Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aménagement des établissements industriels (suite)

Délais de réalisation

Ils sont fonction :
— du temps nécessaire aux études ;
— des délais de livraison des appareils ;
— des incertitudes du planning prévisionnel ;
— du temps nécessaire aux essais et aux mises au point.

De plus en plus, le planning d’opérations d’aménagement importantes est établi suivant des méthodes (CPM ou critical path method, PERT ou program evaluation and review technique) expérimentées aux États-Unis et fondées sur la notion d’astreinte entre tâches, associée à la détermination du chemin critique. Il y a astreinte entre deux tâches A et B lorsque la fin de la réalisation de A permet à B de démarrer. En extrapolant, plusieurs opérations peuvent être nécessaires pour passer à une tâche déterminée, ou une opération unique peut permettre le démarrage de plusieurs autres. Les tâches comme les astreintes sont alors représentées sous forme de diagramme étoilé, ou graphe, chaque tâche étant symbolisée par un vecteur orienté dans le sens du temps et surmonté d’un chiffre indiquant la durée d’exécution prévue. Il s’ensuit des étapes (d’où le nom de diagramme des étapes parfois donné à ce type de représentation), dont l’enchaînement engendre un chemin. L’addition des temps d’étapes portés sur les différents chemins fait apparaître une durée maximale qui correspond à un chemin critique, le déroulement des opérations correspondantes conditionnant le délai final de la réalisation.

Si les tâches et les astreintes se multiplient, on préfère parfois recourir à une représentation différente, dite représentation linéaire, dans laquelle l’ensemble du réseau apparaît sous forme de lignes horizontales et verticales. À cet effet, on classe les tâches par niveau suivant les astreintes qui les lient, puis on dispose à nouveau le réseau sous forme linéaire, laquelle permet de mettre immédiatement en évidence le chemin critique ainsi que les chemins subcritiques, ou chemins dont la durée vient immédiatement derrière celle du chemin critique. Toute réduction du délai final de réalisation suppose donc un raccourcissement du chemin critique, ce raccourcissement étant capable, à son tour, d’engendrer un nouveau chemin critique et, par conséquent, de nouveaux points durs, sur lesquels on s’efforcera de peser.


Réalisation matérielle

Elle se déroule suivant un plan qui tient compte des facilités d’accès sur le site, des délais de livraison des appareils, du temps nécessaire pour le montage, les essais et les mises en service, enfin des possibilités financières. Sauf pour des réalisations très simples, le responsable du chantier doit coordonner les activités de plusieurs corps d’état, veiller sur les limites des prestations (de manière que l’ensemble de la réalisation forme un tout continu), contrôler l’exécution aux divers stades d’avancement, enfin superviser les essais et mises en service. Pour de petits chantiers, on a parfois intérêt à passer avant leur ouverture la totalité des commandes. Pour les chantiers importants, l’avancement du travail va de pair non seulement avec la passation des commandes, mais encore avec le déroulement des études. D’autre part, la conduite des travaux nécessite la décomposition préalable des commandes en trois catégories : fourniture simple, fourniture avec montage, montage simple. L’aménagement d’une usine représente une opération complexe, justifiant l’intervention de spécialistes soit à un stade particulier, soit pour la réalisation de l’ensemble du projet : livraison d’une usine clés en main.


Engagements financiers

Une méthode d’évaluation précise consiste à partir du schéma de procédé, afin d’y repérer les principaux appareils, puis à chiffrer leur coût (fourniture simple) avec précision. Ce chiffre est évidemment à préciser au fur et à mesure qu’évoluent les études ; il reste lié d’autre part au tracé du schéma, avec les indications numériques qui y sont portées.

A. O.

 H. F. Rase et M. H. Barrow, Project Engineering of Process Plants (New York, 1957). / A. Périer, Entretien et constructions en usine, t. Ier : l’Organisation du service (Entreprise moderne d’édition, 1959). / R. Clements et D. Parkes, Manual of Maintenance Engineering (Londres, 1963). / R. Muther, Systematic Layout Planning (Boston, 1963 ; trad. fr. l’Implantation rationnelle de votre entreprise, Éd. d’organisation, 1966). / Federal Electric Corporation, A Programmed Introduction to PERT : Program, Evaluation and Review Technique (New York, 1963 ; trad. fr. la Méthode PERT, Entreprise moderne d’édition, 1964). / R. Allusson, l’Implantation des usines (Entreprise moderne d’édition, 1965). / A. Ogus, Construction et aménagement des usines (Entreprise moderne d’édition, 1967).

aménagement du territoire

Ensemble des mesures concertées qui règlent l’utilisation de l’espace et son équipement de manière à assurer le plein épanouissement des individus, à faciliter la vie sociale en minimisant les frictions qui résultent de la distance ou du rapprochement d’activités antinomiques et à éviter les perturbations de l’équilibre naturel, dont la destruction serait, immédiatement ou à terme, nuisible à la collectivité.


L’idée que l’intervention de la puissance publique est nécessaire si l’on veut une utilisation harmonieuse de l’espace est récente, et l’expression qui recouvre toutes les actions menées en ce sens l’est plus encore. On a un temps parlé de planification physique, de planification régionale, de géonomie, de géographie volontaire. Le vocabulaire s’est fixé dans le courant des années 1950. On ne parle plus guère de géographie volontaire et surtout de géonomie. La planification physique et la planification régionale désignent des aspects particuliers des politiques d’aménagement.

La définition peut sembler exagérément restrictive car, enfin, les groupes humains, même les plus archaïques, marquent le paysage de leur empreinte ; ils aménagent l’espace sans que l’on puisse toujours parler chez eux de mesures concertées à finalité clairement exprimée. Les sociétés ont, de tout temps, façonné à leur convenance le milieu proche ou lointain, mais, jusqu’à une date récente, elles l’ont fait comme M. Jourdain faisait de la prose, naturellement et sans s’en rendre compte. Depuis un demi-siècle, on a pris conscience des tensions qui naissent d’initiatives individuelles et peuvent se révéler néfastes à certains groupes ou à tout le corps social.