Griffith (David Wark) (suite)
Griffith fut le véritable instigateur d’une révolution esthétique radicale, qui libéra notamment le cinéma d’un cadre théâtral qui l’étouffait en laissant à la caméra un rôle actif, lui permettant d’intervenir dans le spectacle. C’est à lui qu’on doit notamment l’utilisation du gros plan à des fins expressives. S’il ne fut pas l’inventeur de tous les procédés techniques dont allaient se servir les cinéastes, du moins fut-il l’ardent propagandiste du découpage filmique. Combinaison de plans, changements d’angles de la caméra, travellings, panoramiques, montage parallèle, bref toute la base du cinéma moderne fut utilisée par Griffith avec brio. Son influence fut décisive sur tous les grands cinéastes mondiaux, notamment sur ceux qui composèrent la grande école soviétique des années 20. Eisenstein avouait lui-même : « Je n’aime guère les drames de Griffith, du moins le sens de sa dramaturgie. Chez lui tout repose sur des concepts arriérés. C’est l’expression ultime d’une aristocratie bourgeoise à son apogée et sur son déclin. Mais c’est Dieu le Père. Il a tout créé, tout inventé. Il n’y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose. Le meilleur du cinéma soviétique est sorti d’Intolérance. Quant à moi, je lui dois tout. »
J.-L. P.
S. Stern, An Index to the Creative Work of D. W. Griffith (Londres, 1946-47 ; 3 vol.). / J. Mitry, Griffith (C. I. B., « Anthologie du cinéma », no 2, tome I, 1965). / R. M. Henderson, D. W. Griffith. The Years at Biograph (New York, 1970). / P. O’Dell, Griffith and the Rise of Hollywood (Londres, 1970). / J. Deslandes, D. W. Griffith (Seghers, 1973).