Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

La Grande-Bretagne essaie de réduire au minimum les importations de produits d’élevage, plus coûteux que les produits d’origine végétale. La production nationale couvre la totalité de la consommation d’œufs, de lait, de viande de porc et de volaille, mais seulement 75 p. 100 de celle de viande bovine, 55 p. 100 pour la viande ovine, 35 p. 100 pour le bacon, 40 p. 100 pour le fromage, 8 p. 100 pour le beurre. Les récoltes d’orge, d’avoine et de pommes de terre suffisent à la consommation nationale, mais celle du blé n’assure que la moitié de la consommation ; celle des fruits, un tiers ; celle du sucre, 30 p. 100. La faiblesse relative de l’agriculture, la puissance de l’industrie contraignent la Grande-Bretagne à avoir une intense activité commerciale.


Les échanges internationaux


Leur importance

L’économie britannique dépend étroitement du commerce extérieur ; ce fut une des causes de sa puissance au xixe s., à une époque où, première puissance mondiale, la Grande-Bretagne contrôlait les principaux marchés ; elle n’a plus de nos jours que le quatrième rang, après les États-Unis, la République fédérale d’Allemagne et le Japon. Une forte proportion (27 p. 100) de la production nationale des biens et services est destinée à l’exportation : en 1968, 10 milliards de livres d’exportations pour un produit national brut de 36 milliards de livres.

Cette importance du commerce extérieur est un trait commun aux pays qui ont à la fois une nombreuse population et des ressources naturelles restreintes. De tels pays, s’ils prétendent à un niveau de vie élevé, sont obligés d’acheter à l’extérieur beaucoup de produits bruts et, par conséquent, pour payer ces achats, de vendre des produits transformés, fruits de leur savoir-faire et de leur ingéniosité technique. De là vient un certain déséquilibre du commerce extérieur ; la Grande-Bretagne importe, en poids, trois fois plus qu’elle n’exporte, mais la tonne vendue vaut trois fois plus cher que la tonne achetée.

Le passé colonial explique aussi dans une certaine mesure la place majeure du commerce extérieur ; au xixe s., l’expansion coloniale et le commerce s’appuyaient mutuellement, chacun poussant l’autre. Aujourd’hui encore, les produits tropicaux ont une place importante dans ce commerce, et plusieurs des principaux clients et fournisseurs de la Grande-Bretagne sont des pays qui firent partie ou font encore partie de la zone d’influence britannique. La préférence impériale inaugurée en 1932 favorise encore, mais de moins en moins, les fournisseurs du Commonwealth aux dépens des autres. Le commerce extérieur de la Grande-Bretagne est l’expression de son économie mais aussi le reflet de son histoire.


Le commerce des biens

Dans ce commerce, il faut distinguer le mouvement des biens et celui des services. Le premier est traditionnellement déficitaire ; depuis deux siècles, la Grande-Bretagne a presque toujours importé plus de marchandises qu’elle n’en a exporté. Ce n’est que depuis quelques années, à la suite de la dévaluation de la livre, en 1967, et d’un vigoureux effort d’exportation que les ventes et achats de marchandises s’équilibrent à peu près. Le déficit du mouvement des marchandises est comblé et au-delà par l’excédent du mouvement des services. Ces derniers tiennent une place considérable dans le commerce total : en 1968, 37 p. 100 des ventes de la Grande-Bretagne et 32 p. 100 de ses achats se composaient de services immatériels ; c’est l’indice d’une économie à haut niveau de développement.

Les ventes et les achats de biens matériels ont une structure très différente. Les ventes sont celles d’un pays très industrialisé. Les produits alimentaires et agricoles ne comptent que pour 6 p. 100 du total (whisky, céréales, bétail de pedigree, confiserie, etc.), et les produits énergétiques pour 3 p. 100 (produits pétroliers, charbon), les matières premières pour 3 p. 100 (kaolin, ferrailles, fibres textiles). Les réexportations, si importantes au xixe s., ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes, avec 3 p. 100 (café, coton, sucre, caoutchouc, métaux non ferreux, tapis d’Orient, fourrures du Canada) ; 85 p. 100 des exportations se composent donc de produits ouvrés et semi-ouvrés, qui se décomposent ainsi :
42 p. 100 pour le matériel de transport, les machines et appareils électriques (automobiles, camions, pour lesquels la Grande-Bretagne est le premier exportateur mondial, tracteurs, avions, navires, machines-outils, gros matériel électrique, etc.) ;
12 p. 100 pour les autres produits métallurgiques (tôles étamées, profilés, câbles, fils métalliques, quincaillerie, coutellerie, etc.) ;
10 p. 100 pour des produits chimiques divers (engrais, ciment, colorants, détergents, etc.) ;
21 p. 100 pour les produits manufacturés autres que métallurgiques ou chimiques (textiles et confection, mobilier, céramique, meubles, jouets, cigarettes, etc.).

Les ventes britanniques tiennent évidemment une part décroissante dans le total des exportations mondiales, à mesure que des industries rivales plus jeunes s’imposent sur les marchés ; cette part dépassait la moitié vers 1850, atteignait 20 p. 100 en 1954, 15 p. 100 en 1962, moins de 10 p. 100 de nos jours.

Les importations de marchandises trahissent les besoins d’un pays à haut niveau de vie, peu doué en ressources naturelles.

23 p. 100 se composent de produits alimentaires. La Grande-Bretagne importe en totalité les fruits tropicaux et les infusions (thé, café, cacao) qu’elle consomme, mais aussi 90 p. 100 des graisses végétales nécessaires, ainsi que de gros tonnages de sucre, de beurre et de fromage, de céréales, de viandes, de fruits et légumes tempérés, de vins, etc.

11 p. 100 sont des produits énergétiques ; le pétrole est de loin, en poids, le premier poste aux importations (100 Mt de brut, 20 Mt de raffinés), avant le gaz naturel saharien.

15 p. 100 sont des matières premières nécessaires à l’industrie : près de 20 Mt de minerai de fer, 4 Mt de bois brut ou scié, 3 Mt de pulpe de bois, 1,5 Mt de phosphates, des quantités plus faibles de minerais non ferreux, d’amiante, de laine, de jute, de lin, de coton, etc.

Enfin, 51 p. 100 sont des produits ouvrés ou semi-ouvrés (avions, automobiles, horlogerie, articles de mode, jouets, machines de toutes sortes, produits chimiques, etc.). Même un pays développé ne saurait se passer des articles attrayants que lui proposent les industries rivales.