Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fuel-oil (suite)

Importance économique du fuel-oil

Aux États-Unis, le fuel reste très concurrencé par le charbon et surtout par le gaz naturel, et il est nécessaire d’en transformer une grande partie en carburants par craquage. En Europe occidentale et au Japon, près de 60 p. 100 du pétrole est utilisé sous forme de combustibles liquides. Les fuel-oils représentent environ la moitié de la consommation mondiale des produits pétroliers.

A.-H. S.

➙ Cracking / Distillation / Gas-oil / Hydrogénation / Pétrochimie / Pétrole / Raffinage / Reforming / Steam cracking.

Fugger (les)

Famille de banquiers allemands.


Venant de Graben, en Souabe bavaroise, le premier Fugger connu, Johannes, s’installe en 1367 à Augsbourg comme tisserand ; son fils Jakob Ier dirige plus tard la corporation des tisserands qui participe depuis 1368 au gouvernement de la ville. Dès la fin du xive s., les Fugger s’adonnent au trafic des épices, des soieries et des draps, mais, très tôt, leur famille se divise en deux branches.

La première, celle de Fugger vom Reh (« Fugger du chevreuil »), est fondée par Andreas (mort en 1457), le plus riche des fils de Johannes. De son mariage avec une riche patricienne, qui facilite son anoblissement en 1452, naissent plusieurs fils, qui commercent aux Pays-Bas, à Leipzig, au Danemark même. Mais des prêts imprudents entraînent leur ruine, et, après la mort du dernier d’entre eux, Lukas, leurs descendants redeviennent artisans ou doivent se mettre en tant que commis au service de leurs cousins plus heureux, les Fugger von der Lilie (« Fugger du lis »). Fondée par un frère d’Andreas, Jakob Ier Fugger « le Vieux », cette seconde branche de la famille éclipse rapidement la première. Ayant cautionné en 1444 les dettes de son beau-père, le maître des monnaies d’Augsbourg, Bäsinger, qui devient alors maître des monnaies à Hall, Jakob Ier s’intéresse à l’exportation des richesses minières de ce district du Tyrol. Mais, après sa mort en 1469 et celle de ses fils Peter en 1473 et Markus en 1478, la direction de l’entreprise familiale est reprise par le cadet Jakob « le Riche » (1459-1525), qui renonce à l’Église. Envoyé à Venise pour faire l’apprentissage de son nouveau métier de marchand au Fondaco dei Tedeschi, où ses frères aînés Ulrich et Georg possèdent un dépôt, Jakob y séjourne de 1478 à 1480 ; il est bientôt associé en indivis à leurs entreprises.

Respecté jusqu’à la fin de la guerre de la ligue de Smalkalde en 1547, ce système explique que Jakob se soit associé à ses quatre neveux Hieronymus, Ulrich, Raymund et Anton après la disparition de leurs pères Georg en 1506 et Ulrich en 1510. Aussi sa maison prend-elle désormais la raison sociale de « Jakob Fugger et ses neveux », dont l’étonnante fortune est due en partie à ses relations d’affaires avec les Habsbourg. Satisfait de l’équipement de sa suite en drap de vives couleurs, conforme à un contrat conclu dès 1473 par Ulrich (Ier), l’empereur Frédéric III confère comme armes à ce dernier et à sa descendance des lis à ses couleurs. Plus déterminante pour l’essor de cette maison est la décision prise en 1487 par Jakob II de renoncer au commerce des épices et des tissus de laine et de soie pour se consacrer à l’exploitation des mines d’argent du Tyrol, qu’il reçoit en gage du grand-duc Sigismond en échange d’une avance de 23 677 florins. Les Fugger étendent leur contrôle dès 1488 aux mines de Schwaz, dont le revenu en argent leur est attribué en échange d’un autre prêt de 150 000 florins et dont l’exploitation mobilise sans doute 20 000 travailleurs en 1536. Ils s’intéressent en même temps à celle des mines de cuivre de Neusohl (auj. Banská Bystrica), en Slovaquie centrale, grâce aux alliances matrimoniales qu’ils contractent avec la puissante famille polonaise des Thurzó, auxquels Mathias Hunyadi a accordé d’importantes concessions minières contre versement d’un droit de 4 florins par mark d’argent extrait. Maîtres de la production du cuivre, ils s’assurent également le monopole de sa commercialisation d’une part en Méditerranée — où ils fondent, en collaboration avec d’autres maisons d’Augsbourg, un puissant consortium à Venise en 1498-99 —, d’autre part dans l’espace Baltique-mer du Nord, où ils le font affluer dès 1494 à Anvers ou à Dantzig.

Une tradition est créée. L’accès de l’impécunieux Maximilien d’Autriche au gouvernement du Tyrol en 1490, puis à celui de l’Empire en 1493 la renforcent. Devenus les banquiers du souverain, qui ne peut mener d’expéditions en Italie (1496 et 1508-1517) et contre les Suisses (1499) sans leur secours financier, les Fugger s’approprient le contrat exclusif de l’exploitation des mines de cuivre (entre 1495 et 1548) et d’argent des Habsbourg (dissolution du syndicat du cuivre à leur profit en 1499). Puis, en gages de prêts importants, ils se font remettre des biens de la Couronne (comté de Kirchberg et seigneurie de Weissenhorn en 1507), la ferme du sel à Hall, en Tyrol (1508), etc.

Ils disposent de comptoirs installés à Anvers, à Rome, à Venise, etc., et s’associent dès 1505 à des Allemands et à des Italiens pour ajouter au trafic des métaux celui du poivre, que leur facteur à Lisbonne réexpédie régulièrement vers Anvers. Ils réalisent ainsi entre 1511 et 1527 des bénéfices mensuels moyens de l’ordre de 54 p. 100, et tirent l’essentiel de leur fortune des opérations financières qu’ils font pour le compte des Habsbourg ou de l’Église contre un intérêt annuel modeste de 10 % environ : remise à Maximilien, en 1515, de l’indemnité de 100 000 florins accordés par les Pays-Bas pour prix de l’émancipation du futur Charles Quint ; transmission à l’empereur des subsides anglais ; prêts à la cour des Pays-Bas de 27 000 livres flamandes en 1516 ; avance de 38 000 livres aux garnisons de Frise en 1518 ; prêt à Albert de Brandebourg de 21 000 ducats en 1514 pour assurer son élection à l’archevêché de Mayence ; gestion et contrôle de la caisse des Indulgences* ; enfin et surtout, versement de 543 000 florins rhénans aux Électeurs allemands en lettres de change payables après l’élection à l’Empire de Charles Quint, qui l’emporte sur François Ier, bien que ce dernier ait offert de payer en numéraire les voix princières ! Décisive, cette intervention permet à Jakob II le Riche d’adresser en 1523 un sévère rappel à l’ordre au souverain pour non-remboursement de ses dettes : « Il est connu [...], affirme en effet le financier, que sans mon aide Votre Majesté impériale n’aurait jamais pu obtenir la couronne romaine [...]. » Aussi, en 1525, se fait-il attribuer pour trois ans le bail, presque constamment renouvelé jusqu’en 1634, des « maestrazgos », c’est-à-dire des revenus des trois ordres de chevalerie dont le roi d’Espagne est le grand maître (Santiago, Calatrava et Alcántara), puis celui des mines de mercure d’Almadén et d’argent de Guadalcanal en Espagne. En même temps, les Fugger accaparent à Naples, dès 1524-25, la perception d’importants revenus en échange des prêts considérables consentis au frère de l’Empereur, Ferdinand, chargé de réprimer des soulèvements paysans et de mener la guerre contre les Turcs.