méridionales, puis se raréfient en décembre ; on est revenu aux conditions de l’hiver décrites ci-dessus.


Les groupements de milieux physiques

On peut alors distinguer un certain nombre de grands domaines morphoclimatiques offrant des conditions particulières à la végétation et à l’agriculture.


Les régions très humides de l’Ouest

Le long de la côte occidentale de la péninsule, une région très humide associe un bas plateau littoral (côte de Konkan), une plaine (côte du Kerala) et une moyenne montagne dissymétrique, les Ghāts de l’Ouest et les grands blocs du Sud. Cet ensemble est très arrosé, car il reçoit de plein fouet les souffles de la mousson. Il a un régime pluviométrique simple, avec un maximum de pluies en juillet ; la saison arrosée dure plus de six mois au Kerala (début précoce et fin tardive), mais tout juste quatre mois au nord, sur la côte de Konkan.

Les régions basses ont été très transformées par les hommes ; elles portent des rizières sous une végétation arborée abondante, dominée par le cocotier. Mais la forêt n’existe plus que sur les versants des Ghāts. Dans le Sud, plus humide, on trouve un des rares exemples en Inde de « forêt dense toujours verte » : forêt haute (jusqu’à 40 m), à plusieurs strates. Plus au nord, la saison des pluies est moins longue, et l’on rencontre une forêt un peu plus basse (30 m), dont une grande partie des arbres perdent leurs feuilles simultanément : c’est la forêt dense semi-décidue des biogéographes. Mais, même en montagne, la forêt a souvent été dégradée, et les témoins qui restent sont médiocres dans bien des régions.


Les régions très humides de l’Est

Une deuxième bande de climats très humides se rencontre dans l’Est. Sa présence est liée au début précoce des pluies au Bengale, à leur fin tardive sur la côte sud-est, à l’abondance générale des pluies pendant la mousson sur tout le Nord-Est, parcouru par les dépressions de la baie du Bengale. Cette région est plus complexe que la précédente, car elle est bien plus vaste.

Elle groupe d’abord des moyennes montagnes et des plateaux très humides au nord-est de la péninsule : région Bastar-Chotā Nāgpur. Portées par ce socle, ces régions de grands reliefs arrondis assez disséquées sont des milieux de circulation difficile. Les sols sont souvent latéritiques en raison de l’humidité du climat. Aussi ce milieu est-il difficile à mettre en valeur. Les agriculteurs hindous ne l’ont jamais pénétré massivement et l’ont abandonné à des populations non hindoues qui pratiquent un système d’exploitation peu intensif. Aussi la région est-elle une des seules de l’Inde où l’on trouve encore de grandes forêts. La forêt dense humide semi-décidue se trouve sur les bordures les plus pluvieuses ; à l’intérieur, on rencontre plutôt une forêt dense et moins élevée (20 m), où les espèces dominantes sont assez peu nombreuses. Cette forêt est nettement décidue (perte de toutes les feuilles en saison sèche). Suivant les auteurs, elle est qualifiée de « forêt de mousson » ou de « forêt dense sèche ». C’est elle qui contient les beaux peuplements de teck ou de sāl, qui sont une des richesses forestières de l’Inde.

Les plaines très humides du Nord-Est comprennent deux deltas (Gange et Mahānadi) et la basse plaine du Gange non deltaïque, dans le Bihār. Ici, il n’y a guère de latérites, malgré le climat humide, car celles-ci n’ont pas eu le temps de se développer sur les alluvions, sauf les plus anciennes. Il n’y a pratiquement pas lieu de parler du couvert végétal, car le paysage est entièrement humanisé, et la forêt a complètement disparu devant le progrès des rizières.

Le sud-est de l’Inde est un peu différent. Les pluies sont encore assez abondantes pour qu’on puisse parler de région très humide (sauf dans l’extrême Sud-Est, sur lequel nous reviendrons). Mais elles sont tout de même moins abondantes qu’au Bihār et qu’au Bengale. D’autre part, elles tombent avec un rythme très particulier, le maximum se situant en octobre ou novembre, après un été qui n’est ni vraiment sec ni vraiment pluvieux.

Dans les plaines deltaïques, les rizières ont tout envahi. Mais, sur les moyennes montagnes (blocs dits « des Ghāts de l’Est », mont de Cuddapah), on rencontre des témoins d’une forêt très dégradée, un assez curieux faciès toujours vert de la « forêt de mousson » décrite plus haut.


Moyennes montagnes et plateaux humides de la péninsule

À l’intérieur de la péninsule, on trouve les régions nettement humides ou sèches : la mousson y apporte des quantités d’eau seulement moyennes en raison de l’absence de facteurs d’ascendances massives.