Gouros (suite)
L’agriculture prend de plus en plus d’importance dans la production gouro. C’est une agriculture itinérante sur brûlis. Les rendements sur les sols forestiers sont supérieurs, et c’est d’ailleurs sur ceux-ci qu’ont pris les cultures commerciales (café, cacao). En ce qui concerne les cultures vivrières, la décision de planter telle ou telle variété dépend non seulement de ce qui a été planté la saison précédente, mais aussi de ce qui est planté dans les autres champs de la communauté. Le travail, organisé dans le cadre des rapports de parenté, peut prendre des formes collectives originales. Ainsi, le bo est une forme occasionnelle qui rassemble des équipes non régulièrement constituées. Il peut être familial, limité au guniwuo et aux alliés ou communal. Dans ce cas, ce sont les anciens et les aînés qui délèguent leurs cadets pour accomplir le travail. Mais cette mobilisation n’implique pas la réciproque. Une autre forme d’entraide est le klala. Ici, il y a réciprocité immédiate, et la mobilisation s’opère directement au niveau des jeunes, sans passer par la médiation des aînés. Les rapports entre l’homme et la terre sont assez limités. Il n’y a pas véritablement de chef de terre. Les fonctions du tréza sont strictement culturelles : il est en principe le descendant du premier installé qui a noué avec le sol un lien sacré. Evidemment, ces relations se sont bien transformées avec l’extension des cultures commerciales : la terre et le travail ont commencé à devenir objet de contrat. La propriété foncière et le salariat sous toutes ses formes détruisent l’organisation sociale traditionnelle. C’est cette même situation qui remet en cause le caractère ésotérique de certains mythes et de certains cultes. Il existe des cultes d’ancêtres ainsi que des cultes liés à des lieux qui se rapportent à une particularité du lignage. Enfin, les sociétés de masques organisent des grands cultes qui concernent l’ensemble de l’ethnie, malgré la multiplicité des variantes et des interprétations tribales (zamblé, gyé, yuné, etc.).
J. C.
C. Meillassoux, Anthropologie économique des Gouro de Côte-d’Ivoire (Mouton, 1964). / A. Deluz, Organisation sociale et tradition orale, les Guro de Côte-d’Ivoire (Mouton, 1970).