Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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galle ou cécidie (suite)

On peut classer les cécidies en trois grands groupes, selon que les organes végétaux lésés restent bien reconnaissables malgré leur croissance anormale (« balais de sorcières »), que les masses tissulaires néo-formées ont encore une structure organisée, mais qui ne ressemble à aucun organe de la plante hôte (galle du Chêne), ou enfin que ces structures n’ont plus une différenciation bien définie (tumeurs, cals, hernies, crown-gall).

Certains parasites sont strictement inféodés à une espèce (monophage), d’autres adaptés à plusieurs (polyphages).


Zoocécidies

Les zoocécidies, provoquées par des Nématodes, des Acariens et surtout des Insectes (Coléoptères, Lépidoptères, Hémiptères, Diptères et principalement Hyménoptères, notamment ceux de la famille des Cynips), sont très fréquentes et appartiennent ordinairement aux deux premiers groupes.

Ainsi certains Joncs, parasités par Livia juncorum (Hémiptères), voient les gaines de leurs feuilles se développer considérablement, alors que les limbes sont au contraire fort réduits. Les balais de sorcières ont aussi comme origine des piqûres d’Insectes ; ils sont formés par la croissance anormale de nombreux bourgeons très rapprochés les uns des autres et qui donnent de multiples petits rameaux. Certains Champignons (Taphrina cerasi) du grand groupe des Ascomycètes produisent des déformations analogues sur le Cerisier : le bourgeon infecté donne de nombreuses ramifications. Ces balais de sorcières peuvent durer plusieurs années ; ils sont feuillus avant le reste de l’arbre mais ne fleurissent jamais ; on les rencontre aussi sur les Pruniers, les Prunelliers, les Bouleaux.

Mais les cécidies les plus connues sont les masses de tissus constituant par exemple la « galle du Chêne », le « bédégar » sur les Rosiers sauvages : elles sont provoquées par la piqûre d’un Insecte et le dépôt d’un ou plusieurs œufs dans les tissus de la plante hôte. Ces galles peuvent se produire sur tous les organes végétaux, tant aériens que souterrains, végétatifs que reproducteurs. De formes très variées (leur morphologie peut parfois rappeler un fruit : une petite pomme pour les galles de Cynips sur le Chêne), ces galles sont parfaitement caractérisées par leur forme, leur couleur et leur structure. Dans certaines, on trouve des parenchymes très riches en tanins qui permettent leur conservation pendant l’hiver en attendant que toutes les mues de l’Insecte aient été accomplies et que ce dernier puisse sortir, lui-même, en perforant les cellules sclérifiées qui forment une sorte de noyau. Ces galles contiennent en outre de nombreuses substances de réserve telles que l’amidon, des sucres, des composés azotés solubles, des acides organiques et des colorants anthocyaniques qui leur donnent souvent des teintes très vives.

La croissance anormale de ces tissus et leur évolution sont en relation directe avec la ponte de l’Insecte, puis avec le développement de la larve jusqu’à la métamorphose finale : il y a à la fois action de l’Insecte et réaction spécifique de la plante ; ces influences conduisent ensemble à l’élaboration de la galle, typique de la plante hôte et de l’Insecte parasite, car avec d’autres espèces il ne se produirait pas la même galle, et même parfois aucune réaction.


Mycocécidies

Les galles indifférenciées (tumeurs, cals) sont le plus souvent produites par des Champignons, des Bactéries ou des Virus. Les mycocécidies peuvent se présenter sous de nombreuses formes ; ainsi, la « hernie du Chou » est une tumeur provoquée par un Phycomycète (Plasmodiophora brassicæ) qui se développe sur les racines du Chou et de quelques autres Crucifères (Navets) ; les racines, minces à l’origine, prennent l’aspect de petits radis et pourrissent rapidement, entraînant le dépérissement et la mort de la plante. D’autres galles se produisent sur les feuilles de Pêcher ; elles sont provoquées par un Champignon Ascomycète de la famille des Exoascées, le Taphrina deformans ; les feuilles sont boursouflées, « cloquées », certaines déformations pouvant se produire même sur les rameaux. D’autres « cloques », provoquées par des espèces différentes de Taphrina, peuvent également infester le Peuplier (cloque jaune d’or), l’Orme, l’Aulne, le Bouleau... La « pochette du Prunier » est aussi une galle : elle se produit sur les fruits ; ceux-ci s’allongent alors anormalement, sont ridés et ressemblent à des Cornichons (Prunes cornichonnées) ; c’est une maladie que l’on rencontre parfois dans la région d’Agen.


Bactériocécidies

Les cécidies (tumeurs) provoquées par des Bactéries peuvent être dues à Agrobacterium tumefaciens (appelé autrefois Bacillus tumefaciens). Les cellules de ces néo-formations (crown-gall) ont perdu la possibilité de se différencier, mais gardent cependant une importante activité physiologique ; il y a prolifération désordonnée de cellules (hyperplasie) et aussi augmentation de leur taille (hypertrophie). Ces tumeurs, qui peuvent se produire sur de très nombreuses espèces végétales, ont des analogies avec les cancers animaux. Leur processus de développement est assez différent de celui des autres galles, car l’action unique du parasite n’est pas seule en cause ; à côté de l’« effet de blessure » et de la présence de substances non encore parfaitement définies, provenant des Bactéries (probablement une grosse molécule protéique de désoxyribonucléoprotéine), on constate l’existence de l’auxine (A. I. A.), en abondance dans les tissus parasités ; elle permettrait aux cellules ainsi touchées de proliférer et de former des cancers végétaux.

J.-M. T. et F. T.

 C. Houard, les Zoocécidies des plantes d’Europe et du bassin de la Méditerranée (Hermann, 1908-09 ; 2 vol.). / G. Viennot-Bourgin, les Champignons parasites des plantes cultivées (Masson, 1949 ; 2 vol.) ; Champignons, Bactéries, Virus nuisibles aux arbres fruitiers (C. D. U., 1961). / L. Bonnemaison, les Ennemis animaux des plantes cultivées et des forêts (Éd. Sep, 1961-1963 ; 3 vol.). / P. Manigault, Transformations tumorales (Masson, 1968).