Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Guerre mondiale (Seconde) ou Guerre de 1939-1945 (suite)

En Europe, l’occupation allemande s’est faite d’autant plus lourde que la Gestapo a étendu partout son appareil de terreur, et notamment le système concentrationnaire, qui reçoit désormais mission de fournir au Reich une main-d’œuvre dont il a un impérieux besoin (v. concentration [camps de]). Aussi, un peu partout, à mesure que le contrôle politique, policier et économique se resserre, les populations des territoires occupés passent-elles de l’attentisme à la résistance. À Prague, le protecteur S. S. Heydrich est assassiné le 27 mai ; en Serbie, la résistance armée, conduite par Draža Mihajlović, soutenue par les Anglais, a tenu en 1941 les Allemands en échec, mais se heurte en 1942 au mouvement de résistance croate de Tito, d’obédience communiste, qui, appuyé par l’U. R. S. S., parviendra à l’éliminer. En France, où les Allemands ont imposé le rappel de Laval le 18 avril 1942, l’instauration d’un Service du travail obligatoire, au profit du Reich, l’odieux système des otages et finalement l’occupation totale de la France le 11 novembre 1942 contribueront à renforcer le courant antiallemand. Partout, la Résistance* s’organise...


Seconde partie : la victoire des Alliés (1942-1945)

Le fait qui domine la seconde partie de la guerre est la reprise de l’initiative par les adversaires de l’Axe, qui adoptent partout une attitude résolument offensive. Mais la coordination de leurs actions n’interviendra que très progressivement. L’U. R. S. S. attend avant tout de ses alliés anglo-saxons l’ouverture d’un second front en Europe qui allège la pression de la Wehrmacht sur le front russe. C’est ce que Molotov dit à Churchill en signant à Londres le 26 mai 1942 un traité d’alliance anglo-soviétique, et surtout à Roosevelt, qui le reçoit le surlendemain à Washington. Mais, tandis que Staline est tendu vers un unique objectif, les États-Unis et la Grande-Bretagne sont engagés, souvent conjointement, dans le monde entier sur de multiples théâtres où ils entendent d’abord mener une stratégie commune.


La direction de guerre anglo-américaine

C’est en 1942 qu’elle s’organise par la volonté commune de Churchill et de Roosevelt, qui établissent entre eux un contact quasi permanent. Leur instrument est le Comité mixte anglo-américain des chefs d’état-major (Combined Chiefs of Staff), créé à Washington dès Noël 1941, où Londres est représenté par sir John Dill (1881-1944), mais où domine la forte personnalité du général américain Marshall*. Les ressources des deux pays sont mises en commun : en janvier 1942 est constitué le Combined Shipping Adjustement Board, qui gère le pool de leurs navires marchands et pétroliers (95 millions de tonnes en 1944), indispensable à la conduite d’opérations qui se déroulent à des milliers de kilomètres de leurs territoires. Si la priorité finale est reconnue au théâtre européen, Churchill s’oppose à toute tentative prématurée en France (en 1942, seuls deux raids expérimentaux sont lancés, l’un en février à Bruneval, l’autre en août à Dieppe). Conscient de l’importance de la Méditerranée, il convainc Roosevelt de s’y assurer d’abord des bases solides en débarquant en Afrique du Nord (opération Torch).


Les troupes de l’Axe chassées d’Afrique

Décidée en juillet 1942, l’opération Torch est la première entreprise américaine sur le théâtre occidental. Déclenchée le 8 novembre aux ordres d’Eisenhower, elle fut précédée de multiples contacts avec des éléments français se réclamant du général Giraud*, récemment évadé d’Allemagne, et bénéficia de la présence fortuite à Alger de l’amiral Darlan*. L’autorité de ce dernier comptera aussi bien pour faire cesser le 11 novembre les résistances locales (Casablanca, Oran) des troupes françaises aux Américains que pour leur prescrire, le 13, de reprendre en Tunisie le combat contre les Allemands qui venaient d’y débarquer. Le 22, Darlan signe avec le général américain Clark un accord organisant la rentrée en guerre de tous les territoires français d’Afrique, et notamment de ceux d’Afrique-Occidentale.

La riposte allemande est brutale : dès le 11 novembre, la Wehrmacht envahit la zone non occupée de la France, tandis que les Italiens se saisissent de Nice et de la Corse ; le 27, l’armée française d’armistice est dissoute, et la flotte de Toulon se saborde suivant les engagements pris en juin 1940 pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi. En Afrique, du 9 au 12 novembre, les Allemands débarquent à Tunis, d’où ils prendront liaison avec les forces germano-italiennes refoulées d’Égypte par Montgomery depuis sa victoire d’El-Alamein (2 nov.). Le 23 janvier 1943, les Britanniques sont à Tripoli, où les rejoint la colonne française du général Leclerc, venue du Tchad ; le 4 février, ils entrent en Tunisie et passent aux ordres d’Eisenhower, dont les forces franco-anglo-américaines, débouchant d’Algérie, en décembre, menacent Tunis. Sous les attaques conjuguées des deux groupements alliés, les forces germano-italiennes d’Afrique doivent capituler le 13 mai 1943 au cap Bon, abandonnant 250 000 prisonniers.

À la conférence de Casablanca, du 14 au 27 janvier 1943, Roosevelt et Churchill tirent ensemble les conséquences de leur succès. Affirmant leur volonté d’exiger une capitulation sans condition de l’Italie, de l’Allemagne et du Japon, ils établissent leur plan pour 1943 : débarquement en Sicile, attaque aérienne systématique du potentiel économique allemand pour préparer l’ouverture du second front, qui est ajournée à 1944. Ils tentent aussi, au cours de leur rencontre à Anfa (dans la banlieue de Casablanca), de rapprocher de Gaulle de Giraud, qui a pris à Alger la succession de Darlan, assassiné le 24 décembre. Le 3 juin 1943, les deux généraux installent à Alger, sous leur coprésidence, un Comité français de libération nationale, unique pouvoir politique représentant désormais la France en guerre. Après avoir dirigé la libération de la Corse par les troupes françaises, Giraud abandonne le 27 septembre sa coprésidence, et de Gaulle devient le seul maître à Alger.