Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

grimpantes (plantes) (suite)

Les plantes grimpantes peuvent entrer pour une part très importante dans la composition floristique de certaines associations ; ainsi, dans la forêt tropicale, on compte jusqu’à 25 p. 100 d’espèces grimpantes ligneuses (lianes). Dans nos régions tempérées, de tels végétaux sont courants, quoique moins nombreux (Clématite, Passiflore, Lierre, Houblon, Cuscute, Liserons, diverses Papilionacées...). Leur accrochage aux supports, vivants ou non, s’obtient soit par des organes distincts, soit, pour les plantes où des mouvements de circumnutation existent, par un enroulement autour du tuteur.


Formations épidermiques et racines adventives

Les plantes dont les rameaux sont dépourvus de mouvements préhenseurs s’accrochent par des formations épidermiques : ce sont des poils rigides (Gratteron [Galium aparine]) ou des piquants, tels que les épines ou aiguillons de rosier ou de ronce, ou des racines adventives en forme de crampons qui fixent le végétal (Lierre) à l’écorce de son hôte sans jamais pénétrer dans les tissus ; cette fixation est très solide, et les deux végétaux sont en contact intime. La présence du Lierre, de peu d’importance au début, finit par nuire au support s’il est vivant : le Lierre gêne la croissance en épaisseur du tronc et des branches ; d’autre part, lorsque le feuillage, vert foncé, atteint le sommet d’un arbre et l’envahit, il devient un véritable parasite qui utilise la lumière, mettant dans l’ombre les feuilles de l’hôte. La Vigne vierge (Parthenocissus) s’attache au support par de petits rameaux modifiés portant des pelotes qui se comportent comme de véritables ventouses.


Plantes volubiles

Les plantes qui possèdent un mouvement d’enroulement permettant leur fixation sur un support (circumnutation) sont dites « volubiles » : la pointe de la tige terminale décrit des mouvements de rotation autour de l’axe de la plante ; l’extrémité mobile porte parfois le nom de flagelle ; les entrenœuds de ce dernier sont longs, mais les feuilles restent réduites ; le flagelle montre une courbure due à l’inégalité de croissance des cellules sur deux génératrices opposées ; mais cette différence de croissance atteint, au cours du temps, des génératrices successives de la tige et entraîne ainsi le bourgeon terminal dans un mouvement de rotation qui lui fait balayer l’espace d’un large mouvement hélicoïdal, comme à la recherche d’un support. Ce déplacement semble, le plus souvent, commandé par des mécanismes internes, liés probablement aux auxines* (hormones de croissance).

Pour certains auteurs, la présence ou l’absence de support ne semble jouer aucun rôle, l’enroulement se faisant (lorsque, par hasard, le végétal rencontre un tuteur) non pas grâce à un seul mouvement embrassant, mais par suite de nombreuses circumnutations qui, peu à peu, entourent l’obstacle. D’autres pensent que la présence d’un support aurait une action encore mal élucidée (ombre, modification des microcourants d’air...).

L’amplitude de la trajectoire du flagelle atteint fréquemment 20 cm de diamètre et a une période d’une heure. De tels déplacements liés à la croissance se poursuivent pendant toute la durée de celle-ci. Certains végétaux, tels le Haricot et de nombreuses autres plantes volubiles, effectuent un mouvement toujours orienté en sens inverse des aiguilles d’une montre. Par contre, le Houblon, le Tamier, des Polygonacées tournent dans le sens de celles-ci. La Douce-Amère et un très petit nombre d’espèces ont un sens inconstant. Lorsque, par plusieurs circumnutations, la plante s’est enroulée sur le tuteur, elle se redresse, soumise à un géotropisme négatif, et, de ce fait, resserre son étreinte.


Les lianes

La plupart de nos plantes volubiles de pays tempérés sont herbacées, tels les Liserons, la Cuscute, l’Asparagus plumosus (Afrique du Sud) et de nombreuses Papilionacées ; si elles ne rencontrent pas un support, elles restent couchées sur le sol. Par contre, dans les régions tropicales, nombreuses sont les plantes volubiles ligneuses, ou lianes ; par suite de leur mode de vie, la structure des tissus secondaires de leurs tiges comporte souvent des anomalies. Chez les Bignoniacées, on peut voir, sur les coupes transversales des tiges à section arrondie, des secteurs de liber s’enfonçant dans le bois : l’assise génératrice, après avoir fonctionné normalement pendant les premières saisons, cesse de produire du bois dans certaines zones, mais y fabrique un liber plus abondant. D’autres sont aplaties (Cocculus [Ménispermacées]) ; les arcs de cambium se forment successivement sur le même côté de la tige, qui acquiert ainsi peu à peu son curieux aspect. Chez certaines Sapindales (Paullinia), les rameaux apparaissent grossièrement arrondis, mais marqués de côtes profondes, des assises génératrices circulaires supplémentaires se développant à l’extérieur de la première après quelques années de fonctionnement normal. Chez de nombreuses Malpighiacées, des assises externes se constituent aussi, mais affectent plutôt la forme d’arcs nombreux qui s’emboîtent.


Plantes à vrilles

D’autres plantes grimpantes se fixent à leur support au moyen de vrilles, organes hautement spécialisés. Certaines vrilles sont des rameaux modifiés qui gardent leur structure de tige ; elles peuvent alors porter des feuilles réduites et se ramifier (Vigne [Vitis vinifera]). D’autres sont des feuilles ou des portions de feuilles transformées : chez Lathyrus Aphaca (Gesse Aphaca), une feuille entière est modifiée en vrille, sauf les stipules, qui assurent à elles seules la photosynthèse. Chez d’autres Lathyrus (Gesses), chez les Pois, ce sont les folioles qui sont transformées ; chez les Népenthes et les Clématites, c’est le pétiole ; chez le Smilax, ce sont les stipules.

Dans tous les cas, la vrille se présente comme un filament allongé, animé au départ d’un mouvement de circumnutation. Dès que la plante a atteint un support, elle l’entoure solidement, effectuant une véritable ligature ; les mouvements de torsion de la vrille rapprochent la plante de son tuteur ; les enroulements dans un sens sont alors compensés par des enroulements dans l’autre.