Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
H

Hémiptères ou Hémiptéroïdes (suite)

Quelques Punaises vivent au bord des lacs et des rivières, courant et sautant avec agilité : Salda, Pelogonus ; d’autres se rencontrent sur les plantes flottantes, comme Hebrus sur les Lentilles d’eau. Les plus curieux des Hémiptères dulyaquicoles sont ceux qui se déplacent à la surface de l’eau et ceux qui vivent immergés. Parmi les premiers, citons l’Hydromètre, qui marche lentement sur l’eau des étangs et sur les bords, la Vélie, qui court agilement sur les ruisseaux, et les Gerris, qui arpentent par saccades les eaux calmes et sont couramment appelés Araignées d’eau ; leurs pattes moyennes et postérieures reposent sur la surface par leurs longs tarses, munis de poils hydrofuges. Toutes les Punaises qui vivent dans l’eau conservent une respiration aérienne et viennent près de la surface renouveler leur provision d’air, certaines en faisant affleurer l’extrémité de leur abdomen (Notonecte, Naucore), d’autres grâce au tube respiratoire qui prolonge leur corps (Nèpe, Ranatre) ; plusieurs nagent rapidement à l’aide de leurs pattes postérieures, garnies de poils (Notonecte, Corise).

Le littoral possède une faune spéciale d’Hémiptères : les uns vivent sur les dunes, d’autres dans le sable des plages (Cydnus flavicornis) ; dans les fentes des rochers de la zone de balancement des marées, on peut découvrir Æpophilus. Enfin, un Insecte franchement pélagique, l’Halobate, se tient sur les Algues flottantes des mers chaudes (Sargasses) et y trouve sa nourriture.

Il existe quelques Hémiptères utiles

Certains Hémiptères, prédateurs d’Insectes nuisibles aux cultures, limitent leur pullulation et sont de précieux agents de lutte biologique. Ainsi, Zicrona cœrulea détruit l’Altise de la Vigne, diverses chenilles et les larves du Doryphore ; Perillus bioculatus attaque efficacement, en Amérique, les larves du Doryphore.

Quelques Réduviidés pénètrent dans les maisons et y font la chasse à divers hôtes indésirables : Reduvius personatus se nourrit de Mouches, de Punaises des lits ; Empicoris vagabunda attaque les Moustiques et autres petits Diptères.

Les Cochenilles ont — ou ont eu — une certaine importance économique, par leurs diverses sécrétions : gomme-laque fournie par Tachardia lacca, carmin extrait de Coccus cacti, pourpre tiré de Kermes ilicis.

Dans certains lacs mexicains, on récolte les œufs de Corises, dont les indigènes font des galettes comestibles. Signalons enfin que, sous l’effet des multiples piqûres d’une Cochenille, un arbuste du Moyen-Orient, du genre Tamaris, donne un produit consommé localement (manne des Hébreux).

M. D.


Une incroyable profusion de formes et de couleurs

Des minuscules Pucerons, qui atteignent à peine le millimètre, aux Bélostomes, cent fois plus longs, les Hémiptères offrent une vaste gamme de dimensions. L’aspect du corps ne montre pas moins de variété ; tantôt plat (Punaises), tantôt massif (Cigales), tantôt linéaire (Gerris) ; les ailes au repos s’appliquent sur le dos (Punaises des bois et aquatiques), se disposent en toit (Cicadelles et Cigales) ou restent verticales (Pucerons) ; elles manquent d’ailleurs chez certains adultes, comme la Punaise des lits ; certaines espèces montrent des individus à ailes longues (macroptères), d’autres à ailes courtes (brachyptères) et d’autres à ailes très réduites (microptères). La nature s’est quelquefois livrée à des fantaisies morphologiques des plus curieuses, comme les découpures latérales de Phyllomorpha où l’énorme ampoule céphalique des Fulgores, ou, mieux encore, les protubérances insolites des Membracidés. À cet éventail de formes s’ajoute souvent une ornementation au dessin original et aux couleurs vives ; il arrive que des individus d’une même espèce présentent des colorations différentes, ce qui ne facilite pas les déterminations. On connaît quelques cas remarquables d’homomorphie et d’homochromie, tels le Flatoïde malgache, qui ressemble à une écorce couverte de lichens, et l’Umbonie américaine, qui simule, à s’y méprendre, une épine de rosier. Des exemples de mimétisme sont également signalés, en particulier avec les Fourmis (Alydus, Systellonotus).


Rassemblements et déplacements

Il n’est pas rare de rencontrer réunis en grand nombre des individus d’une même espèce. Ces rassemblements peuvent résulter de diverses conditions : il s’agit parfois d’Insectes provenant d’une même ponte et qui restent sur place après réclusion (cas de certains Pucerons) ; ailleurs, le groupe résulte du choix d’un milieu favorable, anse d’une rivière pour les « Araignées d’eau » (Gerris), tronc d’arbre pour Pyrrhocoris ; des Pucerons, enfin, peuvent se trouver réunis sur le même rameau par des Fourmis éleveuses, qui surveillent leur troupeau avec vigilance. En aucun cas, ces groupements spontanés ou provoqués ne montrent de vie sociale entre leurs membres.

À part certaines Cochenilles qui, adultes, restent bien fixées sur la plante hôte, les Hémiptères se déplacent en marchant, en sautant, en volant, en creusant ou — nous l’avons vu — en nageant. Les six pattes servent pour la marche, sauf chez les Insectes dont les pattes antérieures sont ravisseuses. Les Cicadelles, les Salidés, les Psylles bondissent avec rapidité, et parfois avec force, en détendant leurs pattes postérieures. Les larves des Cigales sont fouisseuses, ainsi que Cydnus des plages, et possèdent des pattes antérieures larges et robustes.

Si les Pucerons ailés peuvent être dispersés passivement par le vent, la plupart des autres Hémiptères ont un vol actif et soutenu, particulièrement chez les Cigales et autres Homoptères : grâce à un dispositif d’accrochage basai, les deux ailes d’un même côté vibrent simultanément. Les Punaises aquatiques sortent parfois de l’eau et s’envolent d’un étang à l’autre ; il leur arrive même d’accomplir de véritables migrations en groupe, comme on l’a observé chez les Notonectes.