Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

Une fraction importante de cet espace agricole est de qualité médiocre. Les massifs montagneux de l’Ouest et du Nord sont les plus défavorisés. L’exposition aux vents humides de l’Atlantique, la qualité médiocre des roches mères (roches anciennes et sédiments primaires acides), l’altitude et, en Écosse, la haute latitude se conjuguent pour donner un milieu géographique caractérisé par une saison végétative courte, la fraîcheur des étés, des sols pauvres et lessivés par les précipitations. Aussi, 20 p. 100 de la Grande-Bretagne sont-ils couverts de landes (soit 10 p. 100 en Angleterre, 36 p. 100 en Galles, 55 p. 100 en Écosse) peu productives. Les plaines et les plateaux de l’Est et du Sud ont heureusement de bons sols dérivés de roches sédimentaires jeunes ou de dépôts glaciaires et un climat plus sec, plus chaud en été, plus ensoleillé ; mais ces régions sont aussi les plus urbanisées et les plus menacées par l’urbanisation future.

En outre, l’agriculture britannique a souffert de la politique de libre-échange inaugurée en 1846 et qui s’est prolongée jusqu’aux années 1930. L’adoption du libre-échange exposait l’agriculture nationale à une concurrence étrangère qu’elle était incapable de soutenir et la plongea dans une profonde dépression dont elle ne devait sortir que grâce à la Seconde Guerre mondiale et à la promulgation de la loi agricole de 1947. Celle-ci vise à donner aux agriculteurs un niveau de vie égal à celui des autres travailleurs tout en maintenant un coût de la vie modéré ; à ces fins, elle a mis en place un ingénieux dispositif de prix agricoles garantis et de subventions aux progrès techniques. Mais l’adhésion de la Grande-Bretagne au Marché commun la contraindra à rapporter la loi de 1947, incompatible avec les règlements communautaires.

Chaque région britannique doit contribuer à l’effort de production. La diversité des conditions physiques et la plus ou moins grande proximité des marchés permettent une certaine spécialisation régionale.


Les régions agricoles

Les régions montagneuses sont condamnées par leur climat et leur éloignement des marchés à différents types d’élevage extensif. Les landes les plus médiocres (Highlands d’Écosse, monts Cheviot, plateaux du Centre gallois, chaîne pennine, Dartmoor) pratiquent l’élevage ovin en plein air sur la végétation naturelle. La densité du bétail est très faible (une brebis et sa progéniture sur une surface de 2 à 5 ha de landes), et les ranches couvrent de vastes superficies, parfois plus de 1 000 ha en Écosse ; ce type d’élevage aurait du mal à subsister sans les subventions de l’État. L’élevage naisseur des bovins se limite aux vallées abritées et à la frange orientale plus abritée des montagnes. Les veaux nés au printemps sont vendus à l’entrée de l’hiver aux emboucheurs des plaines. En tout, ces régions montagneuses, qui couvrent un tiers de la superficie britannique, ne donnent que 4 p. 100 en valeur de la production agricole.

Les régions non montagneuses de l’Ouest et les dépressions de l’Écosse et de l’Angleterre moyenne s’adonnent surtout à l’élevage laitier en plein air et à l’agriculture mixte, associant élevage et culture. Le lait est devenu la première ressource de la majorité des exploitations ; un organisme coopératif organise de façon impeccable la commercialisation du produit. Les prairies permanentes occupent les surfaces les plus humides ; les prairies temporaires alternent au sol avec les cultures céréalières et les racines fourragères, et tiennent une place de plus en plus grande dans les rotations à mesure qu’on va vers l’ouest. L’élevage d’embouche a localement (Devon, Leicestershire, environs d’Aberdeen) un rôle de premier plan dans l’économie régionale. Des élevages de poules pondeuses et de poulets de chair se tiennent à proximité des principaux marchés urbains (Lancashire, Sud gallois). Les cultures maraîchères délicates bordent la côte de Cornwall-Devon.

Les régions bordières de la mer du Nord, au climat plus sec, où l’herbe pousse moins bien, ont des systèmes agricoles davantage tournés vers les cultures arables et les élevages à base de céréales. Les quatre cultures fondamentales sont l’orge, le blé, la pomme de terre et la betterave à sucre ; les prairies temporaires n’ont qu’une place réduite dans les rotations. En revanche, les cultures légumières de plein champ, souvent irriguées, ont gagné beaucoup de terrain depuis 1960. Les Fens, un ancien marais maritime conquis et drainé à grands frais depuis le xviie s., sont le district légumier par excellence (céleri, carottes, oignons, choux-fleurs), produisant surtout pour la consommation fraîche. Les nombreuses conserveries de légumes qui jalonnent la côte, à Hull, Grimsby, King’s Lynn, Yarmouth, Lowestoft, Ipswich, etc., ont suscité la culture des légumes de conserverie (petits pois surtout) tout le long du littoral. Le Kent a toujours l’avantage pour les cultures fruitières (pommes, cerises, prunes, fraises, framboises, groseilles à maquereau) et les cultures de houblon, bien que les vergers aient beaucoup progressé depuis 1945 entre la Tamise et les Fens. Les cultures de fleurs à bulbes (iris, tulipes, jonquilles) s’étendent sur les vases marines légères qui tapissent le fond du golfe du Wash. Les cultures en serres (tomates, concombres, fleurs) de l’Est-Anglie, de la vallée de la Lea et de la côte de la Manche paraissent menacées par l’adhésion de la Grande-Bretagne au Marché commun.

La récolte d’orge est en partie destinée à la brasserie, mais sert surtout à l’alimentation des porcs et des volailles (dindes, poulets, canards), élevés en liberté ou en batterie. Certains élevages sont d’énormes usines à œufs et à viande blanche ; la production est abattue, préparée, emballée sur place.

Les principaux ports de pêche sont sur la façade orientale, face aux bancs poissonneux de la mer du Nord. Hull, Grimsby, Aberdeen, Lowestoft, les plus actifs par ordre d’importance décroissante, ont des conserveries de poisson.

Toute cette partie orientale de la Grande-Bretagne a de nombreuses industries alimentaires (conserveries de fruits, de légumes et de poisson, sucreries, meuneries, fabriques de confitures, de jus de fruits, de frites en sachet, usines de préparation de la viande), des fabriques d’engrais chimiques et d’outillage agricole.