Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aménagement des établissements industriels (suite)

Désignation de l’emplacement

Deux cas sont à considérer, suivant qu’il s’agit ou non d’une nouvelle usine.


Usine nouvelle

Les conditions entrant en ligne de compte sont les suivantes :
— disposition d’une superficie suffisante, d’un profil convenable et judicieusement situé (accès, nature du sol, conditions climatiques, risques de séismes, etc.) ;
— existence d’une main-d’œuvre locale, ou possibilité d’en importer ;
— facilité d’approvisionnement des produits indispensables aux fabrications, énergie comprise ;
— possibilité d’évacuation des déchets ;
— absence d’obstacles administratifs.

L’emplacement envisagé doit présenter la superficie requise dans l’immédiat et offrir des possibilités d’extension. Il faut aussi que le sol supporte les constructions envisagées et que ces dernières, avec les installations qu’elles renferment, ne soient pas mises en péril par des séismes. Le régime des vents dominants est souvent important ; il détermine en effet les directions privilégiées de l’évacuation des fumées et des aérosols, qui, en l’absence de vent, restent suspendus dans l’atmosphère, ainsi que la propagation probable des foyers d’incendie. Les problèmes posés par la main-d’œuvre sont souvent complexes. En zone urbaine, ce ne sont pas forcément les éléments souhaités qui se présentent à l’embauche ; en milieu rural, les candidats se persuadent un peu facilement que la nouvelle usine leur procurera les avantages que la terre leur refuse. Quant à la main-d’œuvre importée, il faut, la plupart du temps, l’attirer par des avantages matériels (salaires, logements, organisation des loisirs, etc.), lesquels constituent chaque fois des précédents.

Les personnes physiques, comme les marchandises, doivent pouvoir entrer et sortir du site quelles que soient l’heure et l’époque de l’année, surtout en cas d’incident ; d’où un aménagement convenable des abords et l’existence éventuelle d’itinéraires de secours. En ce qui concerne les marchandises, trois solutions sont possibles a priori : la route, la voie navigable, la voie ferrée.

Une route est définie industriellement par le tonnage transporté par unité de temps (en principe en tonnes par heure), avec, pour limitation, la charge maximale admissible par essieu, et par le gabarit imposé par les ouvrages d’art. La voie navigable est avantageuse pour le transport des marchandises lourdes et non périssables, avec, en contrepartie, des sujétions non négligeables (risque de gel prolongé, nécessité de l’aménagement des berges, etc.). L’embranchement ferroviaire constitue presque toujours un élément favorable, mais il ne peut guère être envisagé que si la voie ferrée est suffisamment proche.

Les possibilités d’alimentation en eau et en électricité représentent également des facteurs essentiels dans le choix d’un site, étant donné que toute entreprise se trouve légalement tenue de distribuer de l’eau potable, que de nombreuses installations utilisent de l’eau comme matière première ou comme fluide de refroidissement et que, de toutes les sources d’énergie connues, l’électricité est la plus facile à utiliser industriellement. Si l’eau de rivière ou de canal est la moins onéreuse, elle se trouve souvent chargée en algues, en limons et en effluents divers, ce qui entraîne des traitements plus ou moins poussés (filtration, décantation, chloration, etc.). La nappe phréatique offre une eau moins chargée, mais son débit est souvent limité, surtout s’il existe des cultures dans les alentours, ce qui conduit à l’utiliser plutôt comme source d’eau potable ou, à la rigueur, en appoint. L’eau de ville a l’avantage de présenter une qualité à peu près constante, mais sa distribution n’est jamais gratuite, avec des risques de coupures plus ou moins importants.

Quant à l’électricité, elle est généralement fournie sous forme de courant à haute tension, qu’il convient d’abaisser dans des postes de transformation. Une distribution fiable implique d’autre part la présence de deux lignes d’alimentation à haute tension indépendantes, condition rarement réalisée ; d’où la mise en place fréquente de groupes électrogènes de secours. D’autre part, la présence d’une usine se traduit par des déchets et souvent par des nuisances. C’est pourquoi sa création et ses extensions ultérieures sont soumises en France, comme dans de nombreux pays, à une autorisation gouvernementale.


Extension d’une usine existante

Une définition rigoureuse implique la présence d’une unité d’origine, puis l’adjonction sur celle-ci d’un ou de plusieurs appendices. Cette définition est presque toujours interprétée plus largement, car on désigne aussi sous le terme d’extensions les aires réservées sur le plan-masse pour de nouvelles unités de production. Toute extension nécessite une surface donnée, et il convient de ne pas la créer à l’aide de démolitions préalables. La tendance actuelle consiste à ménager sur le plan-masse des aires d’extension en donnant aux bâtiments des contours en U ou en T. D’autre part, la mise en place d’une nouvelle unité implique la naissance de besoins supplémentaires, notamment en eau et en électricité. On s’efforce donc, de plus en plus, d’étudier l’aménagement d’un établissement industriel en tenant compte des extensions prévisibles. Les unités auxiliaires se trouvent alors déterminées dès l’origine en fonction de ces extensions.


Programme d’études et de réalisation

Sa mise en œuvre implique :
— la désignation d’un maître d’œuvre chargé de diriger l’ensemble du programme et de coordonner son déroulement ;
— le recensement des corps d état et spécialistes appelés à participer à la réalisation ;
— la définition des études à mener de front, parfois appelée découpage des études ;
— l’enchaînement et la coordination de ces dernières.

Dans un premier stade, le maître d’œuvre établit la liste des études à mener de front et donne les directives particulières aux responsables. En ce qui concerne les équipements de fabrication, le processus consiste à transformer les schémas de procédés en schémas d installation générale, représentant les appareils dans leur position réelle, tandis que chaque tuyauterie ou liaison entre appareils fait l’objet d’un repérage particulier. Si les aménagements simples sont souvent exécutés directement à partir des schémas en question, dans les cas plus complexes on établit des plans d’installation générale qui donnent une image fidèle de l’unité envisagée et permettent d’affecter avec précision les volumes (zones) réservés aux diverses tranches d’études. Les plans d’installation de l’équipement de base sont complétés, le cas échéant, par ceux qui résultent des études particulières (plans de génie civil, d’appareils, schémas électriques, etc.) ainsi que par des documents d’inventaire, telles les nomenclatures et listes d’appareils.

Pour les réalisations complexes, la coordination d’ensemble est facilitée par la tenue à jour de feuilles d’opérations, qui constituent un véritable journal de bord des études, en permettant parallèlement de s’assurer que tout a été prévu, puis, ultérieurement, de contrôler l’exactitude des prévisions successives de prix et de délais.