francophones (littératures) (suite)
Georges Schéhadé
(Beyrouth 1910). Il a débuté par des poèmes. L’humour de ses premières œuvres théâtrales, Monsieur Bobb’le (1951), la Soirée des proverbes (1954), se voulait irrationnel et provocant. Mais, comme celui d’Ionesco, il a très vite recouvert des préoccupations plus profondes : l’Histoire de Vasco (1956) parodie la guerre et le militarisme, les Violettes (1960) dénoncent l’angoisse de l’ère atomique.
Littérature francophone d’Indochine
La présence française en Indochine a duré assez longtemps pour donner naissance à une littérature. Tandis que la langue vietnamienne, cessant de s’écrire en idéogrammes, abandonnait ainsi l’imitation servile des classiques chinois pour devenir à la fois plus populaire et plus ouverte, des écrivains tentaient en français d’exprimer le débat de l’Orient et de l’Occident. Pham Quynh (1892-1945), au Viêt-nam, publia en 1938 le premier volume de ses Essais franco-annamites ; au Cambodge, l’Eurasienne Makhali Phal (de son vrai nom Pierrette Guesde) donnait en 1940 son premier roman, la Favorite de dix ans, qui décrivait le cheminement d’une âme d’enfant entre le brahmanisme, le bouddhisme et le christianisme, et sa déception devant l’indifférence religieuse du monde occidental. Il n’y a pas toutefois d’école proprement dite : des romanciers, Tran Van Tung, Nguyen Tien Lang, le Cambodgien Pierre Loch Mach trouveront une ample matière dans les bouleversements de leur pays ; le plus abondant, Pham Van Ky, généralisera, en choisissant son sujet dans l’occidentalisation du Japon (Perdre la demeure, 1961). Mais la plupart vivent et publient en France. La guerre, qui du Viêt-nam a gagné progressivement toute l’Indochine, ne favorise guère l’activité littéraire. Nul ne saurait conjecturer quand et sous quelle forme elle reprendra, ni quelles chances il peut subsister d’une production en notre langue.
A. V.
E. Larocque Tinker, les Écrits de langue française en Louisiane au xixe siècle (Champion, 1932). / L. G. Damas, Poètes d’expression française (Éd. du Seuil, 1947). / L. S. Senghor, Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache (P. U. F., 1948). / A. Viatte, Histoire littéraire de l’Amérique française (P. U. F., 1954) ; la Francophonie (Larousse, 1969) ; Anthologie littéraire de l’Amérique francophone (Nizet, 1972). / J. Moscatelli, Poètes en Égypte (Le Caire, 1955). / C. De Rauville, Anthologie de l’océan Indien (Tananarive, 1955). / G. Gouraige, Histoire de la littérature haïtienne (Port-au-Prince, 1960). / P. Pompilus et les frères de l’Instruction chrétienne, Manuel illustré d’histoire de la littérature haïtienne (Port-au-Prince, 1961). / S. Abou, le Bilinguisme arabe-français au Liban (P. U.F., 1962). / L. Kesteloot, Écrivains noirs de langue française : naissance d’une littérature (Institut de sociologie, Bruxelles, 1962 ; nouv. éd., 1965) ; Anthropologie négro-africaine (Gérard, Verviers, 1967). / R. Cornevin, le Théâtre en Afrique noire et à Madagascar (le Livre africain, 1970).