Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Griffith (David Wark) (suite)

Griffith fut le véritable instigateur d’une révolution esthétique radicale, qui libéra notamment le cinéma d’un cadre théâtral qui l’étouffait en laissant à la caméra un rôle actif, lui permettant d’intervenir dans le spectacle. C’est à lui qu’on doit notamment l’utilisation du gros plan à des fins expressives. S’il ne fut pas l’inventeur de tous les procédés techniques dont allaient se servir les cinéastes, du moins fut-il l’ardent propagandiste du découpage filmique. Combinaison de plans, changements d’angles de la caméra, travellings, panoramiques, montage parallèle, bref toute la base du cinéma moderne fut utilisée par Griffith avec brio. Son influence fut décisive sur tous les grands cinéastes mondiaux, notamment sur ceux qui composèrent la grande école soviétique des années 20. Eisenstein avouait lui-même : « Je n’aime guère les drames de Griffith, du moins le sens de sa dramaturgie. Chez lui tout repose sur des concepts arriérés. C’est l’expression ultime d’une aristocratie bourgeoise à son apogée et sur son déclin. Mais c’est Dieu le Père. Il a tout créé, tout inventé. Il n’y a pas un cinéaste au monde qui ne lui doive quelque chose. Le meilleur du cinéma soviétique est sorti d’Intolérance. Quant à moi, je lui dois tout. »

J.-L. P.

 S. Stern, An Index to the Creative Work of D. W. Griffith (Londres, 1946-47 ; 3 vol.). / J. Mitry, Griffith (C. I. B., « Anthologie du cinéma », no 2, tome I, 1965). / R. M. Henderson, D. W. Griffith. The Years at Biograph (New York, 1970). / P. O’Dell, Griffith and the Rise of Hollywood (Londres, 1970). / J. Deslandes, D. W. Griffith (Seghers, 1973).

Grigny (Nicolas de)

Compositeur et organiste français (Reims 1672 - id. 1703).


Il y a deux manières de porter un jugement sur ce technicien de l’orgue. À le situer dans l’histoire de la musique d’orgue française, il apparaît comme le dernier témoin d’un groupe de conservateurs, car il a toujours fait passer au premier plan l’orgue liturgique et la polyphonie, qui servait celui-ci depuis près de deux siècles. À le situer dans l’histoire de la musique européenne, Grigny doit être tenu pour l’un des grands précurseurs de Bach*, puisque ce dernier, peut-être au moment même où il apprit sa mort (1703), recopia entièrement de sa main, alors qu’il se trouvait à Celle, dans un milieu français, le Livre d’orgue du Rémois. Le cantor sut profiter et de l’écriture des Fugues à cinq et des différentes manières utilisées par Grigny pour paraphraser un chant grégorien, stabilisé au xviie s. au point de pouvoir être assimilé au choral allemand : on songe notamment aux versets où le cantus firmus demeure en valeurs longues à la basse ; on songe encore plus au véritable choral orné que Nicolas de Grigny faisait chanter au ténor comme dans le Pange lingua.

Petit-fils, neveu et fils d’organistes de Reims, Nicolas est né en 1672, et l’on imagine qu’avec la protection de l’archevêque qui était un Colbert il vint tôt à Paris travailler sous la direction de Lebègue, l’un des plus célèbres virtuoses du temps, puisqu’il était non seulement organiste de Saint-Merry, mais aussi titulaire de l’un des quatre « quartiers » de la Chapelle royale. Organiste de la basilique de Saint-Denis de 1693 à 1695, Grigny épouse à cette dernière date Marie-Magdeleine de France, fille d’un marchand de Paris. L’année suivante, on le retrouve à Reims, où il occupe dès 1697 le poste d’organiste de la cathédrale. Deux ans plus tard, il publiera son Premier Livre d’orgue, dont on ignore s’il a été commencé sous la direction de Nicolas Lebègue (1631-1702) dès le séjour à Paris, s’il a été continué à Saint-Denis et parachevé à Reims. En 1702, il est encore organiste de Saint-Symphorien de Reims.

Réédité en 1711, ce Premier Livre d’orgue — il n’y en a jamais eu de second, ou du moins, s’il a existé, on ne le connaît pas — contient tous les versets destinés à la paraphrase des cinq prières de l’ordinaire de la messe ainsi que des versets d’hymnes pour les principales fêtes de l’année. Dans cet ensemble imposant et qui constitue la seule œuvre de Grigny, nous distinguerons, outre un Offertoire sur les grands jeux (un peu long et moins réussi que celui de François Couperin*), de souples Récits au soprano ou à la taille (ténor), des Basses de trompette, modèles du genre, des Pleins Jeux majestueux sur cantus firmus, enfin un Point d’orgue en deux volets, d’une structure bien curieuse : toutes pages qui s’inscrivent parmi les plus sensibles et les plus significatives de la littérature de l’instrument.

N. D.

 N. Dufourcq, la Musique d’orgue française de Jehan Titelouze à Jehan Alain (Floury, 1941 ; 2e éd., 1949) ; le Livre de l’orgue français, t. IV : la Musique (Picard, 1972).

Grillons

Insectes Orthoptères formant plus de 2 200 espèces connues, réparties en plus de 10 sous-familles et en 305 genres.



Description

Parmi les Orthoptères, les Grillons se distinguent par leur tête globuleuse, leurs antennes longues et fines, un pronotum aplati dorsalement, un long oviscapte permettant la ponte des œufs en profondeur. Les tibias antérieurs portent généralement un tympan auditif ; les pattes postérieures sont moins bien adaptées au saut que celles d’autres Orthoptères. Dans le prolongement du pronotum s’étendent les élytres, dont la nervation particulière chez le mâle forme un grand organe stridulant. Le Grillon émet en effet une stridulation caractéristique, dont l’analyse électro-acoustique a révélé la nature toujours spécifique quant à la hauteur du son et à la répartition des sons dans le temps. Différents types de stridulations sont connus : signal d’appel, de cour à l’approche d’une femelle, de combat en présence d’un mâle rival.

Des fossiles de Grillons ont été trouvés dès la fin du Jurassique. Aujourd’hui, on en rencontre sur tous les continents, entre 55° de lat. N. et 55° de lat. S.