Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grande-Bretagne (suite)

Les produits raffinés sont expédiés vers l’intérieur par camions et wagons-citernes, par un actif cabotage (surtout à partir de Fawley et de Milford Haven) et aussi par oléoducs. L’un de ceux-ci va de Fawley à l’aéroport de Londres ; un autre, de l’estuaire de la Tamise à Stanlow, peut écouler les produits dans les deux sens et a quatre points de distribution le long de son trajet à travers les Midlands ; un troisième évacue les raffinés de Milford Haven vers le Lancashire.

La production du gaz a subi une véritable révolution depuis 1964. Jusqu’à cette date, l’essentiel du gaz (74 p. 100) était encore fourni par la distillation du charbon et la récupération du gaz de cokerie ; ces deux sources ne comptent plus que pour 15 p. 100 en 1970. Le gaz de raffinerie, issu du traitement du pétrole, donnait près du quart du total en 1964, plus de la moitié en 1967, et sa part est retombée à moins de 48 p. 100 en 1969.

• Le gaz naturel.
La grande nouveauté a été l’essor étonnant de l’utilisation du gaz naturel. Source négligeable jusqu’en 1963 (alimentée uniquement par le petit gisement de Whitby en Yorkshire), elle était d’abord renforcée par l’importation du gaz saharien, qui assure 6 p. 100 de la consommation totale. Deux navires méthaniers font chacun trente allers et retours par an entre Arzew (Algérie) et Canvey, à l’embouchure de la Tamise, où le gaz est entreposé sous forme liquide à la température de – 161 °C ; le méthane, remis à l’état gazeux, est ensuite injecté dans le réseau.

Enfin, à la fin de 1965, la compagnie British Petroleum faisait le premier sondage productif de gaz naturel dans le secteur britannique de la mer du Nord, à une profondeur de 1 400 à 1 600 m sous le niveau de la mer ; elle était ensuite imitée par d’autres compagnies britanniques et étrangères. Des cinq gisements découverts en mer du Nord au large des côtes du Norfolk, du Lincolnshire et du Yorkshire (gisements de West Sole, Viking, Indefatigable, Hewett et Leman), trois sont désormais reliés par gazoduc sous-marin aux terminaux d’Easington (Yorkshire) et de Bacton (Norfolk). Dès 1969, le gaz naturel indigène fournissait 29 p. 100 de la consommation totale de gaz (la majeure partie depuis 1971-72). Les prospections se poursuivent au large des côtes orientales de l’Angleterre et de l’Écosse. Parallèlement à ces transformations, la consommation nationale de gaz doublait pendant la décennie 1960 ; l’industrie manufacturière l’adopte de plus en plus comme source d’énergie.

Pour distribuer le gaz du Sahara et celui de la mer du Nord, il fallut mettre en place tout un réseau de gazoducs intérieurs. À partir des trois terminaux de Canvey, Bacton et Easington, les tuyaux de grosse section se dirigent vers le nord et l’ouest, et desservent la plupart des grandes agglomérations, Londres, Coventry, Birmingham, Bristol, Manchester, Sheffield, Leeds, Newcastle, Édimbourg. La souplesse d’utilisation du gaz naturel n’est pas étrangère à la crise de mévente subie par les charbonnages.


L’électricité

Des transformations du même ordre, moins spectaculaires il est vrai, caractérisent la production d’électricité, elle aussi en rapide accroissement. L’essentiel (86 p. 100 en 1969) est toujours fourni par les centrales thermiques, et celles-ci brûlent surtout du charbon. Les petites centrales urbaines disparaissent l’une après l’autre, tandis que de très grosses centrales fonctionnent à proximité des meilleurs gisements de charbon du Yorkshire et des Midlands de l’Est, en particulier le long de la Trent, qui fournit l’eau de refroidissement ; de là, des câbles à haute tension transportent l’électricité vers les grandes agglomérations des Midlands et du sud de l’Angleterre. Mais, de plus en plus, les centrales proches des raffineries utilisent des produits pétroliers lourds.

L’électricité hydraulique ne compte que pour 2 p. 100 du total. La Grande-Bretagne est certes bien arrosée, mais son relief manque de vigueur et elle n’a aucun grand fleuve. Toutes les centrales hydro-électriques, à l’exception de trois dans le nord montagneux du pays de Galles, sont en Écosse, région favorisée par ses précipitations abondantes, son relief glaciaire, ses dénivellations relativement importantes. Les usines appartiennent au type de haute chute ; toutes sont situées en contrebas d’un lac glaciaire dont la capacité a été souvent augmentée par la construction d’un barrage et des détournements de cours d’eau. La plus puissante, celle de Cruachan (puissance de 400 MW), fonctionne seulement aux heures de pointe en turbinant l’eau remontée par pompage dans le lac supérieur pendant les heures creuses de nuit.

Les centrales nucléaires ne fournissent pas moins de 12 p. 100 du total de l’électricité consommée. La première, achevée en 1956 à Calder Hall, sur la côte du Cumberland, s’adonne maintenant à la fabrication du plutonium à des fins militaires. Une « première génération » de neuf autres centrales construites entre 1962 et 1971 utilise l’uranium naturel comme source de chaleur, le graphite comme modérateur, le gaz carbonique pour le refroidissement des réacteurs. Leur puissance va de 275 MW pour la plus ancienne, Berkeley, à 1 200 MW pour la plus récente, Wylfa Head. Toutes, sauf Trawsfynydd, construite dans le Nord gallois auprès d’un lac artificiel, ont une localisation littorale qui leur permet d’utiliser l’eau de mer pour les refroidissements externes. La plupart sont dans la moitié sud du royaume, pauvre en charbon, donc en électricité thermique. Pour des raisons de sécurité, toutes ont été implantées à l’écart des agglomérations urbaines. La côte de la Manche en a une, à Dungeness ; la côte anglienne, deux, à Bradwell et Sizewell ; l’estuaire de la Severn, trois, à Hinckley Point, Oldbury et Berkeley ; le pays de Galles, deux, à Trawsfynydd et Wylfa Head ; l’Écosse, une à Hunterston.

Le gouvernement a décidé en 1967-68 d’entreprendre la construction d’une « seconde génération » de centrales, également refroidies au gaz, mais d’une technologie plus avancée qui permettra d’abaisser le coût de revient du kilowatt-heure nucléaire. Trois seront à proximité de centrales existantes : Hinckley Point B, Hunterston B, Dungeness B, et deux autres sur des sites neufs : une à proximité de l’estuaire de la Tees, l’autre en Lancashire, à Heysham.