Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amsterdam (suite)

Heureusement prémunie contre un retour offensif d’Anvers grâce aux traités de Westphalie de 1648, qui ont cédé aux Néerlandais les bouches de l’Escaut, cette capitale économique des Provinces-Unies en est aussi la capitale intellectuelle et artistique, grâce à son « école illustre », à son industrie du livre, que consacre le nom d’Elzévir, à ses artistes, auxquels on doit un hôtel de ville à l’architecture imprégnée de classicisme français et d’innombrables tableaux, dont les plus célèbres sont ceux de Rembrandt.

Mais elle n’en est pas pour autant le seul centre politique, les états généraux résidant à La Haye et la famille d’Orange, qui domine le pays, lui étant extérieure. Entrée d’ailleurs en conflit avec celle-ci, notamment sous l’impulsion du clan des Bicker, régents d’Amsterdam (1627-1650), la ville doit finalement s’incliner une première fois devant la volonté de Guillaume II en 1650. Directement menacée par Louis XIV en 1672, elle ouvre les digues qui la protègent des eaux, et se rallie par là même à Guillaume III d’Orange, dont l’acceptation de la couronne d’Angleterre contribue apparemment à la conservation de ses intérêts, conservation à laquelle est attaché un patriciat qui se réserve le profitable contrôle du pouvoir municipal, qu’assument en particulier les régents d’Amsterdam.

De tels faits, ainsi que la montée de la puissance anglaise, la dégradation des positions hollandaises en Asie et le développement des relations directes entre la Baltique et la France, amorcent au xviiie s. un déclin relatif de la place d’Amsterdam, par rapport à celles des autres pays dont les activités croissent à un rythme plus rapide. La diminution du tonnage de sa flotte, la moindre importance de sa fonction d’entrepôt sont heureusement compensées par le maintien de ses activités financières, en raison des facilités de crédit qu’offre la place, du moins jusqu’aux années 1780. Une nouvelle guerre contre l’Angleterre (1780-1784), l’occupation par les Prussiens en 1787, puis par les forces de Pichegru en 1795 accélèrent son déclin. Capitale de la République batave en 1795, puis du royaume de Hollande en 1806, troisième métropole de l’Empire français après Paris et Rome en 1810, enfin capitale des Pays-Bas depuis 1813, elle sera le siège du sixième congrès de la IIe Internationale ouvrière (1904).

Victime du blocus britannique de 1792 à 1814, puis de l’indépendance de la Belgique, qui lui suscite la concurrence d’Anvers à partir de 1832, coupée de la mer par l’ensablement progressif de l’IJselmeer, enfin blessée gravement par l’occupation allemande, qui provoque de 1940 à 1945 la déportation de la fraction juive de sa population (environ 10 p. 100), Amsterdam ne redevient réellement un grand centre économique que lorsque s’achève sa reconstruction et qu’elle peut assumer de nouveau sa double fonction de port maritime et de port fluvial, grâce à l’élargissement du canal maritime de la mer du Nord, ouvert dès 1876, et grâce à la mise en service, en 1952, d’un canal large de 50 m et long de 72 km, qui l’unit au Rhin et qui la rend plus proche de Duisburg que ne l’est sa grande rivale, Rotterdam.

P. T.

Le port et le canal de la mer du Nord

Amsterdam fut jusqu’au xixe s. un port du Zuiderzee : les bassins les plus anciens — et les plus petits — se trouvent au nord-est de la vieille ville ; ils ne sont plus guère utilisés aujourd’hui que par la batellerie. L’envasement de l’IJ et l’augmentation de la taille des navires rendirent nécessaire la création d’un nouvel accès à la mer : de 1865 à 1876 fut creusé le canal de la mer du Nord (tirant d’eau actuel : 15 m), qui perce le cordon dunaire à IJmuiden ; le port va désormais se développer vers l’ouest. Des bassins de plus en plus grands sont aménagés sur la rive sud, en relation avec une nouvelle zone industrielle, où les activités liées au pétrole prennent une place déterminante. La rive nord, plus anciennement urbanisée, comprend surtout le vieil ensemble portuaire du Zaan, où Zaandam, jadis célèbre par ses constructions navales, s’est spécialisé dans le trafic des bois et de certaines denrées alimentaires.

La progression vers l’ouest n’a pas encore rejoint l’agglomération d’IJmuiden-Velsen, aux fonctions balnéaires, portuaires et industrielles. Au sud du i canal, on voit les deux grands bassins du port de pêche (le premier des Pays-Bas, avec des prises supérieures à 100 000 tonnes par an) et les installations de commercialisation et de traitement du poisson. Au nord s’alignent les établissements industriels : les hauts fourneaux (capacité : 3 Mt) et leur immense bassin minéralier, une usine d’engrais, une cimenterie, une papeterie. À l’entrée du canal, trois écluses permettent à la fois de maintenir constant le niveau de l’eau dans le port d’Amsterdam et d’empêcher la pénétration de la salinité ; la plus grande, longue de 400 m, autorise l’accès de navires de 100 000 t.

J.-C. B.


La ville actuelle

En dépit d’aménagements considérables (canal de la mer du Nord, canal d’Amsterdam au Rhin), le port n’est plus que le second des Pays-Bas (après Rotterdam) et qu’une base de l’activité urbaine parmi d’autres. Les sources de la prospérité et du renom d’Amsterdam sont à chercher dans ses industries et surtout dans ses activités tertiaires.


Un port et un centre industriel

Le trafic du port (24 Mt environ) repose surtout sur le maintien d’une fonction d’entrepôt, permise par une longue expérience dans le transbordement des marchandises de valeur et par un excellent équipement en matériel de manutention et de stockage. Les entrées, où les denrées tropicales conservent une place de choix, dépassent de loin les sorties. Une partie de ces marchandises est réexpédiée, souvent après conditionnement, vers, le reste des Pays-Bas et vers l’Allemagne occidentale. Amsterdam et IJmuiden importent aussi les sources d’énergie et les matières premières nécessaires à leurs industries, depuis le bois jusqu’au minerai de fer et au charbon.