Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Honshū (suite)

Le Chūbu

C’est la région la plus massive du pays, qui atteint sa largeur maximale (250 km) entre le Pacifique et la mer du Japon. Ici se trouvent encore les plus hautes montagnes, tandis que les plaines garnissent surtout les deux rivages. Le Chūbu groupe 20 millions d’habitants sur 66 779 km2, mais sa densité globale (près de 300 hab. au km2) n’a guère de signification et varie largement entre le sud-est, d’une part, le centre et l’ouest, de l’autre. Il faut distinguer ici trois sous-régions, trois familles de paysages et d’occupation humaine, qui n’offrent guère entre elles que des contrastes.


Le Tōkai

Le Tōkai est l’ensemble des rivages qui, depuis le sud de Tōkyō, vers Atami, jusqu’à la région de Nagoya bordent au sud-est le Pacifique. Sur environ 250 km se poursuit un magnifique adret faisant succéder des plaines côtières assez courtes et des éperons de collines. La presqu’île d’Izu et la baie d’Ise échancrent ce littoral et multiplient les expositions. Les côtes rocheuses y alternent avec des plages qu’interrompt entre Hamamatsu et Toyohashi la grande lagune du lac Hamana. Deux paysages ruraux coexistent ici : les plaines à riz, passant aux cultures maraîchères aux approches des nombreuses agglomérations, et les collines, que couvrent théiers (surtout vers Shizuoka) et mandariniers plantés, eux, en terrasses.

La grande industrie occupe ici un de ses quatre bastions traditionnels : Nagoya*, dont l’agglomération, de 3 millions d’habitants environ, englobe toute la plaine de Nōbi et les bords de la baie d’Ise. La vieille industrie du coton, qui a fait la fortune de la ville, survit également à Toyohashi, tandis que non loin de là, Hamamatsu fabrique 300 000 pianos par an. Toujours en continuant vers le nord-est, le complexe Shizuoka-Shimizu devient, avec le grand port de pêche de Yaizu, l’amorce d’une future agglomération millionnaire étendant ses usines le long de la baie de Suruga. Toutes ces villes forment un long cordon d’usines et de peuplement dense qui comble peu à peu l’intervalle de Tōkyō à Nagoya. La fonction essentielle de la région, la plus ancienne du moins, est celle de relation ; succédant à la vieille route féodale du Tōkaidō, qui unissait Edo (Tōkyō) à Kyōto et à Ōsaka, ont été construites une route et une voie ferrée, et, depuis la Seconde Guerre mondiale, une voie ferrée ultra-rapide et une autoroute. Enfin, le tourisme (lac Hamana, où se trouvent de grands élevages d’anguilles, Atami) se développe rapidement sur ces beaux rivages ensoleillés. Toutes ces activités attirent un nombre croissant de migrants de l’intérieur et du rivage opposé. La densité de peuplement dépasse 600 habitants au kilomètre carré.


Le Hokuriku

Des paysages bien différents se succèdent sur le littoral de la mer du Japon, depuis Niigata, au nord, jusqu’à la baie de Wakasa, au nord du lac Biwa. Des plaines bien développées, que bordent des cordons de dunes et des lagunes, s’adossent à des collines formant transition avec les Alpes japonaises. C’est l’hiver qui caractérise avant tout ces rivages, drapant d’une neige épaisse et durable dépressions et collines. Durant l’été, la nappe verte, puis jaunissante des rizières n’est pas moins uniforme, et c’est l’un des greniers du Japon. Le régime de la grande propriété a été plus vivace ici qu’ailleurs, motivé par la nécessité de grands drainages et entretenu par l’isolement de la région. Les activités industrielles sont réduites, malgré le pétrole de Niigata et la houille blanche de l’arrière-pays : raffineries de Niigata et de Toyama, métallurgie, industries chimiques fondées sur le sel marin et le pétrole de Toyama-ko et de Tsuruoka, soieries de Fukui. Deux grandes villes se partagent la direction de la région : Niigata au nord (384 000 hab.), à quatre heures de train de Tōkyō, premier port marchand de la mer du Japon, espérant beaucoup des relations futures avec l’U. R. S. S. ; et Kanazawa (361 000 hab.), vieille capitale fédérale demeurée davantage fidèle à son passé. Elle n’est qu’à trois heures et demie d’Ōsaka, si bien que chacune des deux métropoles nationales se partage, indirectement, la région. La densité de peuplement dépasse de peu 200 habitants au kilomètre carré.


Le Tōsan

Entre ces deux régions littorales, le Tōsan constitue la région la plus continentale du Japon. Trois paysages y alternent : des hautes montagnes hérissées de pics (une vingtaine de sommets ont plus de 3 000 m) et de crêtes, constituant les monts Hida (Alpes japonaises) ; des montagnes moyennes ouvertes de grandes vallées rectilignes se dirigeant au nord ou au sud ; enfin des bassins (Kōfu, Nagano, lac Suwa, Matsumoto, Takayama) évidés au cœur de ces reliefs, plaines effondrées aux rebords nets, au sol caillouteux et plat, au climat continental, froid et sec en hiver (à 600 m d’altitude, le lac Suwa gèle entièrement de janvier à mars). Les rizières y gagnent le bas des versants, où elles s’étagent en larges gradins. Les pommiers (Nagano), la vigne ou les pêchers (Kōfu), le mûrier y diversifient le paysage. Le Tōsan est une grande région de sériciculture, et les maisons rurales à étage et balcon sont de formes variées. Filature et tissage de la soie y sont les seules activités modernes, tandis que l’hydro-électricité (barrage de Kurobe) et le bois d’œuvre sont les deux richesses de la montagne. La densité de la population est peu élevée (155), mais elle le serait davantage à ne compter que les bassins. Ceux-ci abritent les nœuds de relations : anciennes cités féodales (Kōfu, Matsumoto) ou religieuse (Nagano), qui ne dépassent guère 200 000 habitants.


Le Kinki (ou Kansai)

C’est avec le Kantō et le Tōkai une des régions clés du pays (32 963 km2, 18 millions d’habitants environ). Elle tire son originalité autant de l’histoire que de la géographie. Passé la ligne de hauteurs, qui joint la baie de Nagoya à celle de Wakasa, on débouche sur un Japon différent : hautes montagnes et larges plaines sont remplacées par des hauteurs et des dépressions plus réduites ; la neige est rare ou absente, et la tiédeur générale du climat, les paysages mesurés, la large coulée de lumière qu’ouvre ici la mer Intérieure (Seto-naikai) composent un milieu plus accueillant qu’au nord. Le Kinki est le centre historique du Japon à partir duquel l’ensemble de l’archipel a été acquis à la civilisation venue du continent. Les anciennes capitales se sont établies dans les bassins intérieurs : plaine de Nara (Yamato), puis celle de Kyōto, cette dernière cité ayant été la résidence de la Cour pendant plus de dix siècles (794-1868).